La mort, une fin commune

16. Joé

C'était sa quinzième de la journée, pourtant il n'était que onze du matin. Quinze cigarettes fumées en moins de deux heures. Un vrai pompier comme disait son père. Joé, qui était désormais âgé de quarante-et-un ans, avait commencé à fumer lors de ses douze ans, pour « faire comme tout le monde ». Il voulait être bien vu, il voulait la popularité, alors il suivait son groupe d'amis qui n'était vraiment pas apprécié des parents. 

Il avait goûté, il n'avait pas aimé. Mais il continuait quand même à fumer, pour ne pas être pris pour une « tapette » comme Geoffrey, celui qui avait crapoté comme un « looser ». Donc Joé en a fumé une, puis deux, puis trois...

Les semaines suivaient, et la dépendance se faisait ressentir : durant les vacances, il ne pouvait pas s'empêcher de tenir un stylo, une paille ou bien un cure-dent entre ses lèvres. Douze ans... et déjà accroc à la cigarette. 

Sa mère s'en était rendue compte très rapidement et l'avait grondé. Cela n'empêcha pas Joé de continuer. Aucun de ses deux parents ne fumaient à l'époque, pourtant le fils piquait déjà à plusieurs reprises dans le tabac de sa tante. Il volait sa propre famille pour ses consommations personnelles. Égoïste ? Non. Simplement jeune, voilà tout.

Mais c'est cette jeunesse qui avait amené jusqu'ici Joé, à fumer une cinquantaine de cigarettes par jour, allant parfois jusqu'à soixante. C'est fou, non ? 

Joé avait un cancer du poumon qui n'était pas diagnostiqué. Il fallait avouer que Joé détester les médecins, mais cela causa sa perte, ce jour-là, alors qu'il entamait sa quinzième cigarette dans son canapé. Une toux persistante puis des rejets de sang. Comment réagir à ça ? De toute façon, il n'eut pas le temps de réagir que le pauvre Joé succomba à cette drogue légalisée, laissant derrière lui que des mégots déposés subtilement sur son tapis et une odeur forte, très forte, imprégnée dans les tissus de ses rideaux.

Joé Grant, 1975-2016, cancer du poumon.