Au début du printemps, les maîtres de Couzières et leur filleule prirent la route de Paris, délaissant la Touraine pour plusieurs semaines. Cinq voitures furent attelées pour le voyage. Attendues, les invitations aux festivités de la saison pleuvaient par dizaine.
Les domestiques les plus expérimentés et les plus méritants suivirent les Serocourt à la capitale. Faisant partie des derniers arrivants et n'ayant pas encore fait ses preuves, Tibère demeura donc au château.
Contrairement aux autres domestiques, il ne ressentait aucune déception à ne point faire partie du cortège. Loin des tourments que lui procurait Isaure d'Haubersart et à l'abri entre les hauts murs du château, il était en sécurité.
Les maitres absents, de nombreuses tâches étaient à remplir par les employés de la maison. Il s'agissait de profiter de leur séjour ailleurs pour réaliser quelques travaux de rénovation. Tibère s'attela au travail et repeints volets, montants de portes et encadrements de fenêtres. Il remplaça un des palefreniers et s'occupa des pur-sang d'Honorine, dont elle était friande. Il aida à repriser chaussettes et boutons, participa à quelques récoltes dans les champs voisins, appartenant au domaine. De temps à autre, il accompagna même la cuisinière au marché de Veigné et allaient parfois jusqu'à Montbazon. Il se levait à l'aube et s'endormait tard dans la nuit, à peine éclairé par un bout de chandelle.
Ses rêves étaient entrecoupés de cauchemars et de sursauts. Il se revoyait, enfermé dans cette cave dont il avait réussi à s'échapper. Il revoyait encore et encore, les documents cachés dans la bibliothèque de Vaufoynard. Ces maudits papiers qui prouvaient la duplicité et la malveillance dont il était victime. Combien de dossiers compromettants contenait-elle ? Beaucoup, sans le moindre doute ! Son oncle avait décidé de cacher ces transactions dans ce château, loin de Paris et des contrôles dont il pouvait être l'objet. Mais il n'y avait pas que cela... Non, pas que cela uniquement ! Ainsi, il se voyait dans les rayonnages de cette vieille pièce poussiéreuse, contenant une multitude de documents ayant appartenu aux précédents propriétaires du Château. Il déambulait, prenait un ouvrage, l'ouvrait... et découvrait des lettres, des colonnes de chiffres, des noms... Et un sentiment de honte le submergeait.
Il savait ! Il savait et il n'avait jamais rien fait ! Voilà sa peine, sa punition ! Voilà pourquoi Ravignan ne voulait pas laisser Vaufoynard, les documents... les mines... les mines de sa famille...
Il se réveillait en sursaut, le cœur angoissé. Bienheureusement, il parvenait toujours à se rendormir...
Toute l'énergie du jeune homme allait à ses tâches. Les bras tremblants et les muscles endoloris, il faisait de son mieux pour ne pas montrer la faiblesse de son corps et gardait les dents serrées derrière un sourire. Jamais auparavant, il n'avait travaillé ainsi. Il comptait les jours, lentement, qui le séparaient de son anniversaire. Il était né au mois de novembre... Deux saisons avaient encore le temps de venir et de repartir...
Il prit rapidement ses repères au sein des domestiques du Château, leur vie pleine de promiscuité et de chamailleries lui rappela le pensionnat. Lors de son jour de repos, il appréciait marcher sur les terres du domaine et traverser les champs, jusqu'à monter sur les hauteurs des collines. Là, assis sur un coteau boisé, il regardait en direction de l'est. La vue s'étendait sur le bassin de l'Indre, couvert de bois et de prairies. Il pouvait aussi apercevoir les tours de l'église abbatiale de Cormery. Il savait à présent, grâce à ses nouveaux camarades, que le coin possédait beaucoup de sources et d'eau vive, qui entretenaient la fraîcheur durant l'été.
Parfois, il partait en cachette dans la bibliothèque de Monsieur Isidore, l'époux calme et silencieux d'Honorine. Là, il se sentait de nouveau lui-même et parcourait les étagères des yeux, les paupières plissées et saisissait un ouvrage avec un soupir d'aise.
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Un valet à mes pieds
RomantikMature content Voici ma romance spicy dans un contexte historique ! Ici, pas de mâle Alpha ni de demoiselle en détresse... Non ! Ici, c'est l'héroïne qui domine ! C'est un roman de 20 chapitres, inspiré des romances à l'eau de rose à l'ancienne... s...