Chapitre 7:

30 3 3
                                    

New-York : 15 novembre 1962. 16h15 ( Moment présent) 

La mort se voit être un passage obligatoire vers un endroit dont personne n'a la connaissance. Certains se réfugient vers les profondeurs des textes religieux et n'en sorte plus. D'autres sont songeurs et terre à terre. Ils se contentent de garder leurs deux pieds sur les extrémités qui représentent leurs actions, leurs croyances, ou leurs choix. 

Entre autre, de ce monde semble avoir les insouciants. Des personnes ne se souciant pas de cet aller sans retour... De cet aller sans fin? 

Car au final... ne serait-ce pas un voyage sans destination ? 

Cette vie n'est-elle pas qu'illusion et mensonge ? Un mensonge représentant la dette qui nous guette de loin. 

Cette dette qui n'est autre que la faucheuse, n'attendant que la date et l'heure pour asservir l'âme des gens à qui vient le tour. 

Une surprise pour certains... Une évidence pour d'autres.

Le temps également, semble être l'allié redoutable de cette briseuse d'âme. Un temps cependant paradoxal selon les personnes qu'il domine. Selon la dimension émotionnelle où la personne se trouve et se sent.

Il peut être une souffrance interminable et en continue, pour une personne dont les épreuves s'entassent telles une pile de dossiers. 

Mais peut aussi sembler être un plaisir éternel, et où la richesse coule sous les flots. 

En somme :    Jouissant pour certains...  Accablant pour d'autre. 

Les temps sont durs, la souffrance étouffe les cœurs et leurs semblables propriétaires. Et la parole est rare. Tellement rare que l'on croit l'avoir perdu. Et pourtant... Elle est encore là. 

Cette souffrance en continue nous griffe de l'intérieur, sans épargner ne serait-ce qu'un peu de répit. Elle ronge, crie, ébouillante l'âme jusqu'à en arriver à la tuer de ses propres mains... Et puis ensuite, elle prend place à n'en plus quitté. 

Au final, les seuls issus sont les mots, la voix, les phrases. La parole que l'on porte. 

À qui ? Se demanderait-on. À qui...

C'est ce que se demande Joe à son tour en observant le corps de cet homme, allongé en salle d'autopsie. À qui cet homme aurait-il pu porter sa voix ? À qui aurait-il pu se confier ? 

La main dans la poche et un calepin dans l'autre, il observe le corps de la victime sans dire un mot. Dans cette salle, pas un son ne semble effleurer une oreille. Ce silence de mort y prend donc, tout son sens. Mis à part le froid qui semble un tantinet irrité l'extrémité des doigts de Joe, rien d'anormal n'y parait.

Munit d'un chapeau et d'un costume à carreau au sous ton marronné, il tourne lentement autour de la table d'autopsie, afin d'observer cet homme sous tous les aspects. Son regard se fronce et s'intensifie au fur et à mesure des détails horrifiques s'offrant à lui.

Au fond, il n'y a donc qu'uniquement les pas de ses souliers fragmentant ce silence. Pas après pas, Joe laisse un espace de 3 secondes avant d'effectuer le prochain. 

L'atmosphère y est pesant et bien qu'il fasse froid, étouffant à quiconque y entre pour une durée indéterminée. 

La moisissure a envahit les recoins des murs et l'humidité prend place. L'odeur y est désagréable quand bien même les cadavres sont lavés et enveloppés d'un produit chimique . 

Les tables d'autopsie entourent Joe. Des tables munis de voile blanc. Signe que la faucheuse n'attend que son heure pour asservir son âme... Peut-être qu'elle est même présente. Peut-être qu'elle l'observe également, attendant impatiemment son voyage vers le non retour.

LE ROI DE HARLEMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant