21. Sandra

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Une croisière.

Paradisiaque, avait-elle dit. « Ce sera paradisiaque ! Allez, allez, viens avec moi ! ». Son petit ami avait accepté, et ensemble, ils allèrent effectivement faire un tour en croisière. Ils pensaient que tout allait bien se passer, qu'il ferait beau, chaud, et qu'il rentrerait à la maison avec plein de souvenirs en tête. 

Il faisait chaud, oui. Il faisait beau, aussi. Mais ils ne rentrèrent jamais chez eux, là où ils avaient laissé leurs deux canaris sous la responsabilité de leurs voisins. Sans parler des plantes qui ne reçurent plus jamais d'eau et qui fanèrent, comme pour confirmer la disparition et donc l'absence des deux propriétaires. Sans oublier également la famille qu'ils laissèrent derrière eux, les proches anéantis et les amis sous le choc.

Sandra, accompagné de Mika, étaient dans le bateau lorsque celui-ci percuta à un moment une grosse roche qui était cachée par des algues. Il y eut une légère secousse, mais rien d'alarmant : la vie sur le véhicule paradisiaque reprit son cours.

Cependant, une heure plus tard, alors que Sandra était dans la chambre qui se trouvait à l'étage le plus bas, Mathieu était sur le pont, regardant le paysage et prenant des photos afin de mémoriser ce moment si magique.

La jeune femme se reposait, allongée sur le lit, puis s'endormit sans s'en rendre compte. Elle se fit réveiller par des cris de femmes qui appelaient à l'aide. Sandra secoua sa tête, descendit de son lit pour savoir ce qu'il se passait, puis elle sentit quelque chose à ses pieds : de l'eau.

Environ 20 centimètres d'eau recouvraient le sol. Elle craignit le pire : le bateau était-il en train de prendre l'eau ? Malheureusement, oui. 

Alors qu'elle voulut ouvrir la porte de sa chambre, une grosse secousse lui fit perdre l'équilibre et elle tomba en arrière, sa tête heurta le coin de son lit. Elle fut assommée quelques secondes, puis se releva. A ses pieds, l'eau avait monté et derrière elle se trouvait une eau quelque peu rosée, dû au sang qui coulait de son crâne. Sa tête avait pris un bon coup.

« Sandra ! Tu es là ! cria Mika, du couloir.

- Mika... J'ai mal à la tête, qu'est-ce qu'il se passe, c'est quoi toute cette eau ? répondit-elle.

- La coque du bateau est ouverte et l'eau y entre, il faut absolument monter sur le pont ! Ouvre la porte ! »

Sandra essaya d'ouvrir la porte, mais celle-ci était fermée. 

« Je n'y arrive pas ! Où sont les clés ? demande Sandra.

- Mais c'est toi qui les as, cherche les ! »

Sandra commença à paniquer et regarda autour d'elle, tandis que l'eau continuait de monter, doucement mais sûrement. Désormais, ses genoux se trouvaient également sous l'eau. Les commodes n'étaient quasiment plus visibles. 

Les minutes passaient, et sous les cris de Mika qui tentaient de motiver Sandra qui était en larmes, la jeune femme tenta de retrouver la clé qui était introuvable.

« Sandra... Je suis dans l'eau jusqu'aux épaules, je ne vais pas pouvoir tenir ici plus longtemps, dépêche-toi ! »

En disant cela, il tentait de donner des coups dans la porte, mais l'eau l'empêchait de frapper fortement la porte : ses mouvements étaient beaucoup trop ralentis.

Sandra pleurait, et essaya de tenir debout afin de ne pas plonger sous l'eau. Les deux tiers de la pièce étaient remplis, et Sandra craignait mourir noyée.

« Sandra... Je t'aime... 

- Moi aussi, Mika... Ne me laisse pas là, je t'en supplie, sauve-moi...

- Je suis... désolé... Je ne peux rien faire mon amour, s'il te plaît, pardonne-moi... Je t'aime, je ne veux pas te perdre... 

- Mika... ! Ne pars pas ! 

- Je suis désolé... »

Sandra cria à maintes reprises le nom de son copain, mais ce dernier ne répondit plus. L'eau continuait de monter, tout comme la tristesse et le désarroi dans le cœur de la condamnée.

Sandra ferma les yeux et attendit... Elle ne pouvait plus rien faire, et se laissa bercer par les mouvements de l'eau, avant de rejoindre les profondeurs maritimes, comme trois autres personnes qui ne purent être sauvées. 

Paradisiaque, avait-elle dit. « Ce sera paradisiaque ! Allez, allez, viens avec moi ! »

Sandra Lurn, 1993-2016, noyée. 

La mort, une fin communeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant