Chapitre 6

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Il va falloir que je m'arrête. Primo, parce que je vais bientôt tomber en panne d'essence et secundo, parce que j'ai avalé mon dernier cachet d'antidouleurs ce matin. Je quitte donc l'autoroute et fais une halte dans une petite ville que j'aurais sans doute trouvée charmante dans d'autres circonstances. L'avantage d'être en cavale, si j'ose dire, c'est que je vois du pays. Je laisse Queen dans la voiture et n'emporte avec moi que quelques billets pour payer la boite d'antidouleurs. Une fois dans la pharmacie, je dois sillonner les rayons uns par un tout en priant pour qu'ils aient ce que je cherche. Il m'est difficile de consulter les rayonnages du haut car il y a du monde dans cette pharmacie et sans doute aussi des caméras de surveillance. Comme si le destin voulait se moquer de moi, je finis par repérer la boite... au sommet du rayon. Bon sang, non seulement je vais devoir me montrer pour l'avoir mais en plus il va falloir que je demande à quelqu'un de me l'attraper. Je grommelle tout bas en lorgnant les gens autour de moi. Quelques fois, je maudis mon mètre soixante... Il y a un barbu pas très net, une femme avec ses deux nouveaux nés dans une poussette et une mamie au caniche. Je soupire et m'approche de la jeune maman en traînant les pieds.

— Excusez-moi, dis-je d'une voix pas rassurée, vous pourriez m'attraper une boite là-haut, s'il vous plait.

La dame suit des yeux la direction de mon index levé et sourit en tendant le bras.

— Merci beaucoup.

Ben tu vois, ce n'était pas si compliqué en fait !

— Est-ce qu'on se connait ?

Aïe...

— Euh... non, pourquoi ?

— J'ai l'impression de vous avoir déjà vue quelque part.

Bien évidemment Miss Cruche : tu m'as vue au journal de vingt heures.

— On me le dit souvent, justifiais-je en forçant un sourire, bonne journée !

Je fais la queue pour payer en pestant contre le monde entier. Pourquoi y a-t-il autant de gens ici ? Heureusement, il n'y a pas besoin d'ordonnance pour obtenir ces antidouleurs. Autrement, j'aurais été dans de beaux draps. En sortant, je suis surprise de voir des lumières rouges et bleues se refléter sur la route pavée...

— Les flics.

Je me planque derrière la colonne en pierre d'un vieux bâtiment et jette un œil vers la voiture volée. Elle est entourée par quatre policiers, dont l'un d'eux est en train de passer une muselière à Queen. Mon cœur se serre en voyant ma chienne si douce et si gentille contrainte dans cet instrument de torture. La pauvre secoue la tête, aboie et grogne de toutes ses forces mais l'homme la tient trop fermement pour qu'elle ait une chance de s'échapper. Je quitte ma cachette et me mets à courir dans la direction opposée. Les militaires n'ont que faire d'un chien. Dès qu'ils verront l'adresse sur le médaillon en forme d'os de ma princesse, ils la ramèneront à la maison. Moi en revanche, s'ils me choppent... en fait je ne préfère pas y penser. Je cours dans les ruelles de la petite ville en cherchant un endroit où me cacher le temps que les policiers repartent. Tout à coup, je passe devant un magasin d'électronique exposant plusieurs modèles de télévision dans leur vitrine. Chacune d'elles est réglée sur la même chaine d'informations. On y voit Queen, la voiture volée et quelques minutes plus tard, une des équipes de policiers lancée à mes trousses. L'angle de la caméra change et je reconnais un camion semblable à celui dans lequel j'ai rencontré Romain, l'agent du GIGN. Mon sang se glace dans mes veines et je n'arrive à bouger que lorsque j'entends un employé du magasin crier en me reconnaissant derrière la vitrine. Je cours à en perdre haleine, mais je suis rapidement stoppée dans ma course lorsque je vois une équipe de militaires passer devant moi.

Ushuara - La chasse a commencé (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant