Ce matin, Cassie et les garçons ont cour avec Mentor Kirao, donc je rejoins Sheril et Orân à l'infirmerie. Sheril examine mes pansements et m'annonce que mon bras est guéri. Je baisse les yeux sur l'endroit où il y avait le bandage et je ne vois plus qu'une fine cicatrice blanche et propre. Il faudra la protéger du soleil avec une pommade qu'Orân m'apprend à confectionner, pour éviter que ma peau ne brûle. Dans un mois, je n'en aurai plus besoin. Quand Sheril passe à ma tête, je frissonne. J'ai cru sentir quelque chose de doux sur ma nuque. Je tends la main vers l'arrière de ma tête et découvre une minuscule mèche de cheveux, d'à peine trois centimètres. Comment mes cheveux ont-ils pu repousser en si peu de temps ?
— Orân t'a fabriqué un onguent spécial qui aide les femmes à retrouver leurs cheveux lorsqu'elles les perdent en masse.
Ce dernier passe devant moi et me fait un clin d'œil.
— Merci, murmurais-je.
— Je te l'appliquais tous les jours, m'explique Sheril, et le fait que tu ne dépensais pas ou peu d'énergie a aidé ton corps à guérir. D'ailleurs, ta blessure à la tête sera bientôt cicatrisée, elle aussi.
Orân emballe deux pots en terre cuite dans un morceau de tissu et me le tend.
— Celui avec les motifs, c'est pour tes cheveux. L'autre pour ta cicatrice.
— Merci infiniment.
Il me sourit et me caresse la joue, d'un air bienveillant. Je ferme les yeux, calmée par ce contact paternel. Toute la journée, j'ai travaillé à l'infirmerie sous l'œil attentif de Sheril et s'Orân qui se sont largement assurés que je ne me surmène pas. J'ai rangé les étagères, préparé des médicaments, rempli puis étiqueté des pots, et j'ai aussi fait quelques bandages. Quand j'ai raconté tout cela à Cassie, elle m'a regardé d'un air envieux.
— Mentor Kirao nous a entrainés au combat au corps à corps toute la journée et comme tu n'étais pas là, je me suis retrouvée contre Josh. Si notre mentor n'avait pas été là, ce crétin de mec m'aurait sans doute fait mordre la poussière.
— Les garçons sont bêtes à cet âge-là, dis-je, ne le prend pas pour toi, même si c'est plus facile à dire qu'à faire.
Ce soir, Cassie et moi avons décidons d'aller choisir des livres à la bibliothèque. Mon amie n'est pas une grande lectrice mais j'ai réussi à la convaincre, aussi je me fais une mission de lui trouver un ou deux ouvrages à son goût. Nous parcourons les rayonnages qui s'élèvent jusqu'au plafond en voûte et je m'amuse à grimper aux échelles coulissantes. C'est fou le nombre de livres qu'il y a ici ! Je pourrais vivre ici, tiens. Je finis par dénicher un livre dans le style que je recherche et le tend à Cassie qui fouille les étagères du bas. Je réussis à m'assoir sur l'échelle (ne me demandez pas comment j'arrive à tenir) et j'attends que Cassie ait fini de lire le résumé. Elle hausse les épaules, peu convaincue.
— Mouais, pourquoi pas.
— Essaie, dis-je d'un ton encourageant, ça ne coût rien et puis rien ne t'oblige à le finir si ça ne te plait pas. Si tu savais combien d'ouvrages j'ai arrêté de lire parce que l'histoire m'avait gavée, lançais-je en remontant à l'échelle.
— Tu fais quoi ?
— Je remonte, j'en ai vu un qui me plait.
Je saisis le livre et redescends précautionneusement. Une fois de retour sur le plancher des vaches, nous regagnons nos chambres respectives d'un pas tranquille. Une fois de retour dans mon petit univers, je range les livres dans la bibliothèque et je me dirige vers ma petite salle de bains. Je quitte ma robe et me savonne tout le corps avec un gant de toilette, puis je me rince avec un grand bac d'eau chaude. Le tissu que j'ai mis devant le miroir est toujours en place, parfait. Je ne me sens toujours pas prête à voir ce à quoi je ressemble. Après tout ce temps passé dans le laboratoire, plus mon coma d'une semaine, je ne dois pas être très belle à voir. Raison de plus pour éviter mon reflet. Je me couche et éteint la sphère lumineuse au plafond. Il fait sombre dans la pièce. Je soupire et ferme les yeux. Le monde de Morphée me parait si proche... et en même temps tellement loin. Pourquoi je n'arrive pas à m'endormir ? Je me lève en râlant et rallume la lumière. Je rafle un livre au hasard dans ma bibliothèque et commence ma lecture, les nerfs en pelote. Après deux heures de lecture, je m'écroule sur le bouquin, épuisée.
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Ushuara - La chasse a commencé (Tome 1)
FantasyUne jeune fille de dix-huit ans est qualifiée de TNT sur pattes, lorsqu'elle détruit accidentellement deux des bâtiments de son lycée. Fuyant les forces de l'ordre et les équipes du GIGN, elle va se retrouver plongée dans un univers totalement incon...