Marianne avait soufflé ses 57 ans la veille. Elle se trouvait à présent sur le lit d'hôpital, le même que depuis son arrivée dans le bâtiment, soit depuis 6 semaines. Marianne subissait un traitement très intense qui lui procurait de temps à autre des hallucinations. Elle avait une maladie très rare qui ne portait aucun nom, pas encore. Les symptômes étaient assez troublants : paranoïa, sentiment d'oppression, de crainte, pertes de mémoire, saignements, maux de tête, douleurs aux jambes, et bien d'autres encore.
Les rayons du soleil traversait les vitres sales de l'hôpital et arrivèrent jusqu'à elle. Il était 3h de l'après-midi et il faisait très beau, assez beau pour faire apparaître sur le visage fin de la vieille femme un sourire. Non pas un sourire de compassion comme ceux qu'elle voyait tous les jours, ceux de ses proches et des médecins qui s'occupaient d'elle, mais un sourire sincère, empli de bonheur.
Un nouveau médecin arriva dans la pièce et sourit à la jeune femme. Celle-ci fit de même et lui tendit son bras. Elle savait déjà ce qu'il allait faire, elle était désormais habituée aux seringues et médicaments. Elle voulait que cela cesse, que sa maladie disparaisse afin de laisser place à la liberté. Elle ne sortait jamais dans le vrai monde, seulement dans la cour de l'hôpital, là où se promenaient les malades de l'établissement. Marianne regardait par la fenêtre, essayant de ne pas penser à ce que le médecin lui faisait, s'imaginant chez elle, dans son lit, un bel après-midi sans problèmes, sans crainte de céder à la vie.
Le médecin la remercia d'avoir été sage puis disparut dans la pièce, la laissant de nouveau seule avec elle-même dans la chambre. Il n'y avait personne sur le lit d'en face, mais quelqu'un s'y trouvait quelques jours plus tôt; c'était un jeune homme de 24 ans, se nommant Cédric. Il était mort d'un cancer et la vieille femme avait été attristée par la nouvelle. Non pas qu'elle connaissait le jeune homme, mais elle s'était sentie proche de lui lorsque sa famille était venue le voir devant elle, il lui faisait penser à son fils, celui qui n'était toujours pas venu la voir à l'hôpital. Elle espérait, mais les semaines passaient et aucune trace de son fils adoré.
D'un seul coup, alors que Marianne scrutait les nuages d'un œil suspicieux, elle sentit une forte douleur apparaître dans sa poitrine. Son cœur se contractait et elle se sentait mal, très mal. Le son de l'électrocardiogramme faisait un boucan pas possible comparé aux minutes précédentes. Les battements de son cœur s'accélérait et elle paniquait à l'idée de partir. Elle ne voulait pas laisser sa famille seule sur Terre, elle voulait encore vivre, mais la mort avait l'air d'en avoir décidé autrement. Ceci se confirma deux minutes plus tard, lorsque le cœur de la vieille femme lâcha. Son corps inerte apparut aux yeux des médecins beaucoup trop tard. Ils n'avaient rien pu faire. La mort l'avait emportée.
Marianne Barne, 1958-2015, crise cardiaque.
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La mort, une fin commune
General FictionLa mort, autant crainte qu'inévitable. 10 ans, 20 ans, 40 ans, 60 ans, peu importe, tout le monde y passe. On a beau essayer d'y échapper, on succombe tous à cette faucheuse. La vie n'est rien sans la mort, tout comme la mort n'est rien sans la vie...