ELENNA
Vendredi 9 février, 8h07.
Je lève les yeux de mon téléphone lorsque les premiers rayons de soleil entre dans ma chambre. Je n'ai pas dormi de la nuit et le soleil est en train de se lever. Je pose mon téléphone à côté de moi et me retourne pour faire face au plafond. Les nombreuses étoiles qui me font face et leur constellation disparaissent lentement alors que la lumière du jour s'installe.
J'avais décoré mon plafond de ces étoiles lumineuses lorsque j'avais quinze ans. J'avais fait en sorte de reproduire du mieux que je pouvais un ciel étoilé au mois d'août. J'aime regarder les étoiles. J'aime regarder les choses calme. Ça me vide la tête. Ou la comble, lorsqu'elle est déjà vide.
Cela fait maintenant une semaine depuis la soirée. Le temps est passé vite, trop vite.
Mon père est parti en vol depuis une semaine maintenant. Depuis une semaine, je suis seule chez moi. Depuis une semaine, je regarde le soleil se lever et se coucher. Depuis une semaine, je respire le même oxygène, la même odeur. Celle d'une chambre fermée depuis trop longtemps.
Depuis une semaine, j'observe les plantes au-dessus de mon lit se dessécher. Depuis une semaine, le même pyjama que je porte depuis que j'ai arrêté de grandir n'a pas quitté ma peau. Depuis une semaine, j'attends.
J'attends que ça passe, que ça aille mieux. Que tout revienne à la normal, que tout revienne comme avant.
Cela ne m'était pas arrivé depuis longtemps et je savais que je ne m'en étais pas débarrassé, seulement je ne pensais pas que ça pourrait arriver maintenant.
Plus aucune motivation, le vide, le néant. Et seulement, parfois, pendant quelques heures, un théâtre d'émotion se joue dans ma tête. La colère commence la pièce, récitant son texte qu'elle a appris tant de fois, puis vient la frustration qui joue en duo avec l'incompréhension. De merveilleuses comédienne très populaire. Mais la reine du spectacle, la tristesse, comble tout le monde dans la salle, avec ses imitations à la perfection.
À l'instant, un brouillard de pensée plane au-dessus de la tête. J'ai très mal. Pas physiquement. Mais j'ai mal. Je suis épuisé. Je n'arrive plus à réfléchir.
Mon téléphone n'a de cesse de me notifier que mon temps d'écran a beaucoup augmenté. Lui aussi en subit les frais de Sa visite surprise.
À chaque fois que mon regard croise mon miroir, je La vois encore qui se tient derrière moi, avec ce même sourire malicieux, à la fois énervant et terrifiant. Elle jubile de mon état. Elle est fière.
Mon regard se déplace lentement sur le plafond, essayant d'apercevoir les dernières étoiles. Mais la lumière extérieure est trop forte. Je soupire et me retourne face à mon mur comme Elle me l'a demandé, et ferme les yeux. Une sonnerie retentit et me fait sortir de mon « sommeil ». Je me retourne et attrape mon téléphone. C'est mon père.
« -Je viens d'atterrir, j'arriverai d'ici une heure. Tu veux bien faire le ménage s'il te plaît, je suis fatigué et j'ai besoin de dormir dans une maison propre. »
Je lis le message une deuxième fois.
« -Je viens d'atterrir, j'arriverai d'ici une heure. Tu veux bien faire le ménage s'il te plaît, je suis fatigué et j'ai besoin de dormir dans une maison propre. »
Mon père est revenu. Et comme si Elle avait lu le message, Elle m'ordonne de me lever et de me laver. Alors c'est ce que je fais. Je sors de mon lit, avance jusqu'à ma porte et pose ma main sur la poignée. Je regarde attentivement ma main en attendant la sienne comme Elle le fait à chaque fois qu'elle m'empêche de sortir. Mais à la place, Elle me chuchote à l'oreille.

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Labyrinth
Roman pour Adolescents« -Le temps est écoulé, ma douce Elenna. Je viens te chercher très bientôt, mon ange. » C'est ce petit mot sur un bout de carton blanc qui a chamboulé la vie d'Elenna lors de son vingtième anniversaire. Elle qui avait l'habitude de la paix et le cal...