Elle pleurait depuis déjà deux longues heures sur ce pont dontelle ne connaissait même pas l'existence quelques temps plus tôt. Cela faisait deux longues heures qu'elle espérait que ce n'était qu'un cauchemar.
Pauline, jeune adolescente de 16 ans, déçue de son premier amour avec Henry. Elle venait de découvrir qu'il la trompait avec sa meilleure amie; elle ne pouvait pas supporter les voir ensemble. Comment a-t-elle fait pour découvrir cette trahison de la part du garçon qui lui avait fait découvrir l'amour ? Par simple SMS.
Pauline n'était pas jalouse, ni curieuse, mais lorsque le téléphone portable de son chéri qui, à ce moment là, se lavait, elle ne put s'empêcher d'y jeter un œil. Quelle était alors la surprise lorsqu'elle découvrit le fameux "Mon amour, tu me manques, tu reviens quand ? <3" d'un numéro qu'elle connaissait par cœur, celui de Solène, son amie depuis toute petite. Elle était tombée de haut, de très très haut. Elle avait l'impression que tous ses projets et son amour qu'elle portait au fond d'elle depuis des mois venaient de disparaître en un millième de seconde, comme si tout ce qu'elle avait vécu n'était que mensonge, mirage, trahison. Sa poitrine lui avait serré et lorsque Henry sortit de la douche, une serviette autour de la taille, Pauline ne put s'empêcher de l'imaginer nu sur sa meilleure amie qui était également sa confidente et la seule personne en qui elle avait confiance à 100%.
Ni une, ni deux, elle balança le portable d'Henry contre le mur et hurla de toutes ses forces avant de sortir de la pièce, sous le regard interloqué de son ex petit-ami. Elle ne lui avait rien dit, ni même insulté, elle était simplement partie de l'endroit où -peut-être- Henry et Solène avaient eu leur relation secrète.
Pauline avait couru durant plusieurs dizaines de minutes dans les rues qu'elles ne connaissaient, à la recherche d'un échappatoire, d'un moyen de fuir la réalité ou même de les oublier, ce qui ne pouvait pas se produire.
C'était comme ça qu'elle s'était retrouvée sur ce pont, en train de pleurer, longuement mais silencieusement. Personne ne pouvait la voir, elle était cachée par les rambardes. Le pont se trouvait au-dessus de l'autoroute où roulaient des voitures, sûrement en train de partir en vacances. En effet, il était seulement 3 heures de l'après-midi, en plein mois de juillet. Il faisait chaud, très chaud, voire beaucoup trop pour permettre à Pauline de respirer convenablement. Elle faisait des soubresauts, comme si elle riait, la tête sur ses genoux. Recroquevillée sur elle-même, elle se remémorait tous les bons souvenirs qu'elle avait eu avec Henry, mais dès qu'elle se fiait à la réalité actuelle, elle revoyait le SMS qu'avait reçu Henry, ainsi que le visage de sa prétendue « amie ».
Pauline suffoquait et dut se relever pour respirer à l'air libre. Elle pouvait voir l'horizon qui n'était pas si beau que ça. De chaque côté de l'autoroute : des arbres, comme si les lignées de béton traversaient une forêt. Sans même réfléchir ni même s'en rendre compte, Pauline venait de monter sur la rambardes qui étaient sensées sécuriser le passage d'un côté à l'autre du flux de transport. Elle avait les bras levés, écartés, et ne semblait pas avoir peur du vide. Elle sanglotait encore, mais beaucoup moins, puis un sourire apparut sur son doux visage. Elle entrouvrit les lèvres et chuchota de façon inaudible « Je vous aimais » avant de se laisser tomber en avant.
La mort fut immédiate. La faucheuse fut conquise et les conducteurs choqués. La famille, démolie. Henry et Solène, coupables. Une mort mais des dizaines de personnes n'étaient pas près de se remettre de ce décès qui, au moins, fut immédiat.
Pauline Ham, 1999-2015, suicide.
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La mort, une fin commune
General FictionLa mort, autant crainte qu'inévitable. 10 ans, 20 ans, 40 ans, 60 ans, peu importe, tout le monde y passe. On a beau essayer d'y échapper, on succombe tous à cette faucheuse. La vie n'est rien sans la mort, tout comme la mort n'est rien sans la vie...