Souhait & Volte-face

Partie 3: Ace of Trick / Chapitre 24

Poste de Contrôle

Trucy

Trucy : ...Une blessure ça ne se guérit pas, ça se traite. Après un traumatisme, qu'il soit physique ou mental, aucun mot, ni aucun geste n'est suffisant. Du moins, dans l'immédiat. Suite à une plaie corporelle, la douleur est atténuée à l'aide d'anesthésie ou de médicaments. Pour une lésion psychique, un dialogue est entamé. Cependant... Seul le Temps est en mesure de nous soigner car, afin de guérir, une blessure doit cicatriser. Nous devons nous armer de patience, bien que nous ne sachions pas si nous pourrons vraiment en profiter, puisque nul ne sait combien de grains il reste dans le sablier.

Ace of Trick : C'est fort intéressant. Ainsi donc... La vie bascule entre rétablissement et trépas d'après toi ? Il semblerait que tu n'intègres pas l'espoir comme valeur dans ton équation. Pourquoi cela ?

Trucy : La question qui demeure n'est pas de savoir ce qu'il advient de l'espoir mais plutôt de ce qui arrivera en premier entre notre salut et notre perdition.

Ace of Trick : Décidemment, tu restes une véritable énigme à mes yeux, mini Wright.

Trucy : Je vous retourne le compliment, Ace of Trick.

Le silence s'installe. Le malaise perdure.

J'en profite pour réaliser une rapide introspection... Je suis frustrée de ne pas parvenir à anticiper son plan, dans le but de le déjouer. Je suis en colère à l'idée que cette situation aurait pu être évitée, si Papa était davantage prompt à la discussion, concernant les dossiers sensibles sur lesquels il travaille ! Je suis à la fois choquée que Pollo ait perdu une connaissance et chagrinée qu'il n'ait pas eu suffisamment confiance en moi pour la mentionner. J'ai conscience qu'il pourrait s'en prendre à eux si je ne lui obéis pas et cela me terrifie. Oui, je suis terrifiée... A-Alors quelle est cette sensation contradictoire ? Je ne saisis pas... Une infime partie de mon être paraît presque env-

Ace of Trick : Très chère.

Trucy : Ah ! P-Pardon ?

Ace of Trick : Je réclamais ton avis sur la société et pourquoi nous ne pleurons pas en public.

Trucy : Cela me semble évident... Le monde est corrompu. Il l'est depuis que le profit l'emporte sur l'humain, car les chiffres sont plus malléables que les sentiments. Dans une société où le savoir est le pouvoir, l'information est manipulée ; comme pour un tour de magie lorsqu'on y pense. En tant que spectateur, nous ne savons pas tout de ce qu'il se passe sur scène. Juste l'essentiel et l'essentiel n'est rien d'autre qu'une illusion. Nous sommes bercés par des mensonges, et dans un monde pareil, nos pleurs ne sont-ils pas l'unique chose vrai ? Ils contiennent nos faiblesses, nos rêves brisés, nos espoirs perdus. Les larmes d'autrui nous renvoient vers notre propre humanité ou de ce qu'il en reste... Nous fermons les yeux face à cela, pour éviter d'entendre l'écho d'un cristal qui se brise, tel un cœur gelé par la douleur, qui rencontre le sol dans un éclat sourd ; Ou encore le crépitement d'un feu, si ardent, qu'il annihilerait une âme déjà consumée par des tourments au goût amer. Vous me demandez pourquoi... ? La réponse est pourtant claire. L'être humain a perdu foi en lui-même, voilà tout.

Ace of Trick prononce ma dernière phrase à plusieurs reprises, pensif. Il fait les cent pas et réalise d'habile mouvement avec sa canne. Joue-t-il un rôle ou sa personnalité est-elle naturellement extravagante ? Croit-il être un genre d'héros tragique en exauçant les vœux de ceux qui font appel à lui, certainement en ultimes recours ? Qui est-il bon sang ?