Chapitre 9

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Je suis réveillée en sursaut à cause de l’eau froide qu’on vient de me lancer à la tronche, je cligne des yeux pour éclaircir ma vue tout en secouant la tête. J’essaye de bouger les bras, mais je me rends compte que je suis suspendue à un crochet fixé au plafond, mes membres bloqués par une espèce de sac en cuir, tiens je n’étais pas comme ça avant bordel de merde nous avons encore changé d’endroit. J’ignore depuis combien de temps je suis entre ses mains.
—Tu es enfin réveillée, khoroshiy, khoroshiy, j’entends derrière moi. Tu vois, j’ai été plus que surpris de découvrir qui se cachait sous le masque de Morana. Qui pourrait croire que la douce et belle Yéléna Dimitrov soit la meilleure tueuse au monde ?
Je ne réponds pas, consciente que je ne suis pas en position de force pour une fois. Alyosha me sourit, il est content de la trouvaille mais aussi de la prise qu’il a faite. Autant dire que ça ne va pas être joyeux dans le coin pour moi les jours qui vont suivre, parce que si je possède de l’imagination pour soutirer des infos à mes proies, lui est pire que moi à bien des niveaux et rien ne le retiendra. J’ai la tête qui tourne, tellement que je dois cligner des yeux pour essayer de distinguer ce qu’il se passe devant moi.
—Ce que tu penses je m’en tape, lui craché-je.
—J’imagine bien oui, quel dommage vraiment, tu viens de briser un de mes fantasmes dont tu étais le personnage principal.
—Qu’il est drôle tiens, le malen'kaya sobaka a donc le sens de l’humour.
Je reçois en retour un coup qui me fait pencher la tête sur le côté droit, je grogne de douleur tout en lui crachant un molard de sang en pleine face. Je me marre alors qu’il commence à se déchaîner sur moi, coups de poing au ventre, dans les côtes, le visage. Presque tout y passe, mais je ricane toujours autant, dedushka m’a sans cesse enseignée de ne jamais montrer sa souffrance aux autres. Je dois dire que je suis devenue une pro dans le domaine, enfoiré il vient de m’exploser l'arcade gauche. Une fois de plus, je perds conscience.
Plus tard, je reviens dans le monde des vivants, emplie de douleurs dans tout le corps, un rapide regard sur ma carcasse me fait comprendre que je suis dans une sacrée merde. Et qu’est-ce qui a plus d’impact qu’un coup bien porté ? Les mots, et par chance, je sais extrêmement bien m’en servir.
—C’est tout ce que tu as en réserve Pétrov ? Tu me déçois beaucoup, tu n’es pas du tout à la hauteur de ta réputation.
—Attends de voir moye sokrovishche, je viens tout juste de m’échauffer, rétorque-t-il en passant son index droit sur ma joue avant de me laisser de nouveau seule, suspendue comme un satané cochon.
Je ne sais depuis combien de temps ça dure, mais une chose est sûre on change régulièrement d’emplacement, les moments où je me réveille, les pièces ne sont pas les mêmes. Et comme il me drogue souvent, je perds la notion du vrai ou du fictif.
—Priviet moye serdtse, comment vas-tu aujourd’hui ? me demande Alyosha avec un sourire sadique. Regarde ce que je t’ai apporté, une croix de Saint-André comme ça on laisse tes jolis bras se reposer, qu’en penses-tu ?
—Vas te faire foutre mudak! crié-je en me secouant.
—Oh mais j’y compte bien, et même plus tôt que tu ne le crois très chère Yéléna, répond-il en se léchant les babines tel le chien qu’il est.
Il se retourne pour saisir un objet sur la petite table derrière lui, une lame de rasoir.
—Encore ? Tu devrais peut-être renouveler tes méthodes de tortures, lui balancé-je, il le repose.
—Tu n’y es pas ma puce, je vais d'abord t'installer sur la croix et après je vais m’amuser avec toi, et je prendrais tout mon temps.
Il me détache et me fait prendre place sur cette croix digne d’un BDSM, je suis tellement épave que je ne réagis pas et me laisse faire en grognant tout de même de douleur. Si je n’étais pas dans cet état, je lui tirerais mon chapeau pour l'innovation dont il fait preuve. Je bouge mes doigts une fois qu’ils sont sortis du sac en cuir, ils m’empoignent les bras sans douceur et me collent à l’objet en bois, ils se retrouvent de nouveau enfermés mais écartés, pareil pour mes membres inférieurs.
—Le nombre de fois où je t’ai imaginée sur ce crucifix pour te faire ces trucs... et te voir là, soumise à mes envies me donne des frissons d’excitation, me provoque-t-il en caressant mes jambes nues.
Bah tiens c’est nouveau ça ? Il y en a qui ont trop regardé Cinquante Nuances de Grey.
—Tu es gerbant et pathétique. Que tu puisses croire que je te laisserais ne serait-ce qu’une seule seconde me toucher me fais doucement rire.
—Qu'est-ce qui t'assure que ce n'est pas fait ? Et ce n’est pas comme si tu y pouvais quoi que ce soit.
Je m’agite dans tous les sens pour essayer de me dégager, sans résultat. Je poursuis tout en m'énervant mais aussi et surtout en m’épuisant, déjà que ce n’est pas la grande forme à cause des drogues alors si je continue je risque surtout de retomber dans les pommes. Quoique, ce serait mieux que de subir ce qu’il me réserve. Je l’aperçois prendre un fouet en caoutchouc et passer ses doigts entre les lanières puis sans que je ne le voie venir, je ressens une douleur sur le flanc gauche, je gronde mais il ne s’arrête pas là, c’est au tour de mes côtes, mes bras, mes jambes, même le visage dont je sens une entaille sanglante sur ma joue gauche. Ma tête dodeline, j’ai mal et je ne fais plus ma maligne. Il ouvre son futal et le descend jusqu’aux genoux, par l’enfer, non !
Il se rapproche de moi en souriant et en se léchant les lèvres, son doigt pousse ma culotte sur le côté, pendant que je me débats comme une folle en hurlant. Une douleur aiguë se fait sentir dans mon bas ventre, tandis qu’il me laboure, tel un forcené tout en haletant et en grognant que je suis trop bonne. Je ne me démène plus, mais il continue de plus belle, alors que pour moi, je suis là sans y être.
Je ne ressens plus rien, je me suis détachée de mon corps, une légère pression se fait au niveau de ma poitrine, je baisse les yeux vers l’origine de cette sensation et remarque qu’il m’a mordu le sein gauche jusqu’au sang. Bon sang, il s’est pris pour un animal ou quoi ? Je ne sais combien de temps s’écoule avant de l’entendre se vider. Il se retire et je sens quelque chose ruisseler le long de mes cuisses. Il sourit encore plus en remettant son pantalon en place, me voir aussi démunie, sans force et incapable de me défendre lui procure un plaisir monstre.
Il se dirige vers la petite table derrière lui et prend une batte de baseball, putain il va faire quoi avec ça ? Il l’arme comme s’il allait faire un lancer, je la sens atteindre mon genou gauche, n’y tenant plus je crie de douleur, merde il vient de m’exploser la rotule, il rigole et fait la même chose du côté droit. Bordel de merde, j’avoue il est beaucoup plus sadique que moi ce con, il me bat niveau torture.
—T’entendre hurler de douleur me referait presque jouir ma puce, me susurre-t-il dans l’oreille avant de m’embrasser.
Je lui mords la lèvre inférieure jusqu’à la sentir céder entre mes dents, il grogne et me fout un nouveau coup de batte dans l’estomac. Je hoquète sous la force de l’impact, je n’ai déjà presque rien dans le ventre, il ne va pas me faire vomir non plus. Ce n’est pas avec le peu qu’il me file à manger que je pourrais être rassasiée. Il demande à ce qu’on me détache pour me mener dans une autre pièce. De ce que je peux entrapercevoir, nous sommes dans une espèce de cave, il ouvre une porte sur notre droite et me jette dedans.
—Voici ta nouvelle chambre, il en sera ainsi jusqu’à ce que tu me donnes la réponse que je souhaite, dit-il.
—Je ne te donnerais pas d’info sur la Bratva Moscovite Pétrov, tu pourras continuer ton petit jeu autant de temps que tu le voudras mais rien ne sortira de ma bouche, pesté-je douloureusement.
—Oh voyons trésor, je me fous de ça et tu le sais n’est-ce pas ? rétorque-t-il en s’accroupissant devant moi.
—Tu veux quoi alors ? réussis-je à dire.
—Toi bien sûr, ça fait des années que je rêve de t’avoir rien que pour moi et te voilà rien qu’à moi sans que tu ne puisses te défendre, toi, la tueuse sans pitié et si sanguinaire. Je t’avoue que t’observer dans cet état, et ce à cause de moi m’excite vraiment. Regarde, je bande à nouveau rien qu’à te voir à mes pieds.
—Tu me répugnes mais ça aussi je crois que ça te plait n’est-ce pas ? m’exclamé-je en me tenant les côtes. Tu n’es pas du style à patienter selon le bon vouloir des autres, ce que tu désires, tu l’obtiens par n’importe quel moyen.
—C’est vrai ça me plait mais d’un autre côté pas vraiment, tu vois je ne souhaite pas t'abîmer, je compte sur toi pour me faire un héritier. Et tu as raison, je ne suis pas du genre à attendre, quand je veux, j’ai !
J’explose de rire, bien qu’une douleur aiguë subvienne à ce moment, je me marre. Ne pas m’abîmer ? M’éclater les genoux, c’est quoi pour lui ?
—Parce que tu crois vraiment que je te laisserais te servir de moi comme d’un incubateur ? Rêve pas, ça n’arrivera jamais.
—Qui te dis que tu ne l’es pas déjà Yéléna ? me demande-t-il en passant son index droit le long de ma joue.
—Si je l’avais été, tu n’aurais pas couru le risque de me torturer juste avant.
Il reste silencieux et un sourire se dessine sur sa bouche, il se met à rire puis fait signe qu’il est temps qu’ils partent tous. Il se dirige vers la porte mais se retourne à moitié tout en annonçant :
—Tu as raison, je ne prendrais pas le risque de te faire perdre ce bébé si tu venais à être enceinte. Repose-toi mon amour, tu en auras besoin pour ce qui t’attend.
Il sort en claquant la porte, je gémis en me positionnant sur le dos, mais là c’est pire, je ne me souviens pas de lacérations à cet endroit. Je siffle et me replace sur le côté où j’ai le moins mal, mes genoux me lancent je ne peux même pas les bouger. Je sens une larme couler le long de ma joue puis sans que je m’en rende compte, un torrent de larmes s’ensuit, je suis épuisée, je n’en peux plus, je ne sais pas depuis combien de temps je suis entre ses mains. Et je reconnais que je commence à avoir peur, peur de la suite, de ce qu’il m’a dit aussi, parce que si ce n’est pas la première fois qu’il me viole je n’en garde aucune trace, ni aucune douleur vaginale. Merde, je suis tellement dans le coaltar que je n’ai plus conscience de ce qu’il se passe dans mon corps, j’ai peur de ne pas être assez forte pour tenir si jamais ce qu’il m’a annoncé était véridique.
Je suis réveillée en sursaut en percevant un énorme bruit sourd, les murs tremblent et j’entends des coups de feu : on a l’impression qu’une guerre vient juste d’éclater dans les étages supérieurs, ça fait combien de temps que je dors ? Mon corps courbé par la souffrance se rappelle à moi, je gémis tellement j’ai mal et me souviens à temps de ne pas me mettre sur le dos. Dix minutes ou peut-être plus doivent passer et la porte menant à la cave s’ouvre avec fracas, j’entends des voix sans les entendre, un brouillard refaisant surface devant mes yeux, mes oreilles bourdonnantes et mes tempes lancinantes. Des portes sont ouvertes avec force si je ne dis pas de connerie, je lève la seule paupière encore intacte si je puis dire lorsque la mienne vole en éclat, un brouhaha se fait alors. Je sens qu’on me soulève mais je hurle, bande de débiles ils ne se rendent pas compte de ce que j’ai enduré depuis je ne sais combien de temps et les blessures qui perclus tout mon corps ? Ça discute autour de moi, je perçois même quelqu’un hoqueter de surprise, ouais ça ne doit pas être beau à voir. La seule chose que j’arrive à entendre correctement est la voix de l’homme qui en quelques semaines a réussi à conquérir mon cœur ; il me dit que tout va bien se passer et que je serais bientôt de retour chez moi. J’aimerais sourire en sachant que c’est lui, mon calvaire est bel et bien terminé.
—Je t’aime, murmuré-je avant de tomber dans les pommes encore une fois.

Yelena l'amour dans le sang (en auto édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant