Ushuara - La chasse a commencé (Tome 1)

Chapitre 16

Ce matin, à mon réveil, Orân était seul à l'infirmerie et devait jongler entre trois patients. Je me suis levée en douceur pour ne pas brusquer mon corps fatigué, puis je l'ai rejoint pour l'aider. Je ne lui ai pas parlé, écoutant simplement ce qu'il me disait et m'apprenait. Après le départ des patients, il m'a servi un petit déjeuner que j'ai englouti avec appétit. Mon estomac criait famine et il a accueilli avec joie cette nourriture. Sheril est revenue quelques temps plus tard, le sourire aux lèvres.

— Bonjour ! Tu as bien dormi ?

Je hoche la tête en mâchant un morceau de pain au miel. Sheril vérifie rapidement mes pansements, puis s'installe sur un fauteuil en face du mien et pose ses mains croisées sur la table de bois.

— J'ai une bonne nouvelle, annonce-t-elle sur un ton qu'elle s'efforce visiblement de maintenir calme, je suis allé voir l'intendant de l'aile nord du château et il m'a dit qu'il y avait plusieurs chambres de libre.

Je l'écoute d'une oreille attentive tout en continuant de manger ma tartine.

— Il t'a attribué une chambre ce matin. Elle est un peu à l'écart des autres, à ma demande, comme ça, tu seras plus tranquille pour t'habituer à la vie ici.

— Tu pourras la décorer comme tu en as envie, précise Orân en s'asseyant avec nous, comme les jeunes que nous sauvons restent ici pour longtemps, tout a été prévu pour que vous vous sentiez bien avec nous.

Je hoche la tête, des questions par dizaines au bord des lèvres. Sheril me lance un regard doux et protecteur.

— Tu as des questions ?

— Oui, dis-je en avalant, où suis-je exactement ? Il y a un moment que je me pose la question.

C'est Orân qui me répond :

— Tu te trouves au royaume Ushuara. Ce château, nous le surnommons « la Citadelle ». C'est un lieu où réside la famille royale, dans l'aile sud, et où sont entrainés tous les Ushuaras qui le souhaitent ou qui sont amenés ici.

Ça va trop vite pour moi. A peine ais-je éliminé une question de ma longue liste, plusieurs autres la remplacent. Sheril me couvre d'un regard compatissant.

— Nous répondrons à toutes tes questions, dit-elle doucement, mais avant, j'aimerais beaucoup connaitre ton prénom.

Je les regarde tour à tour. Les seuls mots que j'ai en tête sont ceux qui forment mes interrogations.

— Anaya, je m'appelle Anaya.

— C'est un très joli prénom.

— Merci. C'est quoi un Ushuara ?

— Un ou une Ushuara, me répond Sheril, est un membre de notre peuple. Je crois que ceux de ton monde nous appellent « peuple de la lumière ».

Et tout d'un coup, ça fait tilt dans ma tête. J'ai été longue à la détente, ma parole ! Grégory m'avait pourtant parlé de ce peuple qui lui avait proposé la sécurité de leur nombre. Il m'avait fait promettre de les rejoindre pour être protégée, voilà qui est chose faite. J'expire lentement, soulagée d'un poids. Orân et Sheril attendent patiemment que j'assimile le trop-plein d'informations que je reçois en pleine figure.

— Est-ce que... j'en suis une ?

— Oui Anaya. Tu es une Ushuara. L'un de tes deux parents biologiques en était un aussi. Si tu sais quelque chose à leur sujet, peut-être qu'on pourrait les retrouver.

Je secoue la tête.

— Mes parents biologiques n'ont pas voulu de moi, expliquais-je devant les têtes étonnées du couple, j'ai grandi dans une famille adoptive qui s'est bien occupée de moi et qui m'a aidée à faire la paix avec ces parents absents. J'ai classé l'affaire aujourd'hui et je n'ai pas envie de replonger dans les émotions négatives que cette absence a causées.