Chapitre 8

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ELENNA

Dimanche 11 février, 12h

Je fixe avec angoisse cette fleur posé sur mon bureau depuis hier soir. Le soleil caché derrière les nuages gris est déjà bien levé pourtant je ne suis toujours pas sortie de ma chambre. Les genoux recroquevillés, les bras entourant mes jambes, le dos collé au mur de mon lit, mes yeux ne détache pas un seul instant cette fleur qui a chamboulé ma vie. Cette fleur est une menace. 

Je pensais qu'après le bouquet que j'ai reçu pour mon anniversaire, cela signifiait la fin de cet harcèlement incessant. Que cette personne a voulu me faire peur un dernière fois avant de disparaître pour de bon. J'avais peur, mais je voulais terriblement croire que c'était fini. Je ne voulais pas vivre dans la peur éternellement. Pourtant, la tulipe blanche posé sur mon bureau me prouve que ce n'est que le début. 

Mon père est rentré peu de temps après la découverte, hier. Je n'ai pas encore pu le confronté, j'étais tétanisé par la peur dans ma chambre. Je n'avais pas envie de lui parler. Et puis j'avais l'impression que mon père n'était pas très sobre. Eliott n'a pas eu le temps de discuter de cette fleur plus longtemps puisque mon père l'a de suite renvoyé chez lui. Avant de monter dans sa voiture, il m'a jeté un dernier regard alors que je le regardais à travers la fenêtre de ma chambre. Et je crois bien que pour la première fois que j'avais l'impression de voir dans ses yeux de l'inquiétude. Je ne sais pas lequel des deux étaient le plus effrayant entre ce regard et la fleur.

La sonnerie de mon téléphone me sort de ma torpeur et me fais tourner la tête dans sa direction. Je tends le bras pour l'attraper. Le numéro masqué qui s'affiche sur l'écran me fais froncer les sourcils.

Est-ce que c'est lui ? Mon harceleur ?

Mon cœur s'emballe doucement alors que mon doigts reste en suspends au dessus de mon téléphone. Si c'est lui, est-ce que je devrais réellement décrocher ? Ce n'est sûrement pas une bonne idée. Je ne sais pas quoi faire. Mais avant que je prenne une décision, l'écran s'éteint, laissant pour seule notification un appel manqué. 

Je regarde mon téléphone, immobile, les genoux toujours recroquevillés. Il faut que je découvre qui se cachent derrière ce numéro. Si je n'arrive pas à avoir d'information par mon père, peut-être qu'il faudrait que je cherche ailleurs. Et j'ai l'impression que la seule personne capable de m'aider pour l'instant est bien Erin, même si je n'ai pas du tout envie de la voir pour le moment. Je suis encore terrorisée de ce qu'elle m'a avoué, alors faire comme si de rien n'était est un peu dur pour moi. Erin a toujours été gentille et douce avec moi. Mais le fait qu'elle puisse être capable de faire de tels atrocités m'a fait perdre un peu confiance en elle, comme si elle n'était pas si inoffensive. 

Je soupire et me lève de mon lit. Ma chambre est toujours dans le même état que je l'ai laissé il y a maintenant une semaine, alors j'attrape ma poubelle et la remet à sa place, jetant la pelure de banane dedans. Je prends les vêtements tâché de sang de la veille et les mets à tremper dans ma salle de bain. Je retourne dans ma chambre et ramasse les talons d'Erin. Je les regarde un instant, ne pouvant détacher mes yeux de ses précieux souvenirs. 

Erin est ma meilleure amie. Elle a changé ma vie. Elle est tout pour moi. Je ne peux pas lui en vouloir de me protéger de ce qu'elle craignait depuis son enfance. Je ne peux pas lui en vouloir de ne pas m'avoir dit tout ses secrets. Ce n'est pas le but d'une amie. Ce n'est pas mon but. Mon seul objectif dans cette relation est de la soutenir dans n'importe quelle difficulté. De la diriger lorsqu'elle est perdue. De la faire rire lorsqu'elle est triste. De la réconforter lorsqu'elle est blessée. D'être présente pour elle.

Je pose mes chaussures dans mon dressing et attrape mon sac et ma veste. Il faut que j'aille voir ma meilleure amie, lui faire part de mes doutes et inquiétudes. J'ai besoin qu'on mette les choses au clair, sur son passé mais également sur mon avenir. J'ai besoin de réponses, n'importe lesquelles, ne serait-ce qu'une. 

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