Chapitre 20

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— Pssst, hé, Anaya ? Debout la marmotte.

Je m'étire et bat des paupières en voyant Cassie qui me secoue comme un prunier. Je la fixe sans comprendre, puis mes souvenirs me reviennent d'un coup : c'est aujourd'hui, ça y est ! Nous allons quitter la Citadelle et rentrer chez nous. Je me lève d'un bon et enfile les vêtements prévus en quatrième vitesse tandis que Cassie marmonne un « C'est pas trop tôt » amusé. Je nous mon foulard autour de ma tête et remercie silencieusement mon amie de n'avoir fait aucune remarque au sujet du bandage qui entoure mon crâne. Nous enfilons nos sacs en bandoulière et filons à pas de loup. Je suis Cassie, qui a l'air de savoir où elle va et nous débouchons sur une grande allée qui pourrait être qualifiée de hall d'honneur si elle ne se trouvait pas en plein milieu de château. Pendant que Cassie négocie avec le trentenaire à la peau mate, je remarque que la pièce dans laquelle je me trouve est celle dans laquelle je suis arrivée lorsqu'Orân m'a emmenée ici.

— Vous êtes folles, murmure l'homme en me ramenant à la réalité sans le savoir, si vous quittez la Citadelle, vous serez en danger. Je ne peux pas me rendre responsable de ça.

— S'il te plait, supplie Cassie, on a juste besoin de récupérer des affaires chez nous.

Je m'approche doucement et pose une main sur son épaule pour qu'elle se calme. Si on continue comme ça, on va se faire prendre.

— Ma sœur et moi, voulons simplement récupérer nos affaires avant de nous installer ici, mentis-je avec aplomb, et puis, nos parents doivent se faire un sang d'encre, si nous leurs disons que nous avons intégré une école privée et lointaine, ils ne mobiliseront pas les forces de l'ordre pour rien.

Comme il semble réfléchir, je continue à le baratiner :

— Accordez-nous trois heures, le temps de rassembler nos affaires et de nous expliquer auprès de notre famille, ensuite, vous n'aurez qu'à ouvrir un portail au même endroit et nous rentrerons.

Il soupire et je devine que c'est gagné.

— Bon d'accord, cède-t-il, mais pas plus de trois heures !

Nous hochons la tête et je lui donne mon adresse. J'ignore comment il s'y prend pour créer son portail mais c'est la seule information qu'il m'a demandée pour l'ouvrir. Un petit point lumineux bleu apparaît de nulle part non loin de nous et d'un coup, le point grandit et se transforme en portail turquoise tourbillonnant. Nous remercions l'homme et sautons dans le portail, confiantes. Il n'y a pas de raison que ça ne marche pas ! Notre optimisme paie, à une exception près : dès que nos pieds rencontrent le bitume de la petite route de campagne, Cassie se penche en avant et rends tout le repas du soir.

— Tout va bien ? M'inquiétais-je.

— Oui, oui... ça va. C'est je portail, je... ça m'a fait pareil la première fois, je crois que mon organisme a du mal à le supporter.

Je lui laisse quelques minutes pour reprendre son souffle, puis nous nous mettons en route vers la maison de mon enfance. A cette heure de la journée, ou plutôt de la nuit, tous les lampadaires sont éteints pour économiser l'énergie. Ça nous arrange bien, Cassie et moi, puisque nous ne voulons pas nous faire voir.

— Au fait, murmure Cassie, comme t'as fait pour qu'il te croit et pour le convaincre de nous ouvrir le portail de lumière ?

— Psychologie humaine : plus ton mensonge est gros, plus il passe.

Je pousse le portail de ma maison avec un pincement au cœur. Et si mes parents n'habitaient plus ici ? Ou s'il leur était arrivé quelque chose ? Et si...

Ushuara - La chasse a commencé (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant