Chapitre 4 - Un nouveau valet de pied

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Isaure conduit le cheval et prit un chemin de terre, qui ressemblait à la route empruntée par les engins agricole du domaine. De réputation, Tibère savait que Couzières possédait une cinquantaine d'arpents de terre et qu'à l'origine, c'était une résidence de chasse.

— J'aime passer par ici, la route est plus ombragée. Vous pouvez découvrir le lieu, par la même occasion.

Il hocha la tête en silence et regarda autour de lui avec curiosité.

Isaure avança lentement, désireuse de prendre son temps. La journée était si agréable ! Elle était enfin au terme de son voyage et savourait ces derniers pas. Elle secoua légèrement la tête, la chevauchée lui avait donné plus chaud qu'elle ne l'avait pensé.

— Que savez-vous de ce château ? demanda-t-elle, se rappelant que le jeune homme connaissait la demeure.

— Et bien, commença Tibère d'un ton hésitant, je sais qu'il a été longtemps la propriété des ducs de Rohan et que c'était leur résidence secondaire. Marie de Médicis et le Roi, son fils Louis XIII, se sont rencontrés ici par le biais de Mazarin en 1619 pour se réconcilier après... après une dispute.

Il avait brusquement fini sa phrase. Évidemment, il en savait bien plus. Comme le fait que le château fut la dernière demeure du prestigieux Duc de Rohan, gouverneur d'Île-de-France et qu'il avait été racheté il y a quelques années par un riche négociant de Tours, Charles-Antoine Padelinetty. Sans doute un membre de la famille d'Honorine de Sérocourt. Mais il choisit de se taire à temps.

— Vous me surprenez, Térence, sourit la jeune femme.

— Ce n'est rien, tout le monde sait cela..., déclara-t-il en rentrant sa tête entre les épaules.

La route devint pentue, ils ralentirent l'allure. Sous l'effort, leurs bras se frôlèrent plusieurs fois.

Isaure ne bougea pas, continuant d'observer de temps à autre les grains de beauté qui décoraient le cou de Tibère. Le sang afflua ses joues, elle sentait encore ses omoplates pressés contre ses seins et son bassin contre son ventre.

— Il y a beaucoup de sources, dans les environs. Cela conserve la fraîcheur en été, déclara-t-elle sur le ton de la conversation.

Intérieurement, elle se traita d'idiote.

Tu es attirée par lui uniquement parce que tu sais que les dés de ton destin sont jetés ! pensa-t-elle. Tu cherches juste un échappatoire, une issue... Alors qu'il n'y en a aucune.

Tibère découvrit la demeure de Couzières au fur et à mesure de leur avancée sur le chemin de sable. Il vit en premier deux tours rondes, visibles de loin, car les toitures grises se distinguaient entre les arbres. Percées par trois hautes fenêtres rectangulaires chacune, elles encadraient la façade principale.

Ils continuèrent la route d'un pas lent et quittèrent le bois, quelques insectes volants leur passèrent devant les yeux. Ils entrèrent dans un jardin à la française tout en fleur et à la symétrie maitrisée. En son centre, Tibère remarqua un bassin surmonté d'une colonne ou d'une fontaine. Ils étaient à présent en face du château et remontèrent une allée festonnée d'arbustes odorants et de rosiers. Au bout, un large escalier d'une quinzaine de marches, bordé d'une solide rambarde en pierre blanche, menait à une terrasse et à l'entrée principale. La porte était grande, centrée dans le corps du logis et surmontée d'un fronton où était incrustée une horloge ronde. Deux grandes fenêtres à gauche et deux grandes fenêtres à droite ouvraient la façade au rez-de-chaussée. Les combles étaient ouverts de deux lucarnes et quatre cheminées apparentes s'élevaient au-dessus du toit. Un petit clocheton en fer forgé surmontait la demeure en plein milieu, assorti aux épis de faitage pointus des deux tours.

Un valet à mes piedsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant