Chapitre 27

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Un cri affolé résonne dans l'aile nord de la Citadelle.

— UNE SEMAINE ?

Je n'ai pas besoin de beaucoup de temps avant de comprendre que c'est moi qui viens de brailler comme une dingue. Je pose une main sur mon front, sidérée. J'ai passé toute une semaine dans un coma provoqué par l'épuisement dû à l'utilisation incontrôlée de mes pouvoirs. C.Q.F.D.

— Je suis désolée, Anaya. Mais je ne pense pas que tu aurais aimé que je te le caches, pas vrai ?

— Non, tu as bien fait, murmurais-je d'une voix blanche.

— Tu avais l'air de souffrir pendant son sommeil, commence Cassie d'une voix peu sûre d'elle, est-ce que... Enfin, comme c'était « là-bas ».

J'inspire profondément. Je ne voulais pas revenir, bon sang !

— C'était à la fois horrible et merveilleux. J'ai au très mal mais à la fin, je me suis retrouvée dans un endroit très agréable où j'aurais voulu rester.

— Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis ?

J'aurais voulu répondre que je n'ai pas eu le choix mais en vérité, c'est une tout autre raison qui m'a poussée à revenir.

— Ma famille.

Et c'est vrai mais je ne pouvais pas m'en rendre compte a cause de mon désir de les protéger. Je soupire et balance mes pieds hors du lit.

— Attend, s'affole Cassie, je dois prévenir Sheril. Elle m'a dit que tu ne devais pas te lever avant qu'elle t'ait examinée.

Je me fige et la regarde partir en courent. Les secondes s'égrènent, puis les minutes. Mes yeux se promènent sur les murs gris de ma chambre et retombent sur la bibliothèque où dort le livre de Laurelaï. Au moment où je décide de me lever, Sheril se matérialise dans la pièce, tout sourire.

— Bon retour parmi nous, dit-elle d'une voix chantante.

Pendant tout l'examen, Sheril me pose des questions sur mon coma, mes sensations, mes émotions... Je finis par trouver cela bizarre mais après tout, elle ne fait que son travail, même si je sens bien qu'elle va faire des recherches derrière. Tant que je ne deviens pas son cobaye, je m'en fiche. Cassie reste assise à côté de moi et n'arrête pas de sourire. Quelques bribes de souvenirs me reviennent en mémoire et je me tourne vers mon amie.

— Tu venais souvent me voir, non ?

— Oui et je te racontais ma journée.

— Je t'ai entendue, une fois et...

Je m'arrête, étonnée.

— Tu as fait du cheval sans moi ? m'écriais-je.

Cassie éclate de rire.

— Ne t'inquiète pas pour ça : Mentor Kirao va te faire rattraper les cours, crois-moi.

— Avant ça, intervint Sheril, il va falloir qu'Anaya se remette de son coma. Cassie ?

— Oui ?

— Je te confie la mission de distraire Anaya. Il ne faut pas qu'elle s'enferme dans la frayeur de la semaine qu'elle n'a pas vécu. Compris ?

— Compris, chef !

Cassie effectue un salut militaire qui fait sourire Sheril. Moi, je n'ai pas le cœur à sourire ni à rire. J'ai perdu tout ce que j'avais, j'ai tué, j'ai servi de cobaye pour la création d'une arme destructrice et j'ai loupé toute une semaine de ma vie, que je ne pourrais jamais rattraper. Ça fait beaucoup à avaler d'un coup, quand même. Une fois que mon examen médical terminé, je peux enfin me lever, avec l'aide de Cassie. Ne prenons pas de risques : ça fait quand même une semaine que mon corps ne bouge plus. Dès que je me mets debout, ma tête me tourne et la pièce se met à tanguer. Heureusement que Cassie est là, sinon je serais sûrement tombée. Je m'habitue lentement à être debout, puis commence à marcher. Ou plutôt : j'essaie. Parce que mine de rien, ce n'est pas si facile quand le corps est rouillé. Après quelques pas, Cassie m'aide à me rassoir. Une douleur fulgurante apparait soudain dans mes jambes et je grimace.

Ushuara - La chasse a commencé (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant