18. Johana

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Johana était amoureuse. Oui, cette pauvre adolescente naïve et innocente avait succombé à l'amour. Pourquoi Cupidon l'avait-t-il touché ? Elle ne méritait pas cette souffrance qui la rongeait désormais.

Apparemment, d'après son entourage, l'amour était quelque chose de bénéfique, de magique, une vraie source de bonheur. Johana ne voyait pas ça comme ça : comment pouvait-elle être heureuse alors que les sentiments qu'elle éprouvait n'étaient pas réciproques ?

Au début, elle y avait cru. Le gars s'était foutu d'elle. Clairement. Il lui avait fait croire qu'il l'aimait, il lui avait dit et fait des choses qui ne trompaient pas. Mais ce garçon était un très bon comédien.

Pourquoi avait-il joué ce jeu ? Aucune idée. Johana n'en savait rien, mais elle savait qu'il était à bannir de sa vie désormais, mais... elle n'arrivait pas à l'oublier.

Rah... L'amour... Et dire que c'est censé donner des ailes. Johana les a plutôt perdues. Un ange déchu : c'était ce qu'elle était devenue. Elle avait perdu toute étincelle dans ses yeux, elle avait perdu la joie de vivre; ses amis s'en étaient rendus compte mais... aucun n'essaya de l'aider, car personne ne s'inquiétait réellement de son état : après tout, l'adolescence, ça a toujours été compliqué.

Alors c'est avec une certaine mélancolie et des regrets intenses que Johana, une boîte remplie de gélules à la main, voulut cesser tout ça. Elle y avait songé. Très longtemps d'ailleurs.

Elle avait besoin de se sentir bien, de se sentir mieux, en paix. Les démons étaient en elle, les démons de la peur, de la haine, de l'angoisse et de la solitude. Elle ne pouvait plus vivre de la sorte alors... 

Une poignée. Il y avait 5 gélules au creux de sa main. Elle hésita. 5, était-ce assez pour mettre fin à une vie ? 

Elle en rajouta 5 autres. 

10 gélules.

Elle n'aimait pas les médicaments, mais pour une fois qu'elle était motivée à en prendre... Sa mère se plaignait tout le temps du fait que sa fille ne prenait jamais ses médicaments. Cette fois-ci, Johana allait rattraper son retard.

« Désolée... »

Cul-sec, comme des smarties, elle ingurgita tout. Un verre d'eau à côté d'elle, elle l'attrapa pour faire passer cette clé au paradis dans sa gorge qui brûlait. Elle s'allongea sur son lit, les mains sur son ventre, et ferma ses yeux. Une vraie belle au bois dormant, mais cette fois-ci, elle ne dormira pas que 100 ans.

Johana Hourz, suicide, 1999-2016.

La mort, une fin communeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant