Chapitre 1 - Luxe Macabre

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[Réécrit, non corrigé]

Dans la magnifique salle de réception, apprêtée exclusivement pour ce jour, des chandeliers tout en reliefs et en dorures illuminaient les sourires joyeux et festoyant des convives.

Des conversations par centaines, des airs niais plaqués sur des figures si sérieuses à l'accoutumée, des odeurs appétissantes et des mets alléchants à profusion, c'était ainsi que la famille royale avait imaginé ce rassemblement. Le résultat dépassait leurs attentes. C'était sublime. Enfin, sublime est un bel euphémisme !

Les invités étaient ravis, les coupes de champagnes se remplissaient et se vidaient. Le vin aussi semblait plaire au public; les effluves de la boisson étaient détectables à toutes les tables, au grand dégoût des plus jeunes.

Partout où l'on tournait la tête, on pouvait voir des domestiques apporter avec difficulté, mais aussi avec fierté, les lourds et délicieux plats proposés au menu par les cuisiniers royaux sur les longues tables de chêne. On pouvait aussi remarquer le nombre ahurissant d'assiettes vides se baladant d'un bout à l'autre de la salle.

Les bourgeois discutaient tous ensemble, peu importe leur rang. C'était une situation rare et donc une opportunité de se faire des contacts et de nouer des liens inespérés. Certains cercles restaient un peu plus clos, comme celui de la famille royale, qui dinait sur une table à part avec les intimes.

La plupart du temps, les cadets du groupe comméraient et échangeaient les dernières nouvelles de la cour. Cette nuit-là, ils avaient choisi de se restreindre un peu; leurs parents avaient répondu présent à l'appel.

Vous l'aurez peut-être compris, c'était la dernière génération de la famille Basileus, la famille royale, qui organisait les réjouissances de la soirée.

Les jeunes Basileus étaient très doués pour cela. Ils disposaient de plusieurs atouts précieux, qui rendaient leurs réceptions grandioses et immanquables pour n'importe qui.

La première carte de leur jeu était leur immense château, dans lequel ils habitaient entre frères et sœurs.

Ce palais était si vaste et monumental qu'on aurait pu y faire loger trois théâtres. En outre, il était déjà splendide sans aucun ornement, avec ses nombreuses statues sculptées délicatement sur la pierre blanche, ses fontaines majestueuses qui bordaient l'arrière-cour et qui, on-ne-sait-comment, faisaient valser les jets d'eau et offrait un magnifique spectacle à quiconque y laissait glisser le regard. Ainsi qu'avec sa superbe architecture, ses toits en dôme dorés, l'édifice avait déjà tout pour lui. Alors, il fallait le voir décoré de bas en haut, de long en large, de magnifiques bouquets de fleurs fraiches et meublé divinement. C'était incroyable.

Leur second avantage principal, était la possession des terres qui jouxtaient leur immense demeure.

Ces terres-ci couvraient plus que nécessaire les besoins alimentaires du château et de ses résidents. Le trop-plein d'ingrédients permettait en effet à la fratrie d'organiser souvent des évènements dînatoires. Grâce à eux et à ces sols fertiles, la population ne manquait jamais de rien et adorait les jeunes en partie Basileus pour cette raison. Et, soyons honnêtes, la nourriture rapproche les gens.

On racontait qu'une fois, alors que le pays était en guerre contre une contrée voisine, les Basileus avaient eu vent d'une famine terrible du côté de leurs opposants. Quelque chose d'affreux ; si les familles avaient un peu de chance, ils avaient tout juste un croûton de pain pour la journée, pour quatre. Le bilan des décès était terrible, abominable, inimaginable. La famille royale, bien qu'un peu embêtée par cette bataille faisant rage sur leurs frontières à l'ouest, décidèrent contre toute attente d'envoyer quelque cinq tonnes de nourriture et d'ingrédients aux affamés. La confrontation avait cessé le lendemain même, et les deux royaumes étaient dès lors très proches.

Les Héritiers de Feu - 1. Liés par le sang  [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant