- Oui, c'est d'accord, déclara Korè.
En effet, le groupe était réuni autour de la table en bois de la salle à manger de l'hôte.
- C'est sérieux ? demanda Maximus avec enthousiasme. Tu vas vraiment nous aider ?
- Eh bien oui, dit-elle en rigolant nerveusement. Au début, j'hésitais un peu, je ne savais pas si je pouvais vous faire confiance, mais tu as su me convaincre.
Astós la regarda avec des yeux pleins d'espoir.
- Mais tu ne la connais même pas, elle ne fait pas vraiment partie de ta famille. Es-tu consciente de ce que ton accord implique ? demanda Palaïós.
- Oui, je connais les risques, vous m'avez tout expliqué. Je sais que ça va être compliqué mentalement et physiquement, mais je vois bien que ça vous tient tous à cœur, alors je vais vous aider.
- Merci infiniment Korè. C'est vrai que c'est vraiment important pour nous, confessa Astós. Et... (Il hésita en se tournant vers le mari qui affichait une mine impassible.) Nous vous remercions aussi de nous la confier, je vous promets de vous la ramener en un seul morceau.
L'intéressé soupira.
- De toute façon, quand elle a une idée en tête, il ne faut même pas imaginer pouvoir l'en dissuader, déclara-t-il. Et concernant ta petite promesse, tu as intérêt à la tenir, sinon je viendrais t'arracher les dents une par une et t'écorcher vif, et...
- Du calme chéri, s'empressa de le couper Korè. Ne t'en fais pas, nous ferons attention.
Il bougonna, on voyait qu'il l'aimait vraiment.
- Ou sinon vous pouvez venir avec nous si vous le voulez, dit Sklerótes doucement.
Tout le monde releva la tête vers elle et elle reprit.
- Je sais très bien ce que ça fait de s'inquiéter pour ceux qu'on aime, alors si vous le désirez, accompagnez-nous.
Il soupira de nouveau.
- Non, je suis navré, mais je ne serai qu'une gêne dans votre quête, et de plus, il faut que quelqu'un reste ici protéger la maison et le village. Je vais vous faire confiance sur ce coup-là.
Plus personne ne dit rien pendant une longue minute. Palaïós toussota et décida de prendre la parole.
- Dans ce cas, préparez vos affaires, nous partons au coucher du soleil. (Il regarda le ciel à travers la fenêtre.) Vous avez environ une heure, ménagez-vous.
Ce laps de temps passa relativement vite. Korè emporta un gros sac de voyage avec elle. Les Héritiers se mirent en route, derrière eux, Nethe ravalait ses larmes.
Sklerótes, fatiguée de sa forme de jeune humaine reprit son apparence de monstresse. Elle n'avait même pas attendu de quitter le village. Malheureusement pour lui, un homme septuagénaire très agressif s'approcha d'elle avec une masse. Il se fraya un chemin parmi le groupe et frappa Sklerótes. Elle l'esquiva avec une telle facilité que même Palaïós en fut étonné. L'homme s'étala de tout son long au sol. La Dnophos se jeta immédiatement sur lui et le dévora sous les yeux de ses camarades.
Korè retint un petit cri, Maximus recula d'un pas et la gorge d'Astós se noua. Palaïós ne bougea pas d'un pouce, contemplant le massacre. Il pouvait faire peur ce sorcier parfois.
La Dnophos essuya sa bouche dégoulinante de sang avec son avant-bras avant de se lécher les babines.
- Désolée, j'avais vraiment faim et il m'avait énervée.
- Euh, ne t'en fais pas... dit Astós en s'empêchant de vomir.
- On va quand même l'enterrer, déclara Palaïós, impassible.
Tout le monde hocha la tête en accord.
Une fois le travail terminé ils se remirent en route sans un mot. Ils marchèrent tous très longtemps, à la recherche d'un dernier Héritier à rallier à leur cause. Malheureusement, plusieurs fois d'affilée, ils essuyèrent des refus, des annonces de décès. Ils finirent par abandonner.
Sklerótes déroula de nouveau la carte du pays et Palaïós désigna le palais des Basileus.
- Le palais ? demanda Astós avec tension.
- Oui, j'aurai préféré éviter d'en arriver là, mais comme vous n'êtes que quatre à être dotés de pouvoir, nous allons avoir besoin d'énergie en plus. J'ai bien entendu prévu de vous aider, mais peut-être ton frère pourrait-il nous aider d'une façon ou d'un autre, maintenant qu'il est roi.
- Tu veux dire que quatre Héritiers et un sorcier ne suffisent pas ? s'exclama Korè.
- Non.
- Et tu crois vraiment que mon frère acceptera de nous aider ? s'indigna Astós. Après ce que tu lui as fait subir, ce que tu nous as fait subir ? Tu lui as tout enlevé, toute sa famille. Il est tout seul désormais.
- J'ose l'espérer, même si je sais que ça ne sera pas tâche aisée. En outre, je suis convaincue qu'il t'écoutera, déclara Sklerótes.
- Il pourrait nous faire arrêter si ce n'est pas le cas, et là, tu serais seule avec les cendres de maman. Tu ne pourrais plus la sauver.
- Sauf s'il nous croit, intervint Max. Il faut envisager que les choses se passent bien.
- Mais il faut aussi prévoir un plan de secours, dit Astós, l'air grave.
Tous se regardaient, tendus. Palaïós frappa violemment dans ses mains. Tout le monde fut surpris et se retourna vers le sorcier.
- C'est pas tout ça, mais plus vite on sera partis, plus vite, on sera arrivés, dit-il d'une voix forte.
- Tu as raison, s'esclaffa Max. Allez les amis, en route pour le palais !
Tout le monde se regarda, les yeux pétillants. La gravité de leur situation leur avait fait oublier les liens qui les unissaient. Plus qu'une famille, ils étaient amis. Astós, s'en rendant compte, sourit de toutes ses dents. Il l'entoura sympathiquement de son bras au niveau du coude. Les deux explosèrent de rire suite au déséquilibre soudain de Maximus. Leurs vies regagnaient un semblant de normalité.
Sur la route, ils trouvèrent des chevaux sauvages que Korè parvint à maitriser. Ils les aidèrent grandement, en les transportant vers leur destination. Quelques jours plus tard, ils virent enfin le bout de leur voyage.
Astós reconnaissait toutes sortes de choses : les odeurs, les lieux, certaines voix qui s'élevaient du bar du village. Il était très mélancolique. Son humeur n'avait fait qu'empirer depuis le début de la route. Il était désormais vêtu d'une sombre cape noire qui recouvrait son armure, afin qu'on ne le reconnaisse pas. Et à son grand contentement, il voyait que le monde ne s'était pas arrêté de tourner depuis le massacre. C'était une bonne chose que les gens passent à autre chose.
Sklerótes les attira dans un coin de rue mal éclairé. Elle les fit tous asseoir (sauf Palaïós qui souffrait de ses hanches).
- Je récapitule le plan. En premier, Astós seul va entrer et expliquer à son frère l'enjeu. dépendamment de s'il accepte ou non, Astós viendra nous chercher dehors. N'oublie pas d'omettre mon existence, il pourrait d'abord être effrayé.
Tout le monde hocha la tête, elle reprit.
- Ensuite, nous nous présenterons à lui. S'il nous accepte, nous lui expliquerons plus en détail la suite notre plan, et nous irons ressusciter Anastasis, dans les sous-sols du château.
Les yeux du prince s'emplirent de larmes. Korè lui frotta gentiment le dos avec sa main. Il se leva et ravala ses pleurs. Sklerótes, sous sa forme de monstresse, manipula les ombres et façonna une lame d'un noir d'ébène et la tendit à Astós, qui était sidéré par les talents de son interlocutrice.
- Prends ça, tu en auras peut-être besoin, sait-on jamais.
- J'espère que non, chuchota Astós.
- Moi non plus, compatis la Dnophos, mais on n'est jamais trop prudent.
Tous prirent le chemin du château. Astós jeta un dernier regard à ses amis et poussa les lourdes portes du palais, qui donnaient immédiatement sur la salle du trône. Il écarquilla ses yeux mouillés de larmes quand il vit son frère qui discutait avec une dame, debout à ses côtés.
- Endiá ! vociféra-t-il, euphorique.
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Les Héritiers de Feu - 1. Liés par le sang [EN RÉÉCRITURE]
FantasyGROSSE RÉÉCRITURE EN COURS ! - Lors d'une somptueuse fête organisée par la noblesse, les Dnophos, des créatures terrifiantes surgies de l'ombre, font irruption et sèment la mort. La princesse Kyria est maudite par l'une d'elles, et son frère Astó...