Mon objectif : LUI !(Tome 2) - En cours 85 %

Chapitre 13

Il marche vite. Si vite que j'ai l'impression de me voir suer sur le tapis de marche que ma mère a acheté, utilisé trois fois et que moi-même ai utilisé une fois pour voir. Maintenant il sert de porte-vêtements dans un coin du salon.

Si j'arrive en puant la transpiration, ce n'est pas gagné pour essayer de le séduire. Pourvu que le parfum de Julien cache l'odeur qui va bientôt se dégager de mes aisselles.

Pourquoi faut-il qu'il y ait une pente aussi vertigineuse qu'une piste noire pour aller chez lui ? Et pourquoi il court presque pour s'y rendre ?

Quelqu'un l'attend forcément. Juliette ? Elle m'aurait grillée ? Malone serait-il si content de la rejoindre ? Je sers les points et déboutonne ma veste. Trois ans. Trois ans que je mène bataille et elle, elle arrive comme une fleur et BAM. Le monde m'en veut.

Je le suis à bonne distance, en expirant bruyamment. J'aurais dû continuer à faire du tapis de course, au lieu d'y pendre des chapeaux.

Il tourne dans une petite résidence ou les maisons se ressemblent toutes. Une seule fait un peu tache, car la clôture en bois est cassée par endroit et il lui faudrait bien un bon coup de peinture, comme aux volets d'ailleurs.

Malone traverse une bonne partie de la résidence avant de s'arrêter devant la maison défraîchie. Rend-il visite à quelqu'un ?

Il pousse le portillon qui a bien vécu et se dirige vers la porte en bois de l'entrée. Alors que je crois qu'il va toquer, il sort de son sac des clés, qu'il insère dans la serrure. Soit il connaît bien la personne, soit c'est chez lui.

Si c'est chez lui, je n'avais pas imaginé ça. Malone est si propre sur lui, si intelligent. Il ne peut pas vivre dans une maison ou les volets pourraient se décrocher de la façade au moindre coup de vent. Cependant, la pelouse est tondue, la haie bien taillée.

En trois ans, je ne me suis jamais intéressé à son entourage, à quoi bon ?

Il a refermé la porte. Si Juliette doit arriver, je dois attendre. Je cherche donc un endroit où patienter. Une porte-fenêtre donne sur la face avant de la maison de Malone, il pourrait me repérer facilement et ça serait la catastrophe. Il ne voudrait plus me voir après ça.

Je me dissimule derrière la clôture des voisins d'en face, leurs volets étant fermés, ils ne doivent pas être là. Puis j'attends. Longtemps. Trop longtemps. J'ai envie de pisser et plus j'y pense plus j'ai envie. Mon trajet retour sera allongé en plus. Ça va être compliqué.

Une demi-heure passe. Le soleil s'en va déjà dormir. Le vent devient bien frais et mon envie de pisser est toujours là. Pas de Juliette en vue.

Soudain, une voiture, les phares allumés, entre dans la rue. Elle ralentit enfin et je me demande ce qu'elle fiche à approcher de la où je me cache.

Je panique et je fais alors quelque chose de complètement con, je tourne le dos à la voiture qui se gare à moins de cinq mètres de moi. Sauf que je sais que je suis visible. Mais comme un enfant, je fais genre que non. Tout va ainsi bien se passer.

Je me suis cachée dans la seule propriété où une voiture débarque pour se garer. Championne du monde.

Le moteur se coupe, une portière s'ouvre, puis se claque. Des pas et silence. Je fais toujours mine de rien.

— Qu'est-ce que vous faites ? tonne une voix féminine.

Merde. Allez, va-t'en !

— Je vous parle ! Vous êtes sur une propriété privée ! scande- t-elle d'une voix trop forte.

Jusque-là je ne bougeais pas, mais quand je sens qu'elle m'attrape d'un geste sec par l'épaule, je suis bien obligé de la regarder.

— Je... cherchais des escargots, dis-je pour me dépatouiller de cette femme au regard furibond.