Chapitre 19

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J'ai fini le conte de Laurelaï et je n'ai pas compris la fin. La fillette finit par prendre le large avec un jeune homme qui semble comprendre son mal mais qui, par moment, à l'air aussi déboussolé qu'elle. Ils partent en mer, sur un bateau à voiles, en direction de contrées inconnues et inexplorées. J'ai beau avoir aimé le livre dans l'ensemble, la fin me gâche tout. Je soupire et range le livre dans ma bibliothèque. Les autres ouvrages ne m'attirent pas, et je n'ai rien d'autre à faire ici. Je vais m'ennuyer ferme, mais pas question de mettre le nez dehors. Quelqu'un frappe à la porte et je m'allonge sur mon lit pour ne pas avoir à répondre. On frappe de nouveau mais je ne bouge pas d'un pouce. Finalement, la porte de ma chambre est déverrouillée par l'intendant Hector qui, évidemment, avait le double de la clé. Sheril le remercie et me rejoint.

— Qu'est-ce qui t'arrive Anaya ?

Je ne réponds pas. J'aime beaucoup Sheril mais là, je n'ai pas envie de parler. Les larmes me montent aux yeux et commencent à couler sur mes joues. Sheril me regarde d'un air empli de compassion tandis que je serre mon coussin dans mes bras, si fort que je rouvre ma plaie au bras. Le sang imbibe mon pansement et Sheril réagit rapidement. Elle sort une trousse de médecine, que je n'avais pas vue, et commence à me soigner. Mes pleurs et mes sanglots s'éteignent doucement mais mon cœur continue de brûler de douleur et de tristesse. Soudain, je sens quelque chose céder en moi. Comme un barrage qui s'écroule sous la pression de l'eau qu'il retient.

— J'ai détruit deux bâtiments et tué plusieurs personnes.

Sheril marque une pause dans ses gestes mais garde le silence et reprend son travail.

— Je ne l'ai pas fait exprès, dis-je alors que mes sanglots reprennent de plus belle, je voulais juste que ce crétin de Kilian et sa bande de toutous débile arrêtent de me battre. Ils m'ont traquée pendant des jours entiers et quand ils m'ont attrapée, j'ai été envoyée dans un laboratoire. Je me suis fait charcuter comme un rat de labo, comme si je ne ressentais rien.

Ces souvenirs me mon si mal que je n'ai qu'une envie : hurler.

— Je n'étais pas toute seule, là-bas, continuais-je, il y avait mon ami, il... il est mort pour que je puisse m'enfuir. Je n'ai rien voulu de tout ça.

Ma voix se brise dans ma gorge. Mes yeux me brûlent et mes lèvres tremblent. Sheril m'aide à m'allonger et me couvre avec la couverture. Je sanglote doucement tandis qu'elle chasse l'intendant Hector, resté sur le seuil. Elle ferme la porte et revient vers moi, comme une mère avec sa fille.

— Tout ce qui s'est passé n'est pas de ta faute, murmure-t-elle, tu n'y étais pour rien, Anaya.

Je hoche la tête, peu convaincue.

— Et tu verras, Mentor Kirao saura t'aider à utiliser sagement ta lumière.

Mon cœur bondit dans ma poitrine. Utiliser ? Lumière ? Plus jamais, ça non ! Je ne veux plus jamais me servir de cette horreur. Je fais mine de rien devant Sheril mais au fond, je suis en panique totale.

Je me réveille au beau milieu de la nuit, en sueur. J'étais en train de raser complètement la Citadelle et d'anéantir le peuple Ushuara tout entier... « Heureusement » ce n'était qu'un cauchemar. Mais qui pourrait devenir réalité si je ne quitte pas cet endroit tout de suite !

— Du calme, murmurais-je pour moi-même, il te faut un plan où ça finira mal.

Déjà, prévoir ce qu'il faut pour survivre seule et trouver des vêtements plus appropriés. Ensuite... qui a ouvert le portail qui a servi à Orân de me ramener ici ? Je commence à fouiller dans mes tiroirs à la recherche d'un sac, mais après avoir tout retourné, je n'en trouve pas. Tant pis, j'en fabriquerais un où je le piquerai selon l'option qui se présente en premier. On frappe soudain à la porte. J'ouvre en me demandant qui peut bien venir me voir en plein milieu de la nuit, et tombe nez à nez avec Cassie.

Ushuara - La chasse a commencé (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant