Chapitre 5

6 1 0
                                    


J'ai rapidement retrouvé mon appétit et j'ai dû faire une halte à une aire de repos pour dévorer le reste de mon sandwich. Comme j'ai encore faim et que Queen trépigne à cause d'une envie pressante, je décide de me rendre à la boutique présente en face du parking. Avant d'y aller, je prends un T-shirt et un pantalon propres, puis je passe à l'arrière de la voiture pour me changer, profitant des vitres teintées pour me cacher. Ensuite, je prends mes clés, quelques billets, attache ma chienne en laisse et sort de la voiture. Je laisse Queen se soulager sur un arbre puis je me dirrige vers les portes automatiques du magasin. Queen n'est pas la seule représentante de la catégorie « animaux de compagnie » car nous croisons un dalmatien et un caniche. Tous deux se mettent à aboyer férocement sur ma pauvre princesse qui n'a rien fait d'autre que passer. Moi qui voulais être discrète, on peut dire que c'est râpé. Je fais une razzia dans le rayon sandwich mais je me rends vite compte que je n'ai pas assez de bras. Je m'approche de la caisse, pique un sac de courses en vente et laisse tomber tous mes sandwichs dedans. Mon estomac se manifeste lorsque je traverse le rayons gâteaux mais je ne m'autorise que deux boites. Déjà que les sandwichs industriels ne sont pas le mieux pour la santé, je ne vais pas, en plus, me gaver de bonbons et de gâteaux, bien que j'en meures d'envie. Je règle tous mes achats en espèces et je note le regard intrigué de la caissière.

— Famille nombreuse, dis-je avec un sourire pour justifier la tonne de nourriture que j'ai mise dans le sac, et les garçons, ça mange beaucoup.

La vendeuse semble se détendre et sourit à son tour.

— Ne m'en parlez pas ! Mon fils va à la salle deux fois par semaine et il me vide le frigo en trois jours.

Je force un rire et me dépêche de quitter la foule. Il y a trop de gens et trop de caméras ici. N'importe qui pourrait me reconnaitre et donner l'alerte. Malgré mon envie de quitter cet endroit au plus vite, je décide de prendre encore quelques minutes pour acheter un cappuccino. Je sélectionne ma commande sur l'écran tactile et la machine se met à vibrer doucement. Un petit garçon et son père s'approchent de moi et je baisse le nez. L'enfant semble attiré par mon chien car il lorgne Queen avec des étoiles dans les yeux. Je souris malgré moi : cette Golden arrive toujours à se faire aimer où qu'elle aille.

— Papa, papa, piaille le petit garçon, regarde comme elle est belle, la dame.

— Thimothée, gronde gentiment son père, ça ne se fait pas de montrer les gens du doigt. Excusez-le, poursuit-il à mon attention, mon fils a du mal avec la discrétion.

— Ce n'est pas grave, dis-je en attrapant ma tasse de café en carton, qu'il en profite : une fois adulte on lui fera beaucoup plus de reproches. Les enfants ont cette chance de se faire pardonner pour presque tout.

— C'est bien vrai ! Mais dites-moi, je vous ai déjà vue quelque part...

Mon sang se glace dans mes veines.

— Euh, non, dis-je un peu trop rapidement, ça m'étonnerait beaucoup.

— Mais si ! Attendez ça va me revenir...

Mon gars, si tu crois que je vais attendre jusque-là...

— Excusez-moi mais je dois y aller : une longue route m'attend.

Je trace vers la voiture, tête baissée. Je suis presque en train de courir. Je balance le sac à l'arrière de la voiture, là où Queen ne pourra pas y fourrer son nez, et démarre aussi vite que le fonctionnement d'une diesel me le permet. Je reprends l'autoroute et trace tout droit malgré la faim qui me tord le ventre. La prudence et la raison surpassent mon estomac et m'aident à continuer encore deux heures jusqu'à ce que mon ventre gronde de protestation. Je stationne sur un parking prévu pour les voyageurs et pioche au hasard parmi la vingtaine de sandwich. J'en sors un en-cas poulet-mayo que je prends le temps de savourer, faisant fi de mon envie de le dévorer. A ce sujet... j'en connais une autre qui doit avoir faim. Dès que Queen voit la boite de croquettes sortir du sac, elle se met à trépigner sur le siège et pousse même quelques aboiements stridents. Je garde l'assiette près de moi jusqu'à ce qu'elle reste assise sagement. Hé oh, on est peut-être en cavale mais ce n'est pas une raison pour perdre les bonnes habitudes ! Je dépose ensuite la nourriture devant elle et place mon index entre elle et le récipient en plastique.

Ushuara - La chasse a commencé (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant