Chapitre 4

298 12 0
                                    

Je me dirige vers la salle d'entraînement qui se trouve au sous-sol du manoir pour me défouler. Depuis l’anniversaire de ma mère, la tension est palpable dans la demeure. Le fait qu’elle puisse songer que c’est de ma faute si mon frère est considéré comme persona non grata par son père n'aide pas, et la petite scène jouée par mon sexy démon se rappelle sans cesse à mes bons souvenirs, j’ai besoin d’évacuer toute cette adrénaline ! Je sais que ça déchire ma mère cette situation, mais je n’ai pas souhaité que ça arrive, je ne peux changer les mentalités et la façon de penser des gens.
On est en octobre, je n’ai pas revu Grisha depuis cette soirée et ce n’est pas plus mal, je le reconnais. Ce mec me fait éprouver des trucs que je ne veux plus ressentir, des sensations que j’ai oubliées ou que j’ai mises au placard. En entrant dans la salle, je ne prête pas attention aux personnes présentes, comme d’habitude, et me dirige vers les sacs de frappe. Mais avant, je m’échauffe les muscles, il ne manquerait plus que je me coltine un claquage. Je dois cogner dans ce dernier au moins une demi-heure, la musique à fond dans les oreilles bien sûr, pour me couper de tout. Soudain, un long frisson se répand dans mon dos ainsi que le poids d’un regard.
Grisha se positionne derrière le sac pour le maintenir contre son épaule, mais je m’arrête net. Que l’enfer m’avale tout de suite, je suis en train de me consumer dans ses flammes! Bordel, le voilà torse nu ! Ses pectoraux, ses tablettes, les muscles de ses bras sont hyper développés. Tout est sculpté, tatoué, il possède aussi des cicatrices qui, bon sang, le rendent encore plus aguichant ! Je ne vous parle même pas de sa ceinture d’Apollon, ainsi que de la fine ligne de poils qui descend vers le paradis de la luxure ! Ce mec est digne de certains péchés capitaux !
—Bonjour Yéléna, comment vas-tu ?
—Bonjour Grisha, très bien merci et toi ?
—Je vais bien, toi, en revanche j’ai l’impression que tu dois exorciser quelques vilains démons, déclare-t-il en plongeant ses prunelles dans les miennes.
Je lève les yeux au ciel, il n’est pas dupe, il a très bien compris que je lui mentais.
—C’est vrai, je suis sur les nerfs, avoué-je. Tout un tas de choses arrive en même temps et je ne sais plus où j’en suis ni ce que je dois accomplir.
—Je comprends, Youri m’a mis au courant pour la petite Irina, annonce-t-il, mais pas pour ton histoire. Si tu as envie d’en parler, je suis là !
Je remarque qu’il semble sincère, il ne cherche pas à me duper, mais je n’ai pas la volonté d’en discuter pour le moment, ma tension toujours au max. Je hausse un sourcil en me redressant de toute ma hauteur (autant que je le peux, hein).
—Un combat, ça te dit ?
—Je ne voudrais pas abîmer ce joli visage, me taquine-t-il.
—Tu vas voir qui amoche l’autre, allez musclor sur le ring, rétorqué-je avec mon plus beau rictus.
Il sourit alors qu’on se dirige vers l’estrade qui trône au milieu de la pièce. C’est une salle de sport équipée avec tout le matos qu’il faut. Je monte sur le ring en même temps que lui.
—Et si on pimentait un peu la chose, déclare-t-il avec un sourire à en faire tomber les culottes.
—Tu proposes quoi au juste ? je l’interroge, curieuse.
—Si je gagne, tu acceptes de dîner avec moi et tu devras répondre à mes questions et je ne te les poserai pas forcément lors du repas.
J’ai bien compris ? Il vient de sous-entendre quelque chose d’ambigu ou alors je vire complètement dingue ?
—Un dîner ? C’est tout ? demandé-je avec curiosité en le toisant.
—N’oublie pas les réponses, moy prekrasnyy, affirme-t-il.
Bien sûr comment les négliger tiens !
—Bon, allez en place moy drug, je reprends en me mettant en position.
Nous sommes chacun dans un coin du ring, un des hommes présents se porte volontaire pour faire l’arbitre. En même temps, aucun d’entre eux n’a voulu se mesurer à Yliria ou moi, je me suis constamment demandé si c’était dû au fait que nous sommes des femmes ou que je suis la petite fille de leur patron.
Alors que j’en vois certains lancer les paris, notre arbitre sonne le gong. Grisha et moi nous tournons autour, lequel de nous deux attaquera le premier ? Je lui souris et lui décoche un clin d'œil. Je me sens toujours bien sur le ring, comme libre, quand je m’entraîne avec ma meilleure amie, on ne se fait pas de cadeaux.
Je vois sa patience s’amenuiser, pauvre homme, moi je commence à m’amuser telle une petite folle. L’adrénaline monte en moi et j’anticipe sa première attaque qui me vise sur le côté droit avec son pied, je bloque et riposte avec un coup de pied au sternum. Il recule à cause du choc, lève la tête et arque un sourcil, je lui envoie mon sourire le plus éblouissant. Je n’aime pas quand on me ménage, alors j’enchaîne comme grand-père me l’a appris, gauche, droite, droite, gauche, poing, pied, rotation sur moi-même.
Je repose le pied à terre, Grisha se défendant mieux que ce à quoi je m’attendais, mais je ne devrais pas en douter vu sa carrure. C’est alors qu’il s’approche de moi à une vitesse presque incroyable, je ne vois rien venir et je me retrouve allongée sur le ventre, les bras dans le dos et l’apollon me surplombant. Il marque bien le fait qu’il a gagné en m’administrant une fessée si forte que le bruit se répercute presque contre les murs de la pièce.
—Ça ne va pas bien dans ton crâne, m’offusqué-je. Tu as cru que c’était la porte ouverte à tout ?
—Si tu savais ce que j’ai en tête, sois sûre que tu vas prendre cher si tu m’en donnes l’occasion. Et surtout, tu ne dirais pas non, ma belle... murmure-t-il dans mon oreille.
Je m’empourpre comme une midinette en entendant son affirmation. Je perçois son odeur, un mélange de sueur, de virilité et de puissance. C’est lui, tout en force et en sensualité. Je sens ses pectoraux contre mon dos et je dois dire que là, j’ai chaud et je suis plus qu'essoufflée mais pas à cause du combat. La tension entre nous devient vraiment trop palpable, je ne sais pas comment gérer ça.
Il nous redresse tout en me gardant contre lui, les autres sont retournés à leurs activités. Son souffle brûlant dans mon cou me fait frissonner et pointer mes tétons en plus de flinguer encore un tanga. Je l’entrevois humer mes cheveux et c’est trop hot, trop sensuel, beaucoup trop de phéromones dans l’air, cela me met les hormones en pagaille. Qu’est-ce qu’il me fait ? Je pense que cet homme sera ma perte et ma libération !
—Quel jour t'irais pour le dîner ma belle ? me susurre-t-il tout en m’en léchant le lobe.
—Je suis libre les week-ends, sifflé-je d’extase.
—Bien, alors je t’annonce tout de suite, toi et moi, samedi soir autour d’un repas, gronde-t-il en me mordillant le lobe.
Je gémis doucement et suffoque en même temps, dans un état d’excitation extrême !
—Tu es si réceptive, chuchote-t-il d’une voix suave tout en me léchant l’oreille gauche.
Cette voix, cette intonation, mon esprit part complètement en vrille. Je serai en cet instant capable de l’autoriser à m’allonger au milieu de la plateforme de combat et me prendre devant tout le monde !
Il colle alors son bassin contre mes fesses, par tous les dieux ce que je sens est juste énorme. J’humidifie mes lèvres sèches avec ma langue, puis il s’éloigne en me rappelant notre rendez-vous.
Il se barre en me laissant pantoise, sérieux !
C’est impossible de résister à cet homme !
Je me méfie, même si je n’en ai pas l’air. Au fond, le blocage émotionnel est sans cesse présent. Pas besoin d’un psy pour savoir qu’après douze ans je suis toujours, je ne dirais pas traumatisée, mais presque, par ce qu’il s’est passé avec ceux qui étaient ma famille. Le fait de les revoir à une semaine d’intervalle a fait remonter pas mal d’émotions : mes ressentiments, ma douleur, ma rage ! Mon père a détruit une chose ce jour-là, mais François, lui, m’a presque tuée dans l’âme et mon cœur s’est brisé. Je ne sais pas si j'accorderai à nouveau ma confiance à un homme de sitôt, même si celui-ci est beau à se damner.
—Il suffit que je parte quinze jours et je te retrouve dans les bras d’un canon ! Tu as vraiment une chance de cocu ma suka, j’entends derrière moi.
—Yliria, crié-je en l’enlaçant. Putain, tu m’as manqué, tu as loupé plein de choses. Viens, je t’expliquerais une fois que j’aurais pris une douche.
—Ouais, tu pues le sexe à des kilomètres en plus de la sueur, s’exclame-t-elle. En même temps, comment rester de marbre avec Monsieur Regard de Braise ?
Je ris alors que nous montons pour rejoindre ma chambre. Nous croisons ma mère qui elle, me lance un regard de travers tandis que je soupire. Dans ma piaule, je prends mes affaires et file me doucher, l’eau chaude m’aide à détendre mes muscles endoloris. Une fois terminé, je m’habille d’un simple legging et d’un débardeur tous deux noirs. Je raconte tout à ma meilleure amie, elle m’écoute sans prononcer un mot, mon récit achevé elle ne se gêne pas pour me dire ce qu’elle en pense.
—Il est sérieux ton ex ? Ça me débecte les mecs comme ça, s’insurge-t-elle en se levant et faisant les cent pas. Mais ta mère, je ne sais même pas quoi dire tellement son comportement me révolte.
—Je lui laisse de l’espace, je n’ai pas envie de me prendre la tête avec elle. Mais ce qu’elle ne semble pas vouloir comprendre c’est que je n’ai pas demandé à dedushka d'interdire l'accès au manoir à Ruslan ! Le pire c’est que d’un côté ce n’est pas vraiment la faute de mon frère, si François avait été moins con nous n’en serions pas là. En fait, je suis juste triste au fond, parce qu'à part mon grand-père je n’ai qu'elle comme figure parentale.
—Yéléna, ce n’est pas à cause de toi et ta mère doit le comprendre aussi, argue-t-elle. En tout cas, Krachenko est plus que torride et il a une proie en vue, bon sang, j’en ai des frissons !
Je secoue la tête tout en souriant, ma meilleure amie est complètement frappée. C’est une belle brune d’un mètre soixante-quinze, des yeux marron, une taille de guêpe sans être trop musclée, souple dans ses gestes, je dirais gracieuse même. Tout comme moi, elle a un caractère de merde et ne prends pas de pincettes avec les gens. L’expression qui lui sied le mieux serait : une main de fer dans un gant de velours. Elle fait un travail identique au mien au sein de la Bratva, sauf qu’elle le fait à plein temps comparé à moi, je suis souvent à la datcha lorsque mon grand-père a besoin de moi. On continue de parler et de rattraper tout le temps que nous avons perdu à courir derrière des connards.
La semaine défile à une vitesse folle, samedi arrive rapidement et je suis en train de me préparer avec l’aide de Yliria et Lev. J’ai passé une robe verte sans manches à bretelles épaisses qui se rejoignent juste en dessous de ma poitrine, elle s’arrête un peu au-dessus des genoux. J’accompagne le tout d’escarpins de la même couleur, je me maquille, me coiffe. Il ne me reste plus qu'à mettre quelques bijoux, quelques gouttes de mon parfum à la lavande et je serais prête.
—Maman, tu es trop belle comme ça, s’exclame mon fils tout pétillant.
—Merci med, tu es tout aussi beau tu le sais, déclaré-je en le serrant contre mon cœur. 
—Ouais mais lui n’a pas un rencard, alors que toi si, chantonne Yliria.
—Merci de m’angoisser encore plus, lancé-je d’un ton cinglant.
—Pourquoi tu stresses maman ? Tu vas juste aller au restaurant.
—Mon chéri, ta mère s’apprête à effectuer le grand saut ce soir, treize ans qu’elle n’est pas sortie avec un homme.
—Et non mon grand, ce n’est pas à cause de toi ! affirmé-je à mon bébé afin de le rassurer.
Je ne veux pas qu’il se sente coupable il n’est fautif de rien, le pauvre s’il le pouvait il prendrait toute ma tristesse sur ses épaules, mais ce n’est pas son rôle dans la vie. Je regarde ma montre et je suis presque en retard merde ! Je me dépêche, dépose un bisou sur chacune des joues des deux zouaves qui rigolent et descends l’escalier pour rejoindre le démon de la luxure, sexy Grisha. Je le vois qui m'attend au pied des marches, il lève les yeux vers moi et une promesse de désir brûlant brille dans ses prunelles. Je lui rends son œillade, il est juste à tomber dans son costume sur mesure, miam ! Il est vêtu d’une tenue gris clair avec une chemise blanche dont le col est entrouvert et qui laisse place à l’imagination. Pas besoin d’appeler cette dernière pour moi, je sais ce qui se trouve sous le tissu que j’ai pour le coup envie d’arracher.
—Tu es sublime dans cette robe, me complimente-t-il d’une voix rauque.
—Et toi tu es très beau, le gris fait ressortir tes yeux, je réponds avec le rouge aux joues.
—Vraiment ? me demande-t-il sur un ton coquin.
J’essaie de ne rien laisser paraître mais je pense que c’est peine perdue ! Ce mec lit en moi comme dans un livre ouvert, ce qui me déroute parce que même François n’a jamais su me décrypter comme le fait Grisha. J’avoue que c’est une sensation véritablement nouvelle pour moi. Ses yeux sont si intenses, et cela depuis la première fois où il les a posés sur moi. Je pensais que cette attirance entre nous allait s'estomper au fil du temps, mais je sens bien que ce n’est pas le cas, d’un côté ainsi que de l’autre.
Dans la voiture, nous bavardons de tout et de rien. J’apprends qu’il est orphelin et qu’il n’a ni frère ni sœur, que sa couleur préférée est le bleu, qu’il aime faire du sport (ça, je ne l’aurais jamais deviné vu ton corps). Il m'explique son parcours jusqu'à aujourd’hui et de quelle façon il va se retrouver à la tête de la Bratva Moscovite. Je prends alors la décision de lui parler de mon passé, je lui raconte tout, ma vie au sein du club, l’amour que je portais à François, mon bannissement, le rejet de tous les membres que je considérais comme ma famille, la raison de cet exil. Je lui explique que lorsque je suis partie, j’ai vu à quel point elle avait été passée à tabac, mais qu’elle souriait fière d’elle. Je lui exprime aussi la douleur que j’ai ressentie tandis que mon propre père m’a dit ne plus avoir de fille, la déchirure dans mon âme quand ni mon frère ni l’homme que j’aimais n'avaient pris ma défense une seule fois. C'est si facile de me confier à lui et à aucun moment il ne me juge, bien au contraire il est compatissant, même si par instants je l'ai vu serrer le volant avec une grande force.
Nous débarquons dans un restaurant, très chic et sobre, sans chichi. Une fois installés à une table, je continue mon histoire et comme depuis que j’ai ouvert la bouche, il m’écoute vraiment sans faire semblant. Je le sais, je vois les traits de son visage tirés sous le coup de la colère, j’émets la façon dont je me suis sentie lorsque j’ai découvert grâce à une mamushka que j’étais enceinte et dans l’état pitoyable où je me trouvais quand je suis arrivée aux portes du manoir. Je ne le dis pas de vive voix, mais ça fait du bien de tout déballer, même si j’en parle avec Yliria c’est différent, je me sens libérée d’un énorme poids.
—Je te propose une chose.
—Je t’écoute, je lui réponds en mettant mon menton sur mes mains jointes.
—Je ne vais pas passer par quatre chemins, je ne te mentirais jamais, je serais le plus honnête possible, commence-t-il. Tu me plais et je te veux ! J’ai envie de m’enfouir profondément et sauvagement en toi depuis la première fois que je t’ai vue ! Mais sache une chose, je ne tolèrerais pas que tu te tapes d’autres mecs alors qu’on couchera ensemble.
J’essaie de reprendre un semblant de contrôle parce que là je suis en feu, sa voix, son intonation et ces mots ont déclenché un désir ardent dans mes reins.
—C’est drôle, tu pars du principe que je vais accepter de coucher avec toi. Tu ne serais pas un peu présomptueux ?
—Je ne crois pas, je n’ai aucun doute Yéléna. J’ai remarqué la réaction de ton corps lorsque je te touche ou bien quand je me trouve près de toi. Donc peu importe le temps que ça prendra, mais un jour, tu seras nue dans mon lit, en sueur et sur le point de jouir, chuchote-t-il. Et pour te punir de m’avoir fait attendre considérablement, je ne te laisserais peut-être pas jouir avant que je ne le décide.
Je déglutis avec difficulté, au même moment le serveur nous apporte la bouteille de rouge que ce démon a choisi, il prend par la même occasion nos commandes et part les transmettre en cuisine.
Notre discussion se poursuit sur une note plus douce, nous rigolons alors des bêtises que nous faisions enfants et adolescents jusqu'à ce que nos plats arrivent. Il me révèle alors qu’il est au courant de mon activité et qu’il est impressionné. Ce à quoi je réponds que je suis souvent inspirée dans ce genre de cas, et lui raconte celui de Militrov.
—Tu as fait ça ? dit-il en riant.
—Ce gros porc a eu ce qu’il méritait c’est tout, je te promets qu’il pensait que j’allais le laisser vivre.
—Et tu lui as vraiment coupé ou tu dis ça pour me charrier ?
—Je l’ai réellement fait, je n’ai pas eu le temps de prendre une photo, mais je peux également te dire qu’il portait un slip avec des cœurs ! Je n’ai jamais rien vu d’aussi ringard. Et en plus, il en avait une petite !
—Quand on connait le personnage, on ne s’étonne plus de rien, mais j’avoue que je n’avais pas vraiment envie d’en savoir plus sur les dimensions de son anatomie.
Je ris et j’admets que c’est libérateur. On se fixe dans les yeux et je souris. Je suis contente d’avoir perdu le défi qu’il m’a lancé, parce que ce que je découvre me plait de plus en plus, même si je reste sur mes gardes. Au moment où j'ouvre la bouche pour entamer un autre sujet, le téléphone de mon compagnon de table sonne, il s’excuse et répond. Son regard se ferme et je sais que le dîner touche à sa fin. Il coupe la conversation et sans rien dire je comprends que nous sommes attendus au manoir, je me lève tout en mettant la veste de costume que Grisha me tend.
Il paye l’addition et nous sommes de retour dans la voiture, il se repent pour la fin désastreuse de notre repas. Je le rassure en lui disant que s’il le veut il aura le droit à un deuxième dîner, mais que cette fois c’est moi qui le préparerais. Il sourit en me confirmant qu’il est plus que partant. Vingt minutes plus tard, nous sommes arrivés devant les portes du manoir, mais avant de rentrer, je lui fais un bisou sur la joue en le remerciant.
Nous grimpons les étages ensemble, moi je m’arrête à celui où se situe ma chambre et celle de Lev. Grisha ne le voit pas comme ça et me prend par le poignet pour me faire monter jusqu’au bureau de mon grand-père.
—Désolé d’écourter votre sortie les jeunes, mais Ivan a peut-être du nouveau concernant Irina, annonce-t-il alors qu’on entre dans la pièce.
—Alors ? demandé-je en m'installant sur une des chaises.
—J’ai trouvé une piste qui m’a mené en France, nous apprend Ivan, juste là au nord de ta ville natale Yéléna.
—Blyah, je connais ce patelin de nom seulement, je n’y ai jamais mis les pieds.
—Il y a une ancienne maison là-bas, le bail est sous un faux nom donc impossible de savoir qui est derrière tout ça. Mais c’est à cet endroit que j’ai remonté la trace de la petite, déclare Ivan en me donnant l’adresse.
—Le problème c’est qu’on ne peut pas y aller comme ça. Il nous faut un plan béton, je n’ai pas envie qu’elle se retrouve au milieu des tirs, ajoute Grisha.
—Tu as raison mon grand, je vous laisse vous en charger ensemble. Yéléna, une fois le plan en place, tu t’y rendras avec Yliria et Grisha.
—Bien grand-père.
Pendant plus d’une heure après que Yliria nous ait rejoints, nous avons mis au point deux plans, le premier, si tout va bien et le deuxième si ça foire. Le sang-froid de Grisha est remarquable, très peu d’hommes pourraient réfléchir comme il le fait sachant que la vie d’un enfant est en jeu, gamine qu’il ne connaît d’ailleurs pas encore.
Nous sommes fatigués alors, après la réunion, nous sommes tous d’accord pour nous reposer. Yliria dort dans une des chambres d’ami, moi dans la mienne, et Grisha, lui, retourne dans son appartement. On lui propose l’une de celles du manoir, mais il refuse gentiment en disant que s’il reste ici, il n’est pas sûr d’être sage tout en me regardant dans les yeux.
Et un tanga de moins ! À ce rythme, ma lingerie ne va jamais suivre !
Je vais les lui faire payer à force.
Après une soirée au début agréable qui s’est terminée en soirée boulot, nous nous séparons et je regagne ma chambre, où j’ai la surprise de voir Lev allongé dans mon lit. Je me faufile dans la salle de bain en faisant le moins de bruit possible pour me changer et enfiler un pyjama. Je me démaquille soigneusement, me brosse les dents et y retourne pour me mettre au lit. Une bonne nuit de sommeil me fera le plus grand bien. Je m’allonge à côté de mon fils et ferme les yeux pour plonger dans les bras de Morphée.

Yelena l'amour dans le sang (en auto édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant