Partie 1: Predictable but unexpected storm is yet to come / Chapitre 6

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29 Novembre N-1, 23H23 - Appartement d'Apollo Justice


Apollo

Je me frotte les yeux pour tenter de les maintenir ouvert mais la fatigue est trop pesante sur mes paupières, c'est peine perdu... Je baille pour la quatrième fois en peu de temps, et je comprends que c'est l'heure pour moi d'aller dormir. Pourquoi continuer à lutter ? Cela fait un quart d'heure que je suis bloqué sur le même paragraphe ! Je place le marque page puis referme le livre que j'ai emprunté à Trucy la veille, L'Eternel Mystificateur.

C'est une biographie d'un célèbre magicien, et L'Eternel Mystificateur était son nom de scène. Malgré son jeune âge, il a totalement révolutionné le concept de la magie, l'élevant à un tout autre niveau... Il aurait déclaré, lors de sa dernière représentation, qu'il serait son ultime tour avant de s'évanouir devant son public. Le grand mystère ne réside pas dans sa disparition mais davantage dans ce qu'il est advenu de lui car personne n'a plus jamais entendu parlé de L'Eternel Mystificateur après ça. Je pose l'ouvrage sur ma table de chevet et m'allonge. Beaucoup de rumeurs ont erré sur les raisons qui l'ont poussé à quitter les projecteurs il y a vingt-deux ans. A mon avis, il a simplement prit sa retraite dans une effusion théâtrale dramatique dont les magiciens ont le secret.

Au moment où je m'apprête à sombrer, on frappe. Je me redresse difficilement et déclare :

Apollo : Entre, je t'en prie.

La porte s'ouvre timidement, et la silhouette de Trucy vêtue de son pyjama bleu ciel apparaît près de l'encadrement de la porte, jouant nerveusement avec ses doigts. Je constate que ses traits sont tirés et déformés par l'épuisement, elle récupère si peu qu'elle va finir par tomber malade si ça continue ainsi.

Trucy : J'ai... vu de la lumière alors, je me suis dit que tu étais toujours réveillé... Je te dérange ?

Apollo : Non voyons, que se passe-t-il ? C'est l'orage qui t'inquiète ?

Trucy : Pas vraiment. A vrai dire, observer une tempête, écouter les bruits qu'elle provoque, la ressentir au plus profond de soi, et bien... ça m'aide à me calmer généralement, c'est étrange, n'est-ce pas ?

Apollo : Pas le moins du monde Trucy.

Je vois ses épaules s'affaisser subtilement, comme si elle était soulagée que je la comprenne.

Trucy : Je... Aujourd'hui, la tempête n'est pas suffisante pour me détendre. Je n'arrive pas à trouver le sommeil Pollo.

Apollo : Tu veux des cachets ? Il me semble que j'en ai dans l'armoire à pharmacie.

Trucy : Non, c'est gentil, je voulais savoir si je ne pouvais pas plutôt... rester dormir ici, avec toi ?

L'étonnement me prend légèrement de court. Ne sommes-nous pas un peu vieux pour ce genre de choses ? Enfin... Si ça peut l'aider à se reposer, je peux bien accepter j'imagine. Je lui souris chaleureusement – bien qu'un peu pris au dépourvu – et me pousse, sans un mot de plus, vers une moitié distincte du lit.

Ses yeux brillent lorsqu'elle s'approche et s'allonge à mes côtés. Elle ferme les yeux l'instant suivant, je m'occupe donc de la couvrir doucement. Il me semble avoir lu, un jour, quelque part, que bercer un adulte avait des effets bénéfiques. J'ignore la véracité des résultats de ces études qui ont été menées mais sait-on jamais, si cela peut l'apaiser ne serait-ce que brièvement, je me dois d'essayer.

Au bout de quelques minutes, je réalise que je fredonne l'air de la berceuse « you are my sunshine » de Christina Perri. Sa chanson préférée... Je me cache le visage d'une main et me mord la lèvre inférieure pour éviter qu'elle ne tremble. Trucy me soustrait à mes pénibles souvenirs en murmurant de manière quasi inaudible :

Souhait & Volte-faceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant