Souhait & Volte-face

Partie 2: Case FV-8 / Chapitre 10

21 Juin, 11H26 - Manoir Gramarye / Extérieur

Apollo

Ces procureurs savent comment se faire désirer !

Nous sommes devant le Manoir Gramarye depuis bientôt vingt minutes, et Gavin et Edgeworth ne sont toujours pas arrivés. Wright a déjà laissé plusieurs messages à ce dernier – puisqu'il ne parvient pas à le joindre. Ses épaules sont raides, et il semble alarmé ; . Je ne saisis pas l'ampleur de ce qu'il se passe ici mais je n'aime vraiment pas ça... Devrions-nous nous inquiéter également ? Y aurait-il un danger latent ?

Je guette la réaction de Trucy afin de savoir ce qu'elle en pense et si, par hasard, elle est sur la même longueur d'ondes que moi. Argh. J'avais omis un détails... Trucy m'en veut d'avoir invité son père à se joindre à nous, sans l'avoir consulté au préalable. J'ai tenté de me justifier avec les indications précisées dans la lettre mais ça n'a pas suffi visiblement.

Wright s'éloigne, la mine grave, et le portable collé à l'oreille. J'observe la vue aux alentours, il faut se l'avouer, c'est splendide. Il n'y a que de l'herbe, des arbres et d'autres manoirs à l'horizon, ce qui change considé­rablement de la ville et de ses gratte-ciels. Trucy choisit cet instant pour m'interpeler :

Trucy : Pourquoi est-il ici, avec nous, Apollo ?

Apollo : Essaie d'abord de réfuter ce que je m'apprête à t'annoncer Trucy. Ensuite, en principe, tu devrais avoir naturellement la réponse à ta question.

Trucy : Je t'écoute.

Apollo : Au fond de toi, tu es heureuse qu'il soit là, n'est-ce pas ? Tu voulais irrémédiablement passer cette journée avec ton oncle, ton père, le procureur Gavin et moi, pas vrai ?

Elle baisse les yeux, un sourire naît de lui-même sur mes lèvres. Je pose l'une de mes mains sur son bras et elle relève la tête en conséquence.

Apollo : Bon anniversaire, petite sœur.

Trucy : Merci, Pollo.

Une musique, reconnaissable entre mille, parvient à nos oreilles et se fait graduellement plus intense ! Trucy et moi cherchons du regard la moto de Gavin. Nous l'apercevons finalement arrivé au loin sur un air de Guilty Love. Quelle entrée en scène extravagante... Là où je suis exaspéré par ce comportement arrogant, Trucy, elle, est émerveillée ! Il retire son casque, une fois à l'arrêt, et descend de son moyen de transport tape-à-l'œil.

Klavier : Bon anniversaire Fräulein ! Navré du retard, il y avait des déviations suite à la fermeture de la route principale. Herr Forehead, Herr Wright, bonjour.

Trucy : Bonjour Klavier, merci !

Phoenix : Bonjour, procureur Gavin.

Je le salue d'un simple geste de la main. Je n'avais pas remarqué que Wright était revenu ! Qu'a donné sa tentative ce coup-ci ?

Phoenix : As-tu une idée d'où se trouve ton patron ?

Klavier : Attendez, vous voulez dire que... il ne s'est pas encore manifesté ?

La respiration de Wright, à mes côtés, se fait plus lourde. J'en conclus qu'il a essuyé un nouvel échec.

Il est presque treize heures lorsqu'une voiture, à la teinte particulière, apparaît dans notre champ de vision. Wright expire silencieusement tout l'air que peuvent contenir ses poumons, comme s'il avait été en apnée jusque-là. Je constate, à sa carrure relâchée, que la pression a disparu. Je n'ai jamais vu quelqu'un aussi soulagé par une couleur !

Edgeworth gare la voiture et en sort, les mains dans les poches. Des paroles d'une chanson qui ne m'est pas familière, sortent de la radio – dont le volume est certainement à fond – Mais c'est quoi leur problème à ces procureurs !? A se permettre de ménager leur entrée de la sorte alors qu'ils sont en retard.

Miles : Pardonnez mon ajournement de dernière minute, j'ai été retenu ailleurs. Bonjour et bon anniversaire à toi Trucy.

Trucy : Je suis contente que tu sois venu !

Phoenix : Edgeworth, est-ce qu'on peut se parler ?

Il acquiesce et prend lesoin de fermer sa voiture avant de le suivre à part.

Plus loin dans le domaine Gramarye

Phoenix : Bon sang mais où étais-tu passé !?

Miles : Quel est le problème ?

Phoenix : J'espère que tu plaisantes ! J'ai dû te laisser une bonne dizaine de messages !

Miles : J'ai reçu ton premier appel, en effet, puis j'ai éteint mon portable parce que j'étais occupé.

Phoenix : Occupé à quoi Edgeworth ?

Miles : J'ai l'impression que tu as souvent tendance à oublier que j'ai des responsabilités Wright. Mon emploi du temps ne te concerne en rien, mais si tu insistes pour savoir, figure-toi que j'étais au tribunal.

Phoenix : Au tribunal ?

Miles : Il y a de l'écho ? Oui, Wright, au tribunal ! L'un de mes procureurs en charge d'un dossier pointilleux ne s'est pas présenté devant la Cour. J'ai envoyé Gumshoe à sa recherche dès que la juge Courtney m'en a informé, et j'ai pris la relève pour ce premier jour de procès car un report d'audience n'était pas envisageable. La presse garde un œil sur nous donc on ne peut pas se permettre de se relâcher avant qu'un verdict n'ait été prononcé.

Phoenix : L'affaire concernant le laboratoire sécurisé où quelqu'un a pénétré par effraction ?

Miles : Précisément. L'enquête est toujours en cours, je ne peux donc pas t'en dire davantage.

Phoenix : Je ne t'en demanderai pas plus, tu as raison, ça ne me regarde pas. En revanche, je suis impliqué dans le dossier FV-8... Est-ce qu'il t'a recontacté ?

Miles : Je vois. C'est pour cela que tu étais agité, tu pensais que j'étais en sa compagnie ? Ce n'était pas le cas, rassure-toi. Le rendez-vous n'a même pas été planifié à l'heure où nous discutons.

Phoenix : Edgeworth, en toute impartialité, tu crois que... Le Cinquième As pourrait être au courant ?

Miles : Je sais que je t'ai demandé ton aide pour cette affaire, sauf que tu peux t'en soustraire si-

Phoenix : Hors de question ! J'en suis, j'en reste. Je ne vais pas t'abandonner alors que tu risques ta vie ! Il m'est inconcevable de te perdre Miles. Je refuse catégoriquement de déserter à un moment si crucial !

Edgeworth affiche un air surpris l'espace d'un instant, aurais-je prononcé des paroles pouvant prêter à confusion ? Je n'en ai pas eu le sentiment pourtant... Il relâche ses épaules et ses traits s'adoucissent tandis que ses lèvres esquisse un léger sourire espiègle.

Miles : Tu es décidément imprévisible. Ta fille a de qui tenir, je te le certifie. Soyons patient pour la suite et allons profiter de son anniversaire, veux-tu ?

J'acquiesce, néanmoins nerveux. Nous partons finalement rejoindre le procureur Gavin, Apollo et Trucy qui sont déjà entrés dans le Manoir Gramarye.

L'Affaire FV-8.

Les médias s'y sont donnés à cœur joie pour baptiser cet assassin Le Cinquième As.

La police est à sa poursuite depuis deux décennies, mais le dossier a été classé par manque de preuves et de témoins. Edgeworth a réussi à rouvrir l'enquête il y a quatre ans suite à l'obtention de nouveaux indices.

C'est un criminel recherché sur le territoire national et, selon des sources fiables, il serait dans le coin.