Jamais deux sans trois.
Aaron était un jeune homme de 23 ans, tout ce qu'il y avait de plus banal. Célibataire, sans chercher l'amour pour autant, il s'était acheté un appartement à Paris. Heureusement, le métier que son père lui avait permis d'avoir y était pour quelque chose. Aaron était donc sous-directeur d'une grande entreprise multinationale et n'avait pas à se plaindre financièrement. En amour, il était sortie avec une fille lors de ses années lycées. Il avait été extrêmement amoureux mais son idylle s'était mal terminé, et rien qu'en y repensant, Aaron en avait un goût amer. Sa seconde -vraie- petite-amie était Fanny, une jolie blonde qui lui avait promis amour et fidélité, bien qu'elle n'eut pas tenu sa promesse. Aaron avait mal pris l'adultère et avait rompu, encore une fois. Il se disait qu'il n'avait pas de chance en amour, ce qui était sûrement le cas, mais il ne pouvait pas se baser sur seulement deux amours.
Jamais deux sans trois.
Bien qu'Aaron avait trois frères il y avait de cela seulement 2 ans, il en n'avait désormais plus que deux. Le cadet était décédé suite à un cancer du poumon. Il était jeune pour mourir de cette façon, et la nouvelle avait détruit la famille, ce qui expliquait le fait qu'Aaron n'avait plus aucun contact avec ses frères. Il n'avait plus que son père, et encore, il le voyait que durant les heures de travail et aucune affection avait lieu. Cependant, malgré qu'il ne parlait plus trop à sa mère, il avait appris la « bonne nouvelle », il allait avoir un autre petit-frère. Sa mère était enceinte.
Jamais deux sans trois.
Aaron était désormais dans son lieu de travail et triait des dossiers assez inintéressants mais dont il était obligé de s'occuper pour avancer dans le métier. Après qu'il eut fini ce qu'il avait à faire, il sortit de l'entreprise pour prendre sa pause de midi, créneau dans lequel il allait manger dans le restaurant du coin.
Aaron regarda sa montre, sourit puis traversa en faisant bien attention de regarder à droite et à gauche, comme le lui avait éduqué parfaitement ses parents lorsqu'il était plus jeune. Il arriva à son restaurant fétiche, s'assit à la même place que d'habitude et attendit le serveur. Celui-ci arriva très rapidement et le salua d'une poignée de main. « Comme d'habitude ? » demanda le serveur. Aaron acquiesça et attendit qu'on lui servisse sa côte de bœuf saignante avec des pâtes à la sauce au poivre, plat préféré d'Aaron.
Une fois son assiette arrivée, il mangea, seul, comme tous les jeudis. Il avait en plus de ça une faim de loup ! Alors que son assiette était à présent à moitié finie, des cris se firent entendre de l'autre côté du restaurant, vers l'entrée. Etant dans un coin reculé du restaurant, il ne pouvait rien voir, simplement entendre.
Paniqué, il s'essuya la bouche avec sa serviette, se leva de sa chaise puis avança jusqu'à l'entrée. A ce moment là, il regretta son geste : deux hommes armés étaient venus, très certainement pour prendre la caisse qui était en train de se faire dévaliser par l'un des deux hommes qui pointait son arme sur le chef-cuisinier qu'Aaron connaissait très bien. Ses yeux se posèrent les personnes allongées au sol, les mains sur la tête. Les deux ravisseurs n'avaient pas encore vu Aaron qui était derrière eux. Soudain, une femme se leva, terrifiée, tentant de s'enfuir, mais l'homme armé ne fut pas d'accord. Il tira sur elle. L'homme de la victime se leva et tenta de prendre l'arme du « bandit » afin de venger sa femme qui semblait démoli par ce qu'il venait de voir mais il reçut une balle à son tour, s'effondrant également au sol. Deux morts.
Jamais deux sans trois.
Le chef-cuisinier aperçut Aaron et le supplia du regard de faire quelque chose. Le cagoulé qui était en train de dévaliser la caisse aperçut le chef-cuisinier regarder derrière lui et se retourna.
« Allonge-toi ! Mains sur la tête ! ordonna l'homme armé à Aaron. »
Aaron était encore choqué des deux cadavres qui se trouvaient présentement en face de lui et n'eut pas la rapidité que demandaient les deux hommes. Très rapidement, perdant patience, l'homme secoua son arme devant Aaron et le menaça à plusieurs reprises mais Aaron ne voulait pas obéir, il n'en était pas capable, il était comme figé sur place, par la peur, sûrement.
Un bruit sourd, très sourd, arriva jusqu'aux oreilles de toutes les personnes présentes aux alentours. Un deuxième bruit s'en suivit : celui du corps d'Aaron qui s'étala sur le sol, inanimé. Il venait de se faire descendre par les cagoulés qui s'enfuirent aussitôt après avoir récolté ce qu'ils convoitaient.
Jamais deux sans trois.
Aaron Cantelle, 1992-2015, tué par balle.
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La mort, une fin commune
General FictionLa mort, autant crainte qu'inévitable. 10 ans, 20 ans, 40 ans, 60 ans, peu importe, tout le monde y passe. On a beau essayer d'y échapper, on succombe tous à cette faucheuse. La vie n'est rien sans la mort, tout comme la mort n'est rien sans la vie...