Le temps était maussade et Céline le savait. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle elle s'était enfermée chez elle avec comme seule compagnie son petit chat âgé de 2 ans. Elle était encore en pyjama et ne comptait pas s'habiller. Elle se doutait que personne ne viendrait lui rendre visite dans son petit appartement, vu la grêle qui fouettait les rues de Dunkerque en ce mois d'octobre.
Allongée dans son canapé, une jambe en l'air, elle caressait son chat qui s'était enroulé paresseusement sur son ventre. Elle souriait en l'entendant ronronner sous ses caresses. Le chausson violet qu'elle portait à son pied tomba sur sa tête. Elle sursauta, faisant fuir le chat, apeuré par le cri que venait de faire Céline.
« C'est ça de jouer avec ses pieds en l'air.. ! » se plaignit-elle elle-même.
Elle se releva et enfila de nouveau son chausson qui s'était faufilé sous la table basse. Elle marcha d'une manière nonchalante jusqu'à la cuisine et, apercevant l'heure sur l'horloge de la cuisine, décida de se préparer à manger. Elle alluma le gaz et posa une poêle dessus en prenant soin d'y ajouter un bloc de margarine. Elle voulait se préparer une omelette au jambon. Elle adorait cela. C'était sa mère qui l'avait initié à cuisiner et c'était également elle qui lui avait donné tant de passion dans les recettes. Céline était cuisinière dans un restaurant qui se trouvait à deux pas de chez elle. Elle commença à rêvasser en repensant aux enfants qu'elle n'avait jamais eus et à tous ces garçons avec qui elle avait eu des aventures, toutes finies par un échec cinglant. Elle avait renoncé à l'amour, craignant souffrir davantage.
Sans s'y attendre, quelqu'un frappa à la porte. Céline lança un regard à son chat et lui demanda qui cela pouvait-il bien être. Bien évidemment, le chat ne donna aucune réponse et se contenta de lécher sa patte. La femme roula des yeux, se coiffa rapidement devant le miroir du couloir principal puis ouvrit la porte. La silhouette d'un inconnu apparut sous ses yeux.
« Bonjour, je suis le facteur. Je me suis permis d'entrer dans l'immeuble car il fait trop froid dehors. Tenez, votre courrier. »
La femme lui sourit, compréhensive, et attrapa les multiples factures qu'elle devait encore payer. Le facteur la salua et partit voir le voisin de palier. Céline referma la porte, posa les enveloppes sur la table de salle à manger et alla dans la cuisine. Elle aperçut son paquet de cigarette sur le plan de travail. Elle était fortement tentée d'en prendre une, mais elle s'était promise de réduire sa consommation. Elle en avait déjà fumé quatre depuis la matinée et ne voulait pas monter au-dessus de 5 cigarettes par jour. C'était un sacré challenge, mais elle voulait y arriver, cependant elle n'eut pas le courage de quitter ce paquet des yeux. Elle haussa des épaules et remit le challenge au lendemain avant de s'emparer d'une cigarette qu'elle mit entre ses lèvres et d'un briquet.
Ce que Céline n'avait pas remarqué, c'était qu'elle avait mal allumé son gaz. Elle était enrhumée depuis deux jours et ne sentait aucunement la mauvaise odeur qui commençait à empester la maison, celle du gaz, prêt à faire exploser l'appartement. Il ne suffisait que d'une étincelle pour faire un feu d'artifice, et Céline s'y préparait. Le chat fuyait dans la chambre de la femme afin de fuir l'inévitable. Céline plaça le briquet devant sa cigarette, et en un mouvement de doigt, la mort s'empara d'elle.
Céline Grant, 1981-2015, incendie.
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La mort, une fin commune
General FictionLa mort, autant crainte qu'inévitable. 10 ans, 20 ans, 40 ans, 60 ans, peu importe, tout le monde y passe. On a beau essayer d'y échapper, on succombe tous à cette faucheuse. La vie n'est rien sans la mort, tout comme la mort n'est rien sans la vie...