Deuxième journée de cours pour Rafid. Le stress monte davantage lorsqu'il se retrouve à l'arrêt de bus, là ou attendaient déjà plusieurs adolescents. Rafid avait déménagé durant les vacances de Pâques et avait intégré un nouveau lycée. Il pensait que tout allait bien se passer mais sa première journée avait été horrible. Il avait reçu des dizaines de critiques dans la journée à cause du teint de sa peau. Oui, Rafid était africain et avait donc une peau brune, très foncée, ce qui déplaisait à ses camarades. Il avait intégré une classe de première S, filière dans laquelle il excellait.
Les harcèlement dont il avait été victime avaient perduré toute la journée mais il n'avait pas osé en parler à ses parents, par peur d'être traiter comme un bon à rien, comme un garçon ne sachant pas se défendre. Il l'était, il le savait. Il n'avait jamais eu recours à la violence et il ne savait pas se battre. Cela se voyait dans sa manière de marcher, de parler. Il était synonyme de gentillesse et de bonté, et dans un milieu comme celui où il venait d'emménager, c'était les méchants qui gagnaient.
Il patientait, adossé au mur en brique qu'était celui d'une usine abandonnée, attendant patiemment son bus. Deux adolescents que Rafid avait aperçu la veille arrivèrent vers lui et commencèrent à le taquiner, gentiment au début, mais devenant de plus en plus racistes. Les propos passaient du surnom « mon chocolat » jusqu'à sa comparaison avec les singes, les bananes ainsi que tout ce qui s'en suivait. Rafid ne voulait pas subir davantage ces critiques et décida de rentrer chez lui, cependant, les adolescents qui étaient autour de lui n'avaient pas l'air d'accord à cette idée. Une brute du nom de Franck à la connotation française rattrapa Rafid et le jeta à terre. Les filles et les garçons aux alentours s'approchèrent, non pas pour venir aider le jeune africain qui n'avait rien demandé, mais simplement pour assister au spectacle comme ils pouvaient assister à un tour de magie.
Franck commença à l'insulter de tous les noms, sans même le connaître, et tout le monde riait, sans même lever le petit doigt pour aider le pauvre Rafid. Celui-ci tenta de prendre appui pour se relever mais Franck écrasa la main de Rafid avec son pied. Ce dernier hurla de douleur puis commença à verser une larme, sous le regard amusé des spectateurs.
« Laissez-moi.. avait-il sangloté.
- Te laisser ? Pourquoi ça ? Tu devrais être en cage sale babouin ! »
Des coups de pieds furent assénés à Rafid puis Franck fut aidé d'autres garçons aussi brutaux que le premier. Ensembles, ils mettaient Rafid en sang, qui les suppliait d'arrêter ça, mais aucun ne l'écouta. Une côté brisée, puis deux, puis trois. Une giclées de sang, puis deux, puis trois. Tout s'enchaina très vite puis vint le temps où le bus arriva. Rafid était caché derrière un buisson lors de son attaque, ce qui expliqua que le conducteur ne sortit même pas du bus pour aller voir ce qui se passait. Tous les adolescents partirent dans le bus, certains crachèrent sur le corps inerte de Rafid avant de disparaître derrière les vitres du car. Rafid n'avait pas survécu.
Les portes du bus se refermèrent. Le conducteur appuya sur l'accélérateur puis partit, laissant derrière lui le cadavre d'un jeune garçon. La faucheuse rajouta "-1" à sa liste.
Rafid Ambala, 1998-2015, décédé par coups et blessures.
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La mort, une fin commune
General FictionLa mort, autant crainte qu'inévitable. 10 ans, 20 ans, 40 ans, 60 ans, peu importe, tout le monde y passe. On a beau essayer d'y échapper, on succombe tous à cette faucheuse. La vie n'est rien sans la mort, tout comme la mort n'est rien sans la vie...