5 | Le hibou

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À vrai dire, Rachel n'avait plus confiance en ses propres souvenirs

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À vrai dire, Rachel n'avait plus confiance en ses propres souvenirs. Elle se souvenait vaguement de la présence de Clément dans cette pièce... Du son de cette voix dans sa tête qui lui enjoignait de se pendre. Elle s'était horrifiée de trouver la corde dans sa main. Rachel fouillait dans ses souvenirs à la dissonance tortueuse. En vain ! Elle trouvait seulement le chaos immuable.

Comme la machine à rempotage de l'entreprise familiale qui s'enraillait, car deux plaques de 610 trous s'étaient engagées en même temps sur le tapis roulant... La miko Miwa qui la marquait comme du bétail... Le nomikai que le Groupe Sakamoto avait organisé, ce cadre supérieur qui lui parlait du Mont Saint-Michel en Normandie... Cette mignonne seconde incisive supérieure droite qui se cachait derrière une canine désaxée... Le premier ryūketsu dont elle avait croisé la route à Ureshino après la chute de Fort Worley. Son buste avait été tranché net jusqu'à la colonne vertébrale. Une partie de son corps ployait sur le côté sous le poids de la tête... Elle cherchait le stagiaire Clovis dans les serres en cours de rénovation. Où était-il encore passé ? Sa bouteille d'eau et son téléphone professionnel étaient à proximité des toilettes. Son père l'avertissait par téléphone de l'arrivée des Japonais alors qu'elle jetait un coup d'œil dehors. Les palettes de terreaux trônaient non loin de la serre de semis, la D347 longeait l'entreprise familiale dont le grillage avait été enfoncé par une voiture incendiée... Onojima la regardait d'une façon inhabituelle, avec le regard d'un homme qui éprouvait du désir pour une femme...

Rachel allait défaillir, elle ne pouvait pas avoir confiance en ses souvenirs. Elle ferma les yeux pour rassembler son esprit et le ramener au présent. Le malaise s'accentuait de plus en plus. Peu importe ! Elle devait convaincre Noritaka de sa bonne foi.

Pour réfuter les allégations d'Ayako, Rachel secoua la tête avec énergie. Sans relever le commentaire de son ex-femme, Noritaka reporta toute son attention sur Fuuka qui incriminait Ayako. « Quand je suis arrivée dans la chambre, tu étais dans le couloir. Tu es restée planter là au lieu de la secourir.

— Ayako-san ? C'est vrai ? » s'indigna Noritaka, les sourcils froncés.

L'ex-femme de Noritaka demeura silencieuse pendant un bref moment. « Je la croyais morte », prétendit-elle.

L'adolescente n'en démordait pas. « Raconte ça à d'autres, s'emporta Fuuka. Depuis ton retour, tu te plains tout le temps de Reicheru-san.

—Je me moque de cette gaijin, s'énerva Ayako.

— Tu lui as forcément dit quelque chose », insista Fuuka pendant que sa mère tentait de la calmer. Mais l'adolescente se retourna contre Asami. « Arrête de la défendre. Je suis sûre qu'elle lui a dit quelque chose. Aoyama-san nous a parlé d'un stress post-traumatique différé très sévère qui altère sa mémoire. Cette garce est vicieuse et manipulatrice... »

A bout de patience, Noritaka poussa un cri tonitruant pour les faire taire. Effrayée, Rachel sursauta de terreur. Elle n'arrivait plus à se concentrer ni à comprendre ce qu'il se passait autour d'elle. Tout d'un coup, la compréhension du japonais lui échappait totalement. Enfin, il prit une profonde inspiration, essayant de se maîtriser. « Deteike », dit-il en japonais.

All Undead | Momento MoriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant