Vingt-trois jours.
Elle n'était pas sure, mais il semblait qu'elle n'avait pas mangé depuis vingt-trois jours. Peut-être vingt-quatre. Elle ne savait plus ce qu'avait le goût de la viande, du riz, du maïs. Non, rien de tout ça. Sa seule nourriture était l'eau, et encore, si on pouvait appeler ça de la nourriture. Elle avait un verre d'eau toutes les douze heures, afin de ne pas trop puiser dans le puits commun.
Ceci était le quotidien d'Inaya et sa famille, habitant Centrafrique. Ils vivaient dans une des villes les plus pauvres au monde, et c'était extrêmement dur de survivre dans ce cas là. Inaya ne pesait que 28 kilos. Ses côtés se percevaient lorsqu'elle retirait son haut, et ses bras étaient aussi fins que ses jambes. Son corps était affreusement hideux, et elle le savait, cependant, elle ne pouvait rien faire pour y remédier.
La chaleur n'aidait pas du tout à la survie. D'autant plus qu'elle venait d'apprendre que son oncle était décédé la veille, brûlant sur la terre sèche. Elle avait pleuré toute la nuit et elle savait qu'elle était la prochaine sur la liste. Elle avait beau rester à l'ombre, sous les bouts de tissu qui lui faisaient un toit, elle suait les dernières gouttes d'eau qu'elle avait bu le matin même.
Elle toussa, toussa beaucoup, sous les yeux de sa mère qui ne s'inquiéta pas, car elle avait l'habitude de toutes ces choses. Pourtant, cette fois-ci, il aurait fallu s'inquiéter. Inaya tomba au sol, étant prise d'un malaise. Elle convulsait violemment. Sa mère alerta alors toute la famille pour demander de l'aide, mais Inaya cessa tout mouvement avant l'arrivée de son père qui découvrit, sous ses yeux ébahis, la corps inerte de sa petite fille adorée.
Inaya, 2004-2016, famine.
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La mort, une fin commune
General FictionLa mort, autant crainte qu'inévitable. 10 ans, 20 ans, 40 ans, 60 ans, peu importe, tout le monde y passe. On a beau essayer d'y échapper, on succombe tous à cette faucheuse. La vie n'est rien sans la mort, tout comme la mort n'est rien sans la vie...