Chapitre 14 - Le château de l'Islette

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Tibère fit partie des gens qui dégagèrent de la place pour la jeune femme. On l'installa sur une banquette et Monsieur Darsonval appela immédiatement le docteur Émery.

Ce dernier arriva avec tout son nécessaire médical afin de s'occuper de la jeune femme. Isaure, agitée, ne cessait de tourner autour d'eux en se tordant les mains.

— Mademoiselle d'Haubersart, dit Émery d'une voix soudainement autoritaire, je sais que vous êtes inquiète, mais laissez-moi m'occuper d'elle. Sa vie n'est point en danger. Allez retrouver Monsieur et Madame de Serocourt, ils ont également besoin de vous.

Elle hocha la tête et fit signe à Tibère de la suivre, ils prirent ensemble la direction du salon.

Ils y trouvèrent le vieux couple assis dans leur canapé. Les deux châtelains, malgré leur différence de caractère et chamailleries quotidiennes, se tenaient serrés l'un contre l'autre. Leur caractère bon et généreux se dévoilaient dans les rides soucieuses de leur visage. Il était évident que le malheur qui frappait Louise les concernaient tout autant.

Darsonval, dépité, avait pris place dans un fauteuil. Jamais il ne s'était aussi peu à sa place qu'à cet instant.

— Louise ira mieux bientôt, murmura Isaure en prenant les mains d'Honorine.

— Hélas, non, soupira Isidore, si Armand a disparu, le pire est à venir...

— Nous étions... nous étions préparés..., soupira la dame en sortant un mouchoir pour essuyer ses larmes.

— Que voulez-vous dire ? demanda la Comtesse.

Isidore se gratta la tête et répondit dans un soupir :

— J'ai fait des vérifications... malheureusement, je ne possède que très peu de contacts avec la Marine donc je n'étais sûr de rien... mais en voyant le retard que prenait le navire d'Armand, j'ai pris les devants et demandé s'il était arrivé quelque chose. Les nouvelles que j'ai reçues n'étaient point favorables. Nous ne souhaitions pas alarmer Louise tant que nous n'étions surs de rien, mais... Nous voilà fixés. Quel malheur !

— Je... Je vais rester..., commença Isaure d'une voix tremblante, je ne peux pas...

— Non, Isaure, refusa Honorine. Nous veillerons sur Louise, elle sera ici en sécurité.

La vieille châtelaine soutint son regard et serra le bras de son époux. Ce dernier hocha la tête pour confirmer sa décision.

Elle se pencha en avant et chuchota à la jeune femme :

— Il vous faut aussi retrouver Camille au plus vite.

— Lorsque Camille ira mieux, renchérit Isidore, promettez de nous l'amener ici... Nous aurons besoin de sa présence, Louise plus que n'importe qui. Et nous avons la chance d'avoir le docteur Émery pour prendre soin d'elle, s'il veut bien rester, évidemment.

Isaure hésita à refuser. Elle devait tant à ces gens, qui avaient pris soin d'elle durant ces années ! Ils étaient devenus sa famille, ses plus proches parents... et puis il était préférable, pour le moment, de garder l'existence de Camille cachée à Monsieur Darsonval. Elle ignorait encore la portée de sa réaction...

Mais témoignant de la tristesse des Sérocourt, elle accepta finalement.

— C'est entendu... Je partirai à l'Islette dans les prochaines heures. Je prendrai avec moi tout le nécessaire ainsi que plusieurs de mes affaires.

Darsonval, enfoncé dans son canapé, poussa un cri de surprise et se proposa immédiatement de l'accompagner.

— Hélas, refusa la jeune femme, je ne puis céder à votre demande. Il s'agit d'une affaire familiale de la plus grande importance. Puis-je cependant vous demander un service ?

Un valet à mes piedsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant