Une dette à payer

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Fossilia

Abi sentait Alexander, méthodiquement accroché par sa ceinture à la bride de Teantrex, somnoler dans son dos. Ils devaient trouver au plus vite, ne serait-ce qu'une auberge. La priorité était de soigner ses plaies. Pouvoir se reposer avant de reprendre la route.
Seulement, ils ne croisèrent aucune habitation à la ronde. Elle comprenait parfaitement que les Fossiliens aient choisi de s'éloigner le plus possible de cette forêt invivable. Elle sentait l'air marin, ce qui lui faisait dire qu'elle n'était pas loin d'une côte, peut-être même pas si loin d'Aquanburg.

— Si seulement on pouvait rencontrer quelqu'un, même un simple vagabond, souffla-t-elle à Teantrex.

Et son souhait fut exaucé.

Épuisée et le souffle court, le cœur d'Abi se serra. Au loin, un petit convoi approchait rapidement. Les rayons du soleil couchant se reflétaient sur l'armure des cavaliers montés sur des pachycephalosaures.

Les corps massifs des dinosaures étaient recouverts d'écailles robustes, dont les teintes variaient entre des tons de verts, de bruns et de rouges. Mais la caractéristique la plus distinctive des pachycephalosaures était leur crâne renforcé, qui ressemblait à un dôme osseux. Des crêtes et des saillies ornaient cette partie de leur corps, rendant leur apparence reconnaissable entre mille. Abi avait appris sa leçon, ils utilisaient leurs crânes pour des combats rituels entre mâles, mais dans cet environnement médiéval, ils étaient surement davantage mis à profit pour les combats et la montée des maîtres dinosaures. De leurs yeux, relativement grands, ils observaient l'environnement avec curiosité, parfaitement à l'aise dans leur rôle de montures. Les jambes puissantes des pachycephalosaures étaient adaptées à la course et à la stabilité, leur permettant de se déplacer rapidement tout en maintenant un équilibre solide.

Et bientôt Abi rencontrerait ce convoi. Il était une vision imposante dans cet environnement désolé.

— Non, gémit Alexander qui semblait une nouvelle fois perdre pied.
— Tout va bien se passer, je vais m'occuper de toi.

L'adrénaline se raviva en elle. Abi s'élança en avant, sprintant vers le convoi qui se rapprochait. Son souffle brûlait dans sa poitrine, mais l'espoir la poussait en avant. Leur formation était impeccable tandis qu'ils dirigeaient leurs pachycephalosaurus. Les battements de leurs pas résonnaient dans ses oreilles, se mêlant aux battements frénétiques de son cœur. Abi atteignit enfin la hauteur des soldats, haletante.

Les cris des hommes, les grondements des dinosaures et les battements de son propre cœur s'entremêlaient en une cacophonie de tension et d'espoir.

— Mais ne serait-ce pas le vieil Alexander ? demanda l'un des soldats.

Des alliés, elle était tombée sur des connaissances à Alexander.

— Plutôt mal en point à ce que je vois.
— Mais en bonne compagnie, dit un autre.

La première ligne, c'était ouverte, engloutissant Teantrex et ses passagers. Abi ne savait plus qui regarder, ni à qui s'adresser. Elle sentit Teantrex se raidir et tenter de reculer et alors elle comprit. Ils tournaient en rond autour d'elle comme des rapaces autour d'un tas d'os à ronger.

— Mon ami est blessé, je cherche un endroit où il pourrait se reposer.

Un des soldats s'approcha considérablement, faisant grogner le tyrannosaure.

— Eh tout doux sale bête !

Il tendit sa cravache et appuya sur l'épaule d'Alexander. Ce qui lui arracha un énième gémissement sans pour autant le faire reprendre totalement conscience. D'un coup de tête rapide, Téantrex arracha la cravache des mains du maître dinosaure et la brisa. L'homme serra les mâchoires, tentant de ne pas perdre son calme devant ses camarades.

PAR TOUS LES HEROSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant