Chapitre 10

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Je ne pense pas qu'il serait tenté de revenir chercher l'enveloppe dans la poubelle, mais au cas où, alors que je ne vois plus sa silhouette, je cours dehors. Direction la poubelle, je plonge dedans et en déchire l'enveloppe en mille morceaux. Voilà, fin de l'histoire. Ma voisine du bout de la rue, madame Tamalou, s'esclaffe soudain d'une voix forte :

— Hum, et après c'est moi la folle !

Je lève les yeux au ciel, alors qu'elle continue de parler toute seule.

Quand j'entre à nouveau chez moi, soulagée que cette lettre n'ait pas tout fait capoter entre nous, ma mère m'attend assise à la table de la salle à manger.

— Alors ?

Je quitte mes chaussures et les balance avec les autres sur le tapis.

— Maman, vraiment n'essaie pas d'intervenir pour m'aider. J'arrive très bien à me mettre dans la merde toute seule, sans que tu en rajoutes une couche.

— Voyons, je ne fais rien, fait-elle avec un air innocent.

— Bah oui, tu es comme ça naturellement... Bref, on n'avance pas des masses, mais je ne recule pas. Du moins je crois. J'ai réussi à faire disparaître une concurrente.

Ma mère fait un bon sur sa chaise. Silence.

— Mon Dieu, mais tu es encore plus diabolique que moi à l'époque. Où est-elle enfermée ? demande-t-elle sérieusement. Je savais que j'avais raté quelque chose dans ton éducation. La notion du bien et du mal n'est pas assimilée !

Elle plaisante ? Non ?

— Dans une cave. Il faudra que je pense à apporter de l'eau... j'ajoute à sa suite l'air de rien.

Son visage se décompose.

— Rose ! Enfin, je veux bien croire qu'il faut que tu mènes bataille, mais là tu vas trop loin ! Mon Dieu, ma personnalité a doublé sur toi ...

— Maman, je rigole ! je la coupe avant qu'elle parte en live. J'ai juste volé la lettre d'amour qu'elle lui avait donnée.

Elle se rassoit et souffle un bon coup, soulagée. Parfois je me demande qui est la plus mature de nous deux.

— Ah, ça va. Tu es bien ma fille. Chapeau et tant pis pour cette fille. Le marché de l'amour n'est pas un long fleuve tranquille après tout. Continue comme ça Rose. Même si tu n'avances pas vite, tel un escargot, tu finiras par arriver au point d'arrivée un jour, m'explique-t-elle en venant me taper sur l'épaule puis filer dans la cuisine.

Je ne sais pas si ce qu'elle vient de me dire était vraiment à mon avantage...

*

Le lendemain matin, Julien vient me chercher devant ma porte comme s'il ne s'était rien passé la veille. Mais moi, je n'ai pas oublié. Je n'oublie jamais rien.

Je dévale mon allée comme si j'étais seule et qu'il n'était pas là.

— Rose !

— Non, je n'entends pas.

— Rose !

Il marche derrière moi.

— Y a quelqu'un ? Je n'entends rien.

— Rose ! hurle-t-il en m'attrapant par l'épaule et me faisant pivoter face à lui.

Je suis bien obligée, par contrainte, de lui faire face. Puis c'est là que je remarque l'expression de son visage. Pas comme d'habitude. Il semble que notre dispute récente lui fasse plus de mal que je pensais.

Mon objectif : LUI !(Tome 2) - En cours 85 %Où les histoires vivent. Découvrez maintenant