Chapitre 6

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De retour chez elle, Kate termina sa journée et, pour se délasser de ses dossiers, elle se glissa dans un bon bain chaud, enfilant un peignoir à sa sortie pour ne pas prendre froid. Ensuite, comme à son habitude, elle se prépara son thé préféré dans une grande tasse et, la boisson encore fumante entre ses mains, s'installa devant la grande baie vitrée qui ornait son salon, regardant la ville, plongée dans la nuit.

Ses yeux se levèrent vers la lune qui était haute dans le ciel. Une pleine lune, bien ronde, lumineuse et satinée, qui répandait sa douce lumière en enveloppant la ville de son aura scintillante.

Après avoir admiré ce paysage apaisant, la jeune femme enfila une robe de chambre en soie et se glissa sous ses draps, appelant le sommeil de tous ses vœux pour s'endormir enfin et ne plus penser à rien.

La nuit se déroulait sereinement, l'éclairage de la lune jetant quelques rayons qui venaient s'immiscer entre les persiennes de la jeune femme. Tout était silencieux.

Puis, doucement, alors que Kate était plongée dans un sommeil profond, une caresse vint effleurer son épaule, comme une plume qui se poserait délicatement et qui glisserait le long de son bras.

La jeune femme ne se réveilla pas, toujours endormie, mais ses sens semblaient être en éveil et réagir au contact de cette plume.

La caresse se matérialisa doucement, puis continua de longer la silhouette et les courbes du corps de la belle endormie. Elle poursuivit son chemin et se promena un peu partout sur son corps, faisant tressaillir la jeune femme, qui gémissait doucement, tout en restant plongée dans un profond sommeil.

Soudain, un souffle naquit sur la nuque de Kate, puis elle sentit comme des lèvres de velours lui parcourir le corps. Ses yeux étaient toujours fermés, mais ses lèvres laissaient échapper des soupirs incontrôlés et provoqués par ce mystérieux contact qu'elle sentait sur tout son corps.

Des caresses, des baisers qui parcouraient sa peau et la faisaient frissonner de partout.

C'est alors que la caresse se dirigea vers son intimité. Doucement, tout doucement, venant frôler son petit bourgeon.

Kate se cambra dans son sommeil, poussant un petit gémissement. Son souffle se fit de plus en plus saccadé. Les attouchements se firent d'abord très doux, puis rapidement, ils furent plus prononcés, accompagnés de baisers qui se déposèrent sur sa peau, qui picorèrent chaque centimètre carré de son corps, sur son cou, ses seins, son ventre, ses cuisses. Puis, la caresse s'accentua de plus en plus et soudain, elle poussa un dernier cri qui la réveilla en sursaut.

– Aaaahhh... !

Kate se redressa d'un coup, reprenant son souffle, tentant de reprendre ses esprits.

C'est alors que, sans savoir pourquoi, elle exhala doucement un prénom dans un souffle.

– Dereck... ?

Elle regarda autour d'elle, mais ne vit personne, puis elle coula son regard vers sa tenue débraillée. Instinctivement, et bien qu'elle fût seule, elle referma sa robe de chambre qui avait laissé sa poitrine à découvert d'une main vive.

Mettant son visage dans son autre main, elle rougit de honte.

– Je... J'ai fait un rêve érotique ?

N'y croyant pas, honteuse, elle se leva et se rendit à la salle de bain pour se rafraîchir le visage. Puis, elle alluma la lumière et s'observa attentivement dans le miroir.

Elle se regarda, longuement, tournant la tête de droite à gauche, fronçant les sourcils, comme pour chercher quelque chose. Soudain, elle écarquilla doucement les yeux à la vue d'un détail qui avait attiré son attention. Faisant doucement glisser le tissu de sa robe de chambre le long de ses épaules sur ses avant-bras, elle découvrit sa poitrine, dévoilant le haut de son corps. Et vit alors des suçons, partout sur sa peau...

Comment était-ce possible ? Kate ne savait que penser en regardant avec effarement chacune des marques rouges sur son corps. Elle n'était pas en couple, donc elle n'avait aucune raison d'avoir des suçons et elle était bien certaine que les marques étaient absentes la veille, quand elle s'était couchée. Un autre détail attira son attention : ils avaient l'air d'avoir été faits à l'instant...

– Non... Ce n'est pas possible...

La jeune femme se laissa glisser à terre, ne pouvant plus tenir sur ses jambes, tremblant et se cacha le visage dans ses mains avant de fondre en larmes.

– Dereck...

Elle agrippa convulsivement sa robe de chambre. Depuis quand était-il aussi près d'elle ? Et pourquoi ? Déjà qu'il hantait ses pensées et son esprit depuis des années, la hantait-il véritablement ? Depuis toutes ces années ? Est-ce pour cela qu'elle n'avait jamais réussi à tourner la page ?

Kate se remémora alors son passé, les années suivant le fameux événement. Elle avait bien senti que parfois, on l'observait, ou des courants d'air qui passaient près d'elle au niveau de la nuque, dans une pièce pourtant fermée. Mais elle avait toujours balayé ses soupçons en pensant que ce n'était que son imagination.

D'un autre côté, c'est vrai qu'il lui était déjà arrivé d'avoir des rêves érotiques, mais ce n'étaient que des rêves... Non ? C'était la première fois qu'elle avait des marques visibles sur son corps.

Après avoir pleuré tout son saoul, elle se releva difficilement et se dirigea vers le salon comme une automate, s'assit sur les coussins, vers sa table basse, et se plongea une nouvelle fois dans ses souvenirs... Un long moment de réflexion.

Cela n'avait que trop duré. Il fallait qu'elle se ressaisisse, et vite. Le seul moyen, c'était de ne plus vivre avec cette histoire et d'y faire face une bonne fois pour toutes. Elle ne voulait plus fuir, elle voulait enterrer cette histoire à tout jamais et ainsi, cesser d'être liée à elle (et à lui, se dit-elle).

Enfin, comme si elle pensait qu'elle serait entendue, elle lança alors des paroles dans l'air, soudainement devenu lourd, en regardant la pièce, toujours plongée dans le noir :

– Attends-moi, j'arrive.


ENTRE TOI, MOI ET EUX...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant