Chapitre 44 - Les élucubrations des écroués

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Anna et François étaient sans voix depuis le départ de Ponce. Il avait laissé derrière lui un suspense insoutenable, presque sadique. Que voulait-il leur annoncer ?

Anna cogitait. L'enfermement devenait plus dur avec la solitude et l'absence. François lui aussi gardait le silence. Chacun se demandait ce que pensait l'autre.

Anna se décida à rompre la glace.

— François ?

— ....

—  Heu.... François ? T'es là ? Ça va ?

— Mmmmm....oui oui...ça va... Grommela-t-il froidement.

— Tu penses qu'il voulait nous dire quoi Ponce de si important ? Et pourquoi il nous laisse mariner ?

—  Je sais pas. Et c'est justement ce qui me travaille ! Si ça se trouve on a pris perpét' ! C'est pour ça qu'il s'est amusé avec nous ! Pour nous torturer. Il savourait sa vengeance ! Et l'autre Rafeu devait bien se marrer aussi de nous faire languir. Enfin...on est bel et bien pris au piège ! On est à leur merci. Il nous reste plus qu'à prier !

—  Oh ! Si ça se trouve c'est pas si grave ! On va juste aller sur la chaise électrique et cramer comme des saucisses qu'on laisse trop longtemps sur le barbecue ! Haha !

—  Mais ça va pas de dire ça ! C'est pas drôle Anna ! s'énerva François.

—  Mais ça va ! Ne stresse pas mon chéri ! On peut rien nous reprocher ! T'inquiètes pas !

— C'est incroyable ta facilité à te détacher des choses graves toi !

— Pffff ! Toi t'es trop prise de tête !

—  N'importe quoi ! C'est même pas vrai !

On aurait dit deux collégiens qui se chamaillent gentiment alors qu'ils s'adorent.

—  François....il faut tenir bon ! On est plus forts que ça ! Et toi, tu as supporté bien pire !

François garda le silence.

— Bon, reprit Anna, tu sais quoi, on va faire quelque chose : on va se dire des trucs cool à propos de la prison ! On va désacraliser le truc quoi ! Casser le concept ! Tu vois ? On doit bien avoir des histoires en tête ! Des répliques ! Des anecdotes ! Des citations ! ...
...Bon Je commence ! J'en ai une :

Et elle prit la voix chevrotante du père Fouras :

— "Il y a des gens qui se sentent prisonniers quand ils pourraient traverser l'espace, et d'autres à qui il suffit de pouvoir penser ou écrire pour se sentir libres dans une cellule "

Et elle reprit sa voix :

— C'est beau non ? Allez à toi François !

François restait encore pensif et silencieux, mais souriant de cette imitation grotesque.

— Fraaaaannnnçoiiiis ???? Insista Anna

Et François finit par céder et prit la voix du Grand Schtroumpf pour dire :

— "La solitude est une prison." !!

— Ah oui ! Pas mal ! Bien trouvé ! Et super ton imitation ! Heu moi je vais dire : "La timidité est la prison du cœur."

—  Mouais c'est pas mal ! marmonna François du bout des lèvres.

— Ben dis-donc toi ! t'es drôlement avare en compliments !

—  Désolé Anna ! Est-ce que tu connais celle là : "La prison n'est qu'un espace muré qui cache les échecs de la société."

— Hé ! Bravo ! Tu te prends au jeu on dirait !

MONTEZ ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant