Chapitre 8

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Kate resta immobile sur le pas de la porte de son amie. Elle hésita longuement, puis approcha lentement son doigt de la sonnette. Elle se ravisa et ôta son doigt. Puis, pensant à la petite Jade, elle se résolut à sonner. Elle enfonça son doigt et laisser le tintement résonner dans l'air et dans l'entrée de la maison pendant quelques secondes, qui lui parurent interminables.

Quelques dizaines de secondes plus tard, pensant que Margot n'était probablement pas là, elle allait tourner les talons quand elle vit la porte s'ouvrir doucement, de quelques petits centimètres, laissant apparaître deux yeux qui la regardaient sans aménité.

– Qu'est-ce que tu fais là ? siffla Margot entre ses dents serrées. Comment oses-tu te pointer ici ?

Son amie d'autrefois semblait retenir une colère évidente, mais Kate ne voulut pas se laisser submerger. Après tout, Jade était aussi son amie à elle.

– Margot... Je... je voulais savoir comment tu allais.

– La ferme ! Sale meurtrière ! cracha Margot.

– Margot ! Je suis désolée, sincèrement désolée ! Jade me manque ! Atrocement !

Kate sentit sa voix faiblir, pensant à la petite sœur de son amie. Elle était tellement vive, enjouée, mignonne, elle avait toute la vie devant elle. Les deux femmes se toisèrent un instant du regard, l'une avec un regard noir et perçant, l'autre, ferme et déterminée, ne voulant pas faire marche arrière après être venue jusqu'ici.

Soudain, d'un geste brusque, Margot tourna les talons et s'engouffra dans son salon. La porte étant restée ouverte, Kate entra doucement à sa suite et referma la porte derrière elle.

Elle la rejoignit dans le salon, où Margot s'était servie un verre d'eau. Kate se retrouva devant elle, debout, immobile, silencieuse. Les deux femmes s'observaient sans dire un mot.

Kate regarda autour d'elle. C'était une belle demeure, décorée avec goût et richement meublée. Elle vit des photos qui trônaient sur le buffet, la représentant en compagnie d'un homme en costume, semblant avoir le même âge qu'elle. Des photos de vacances et de mariage, vraisemblablement. Ils semblaient heureux, elle avait donc réussi à continuer sa vie, ce qui rassura Kate.

– Après tant d'années, tu oses te pointer comme ça, comme une fleur ? éructa Margot, d'un ton tranchant par-dessus son verre, le dos adossé à la table à manger.

– Tu sais, je... je me sens tellement coupable... Jade n'aurait jamais dû mourir...

– Bien sûr qu'elle n'aurait jamais dû mourir ! Et tu sais pourquoi ?! Tout ça parce qu'elle a voulu te sauver ! Toi et ta connerie d'amourette à la con avec un putain de fantôme ! Tout ça pour ça !!

Kate se raidit, les paroles de son ancienne amie lui faisant l'effet d'une gifle.

– C'est toi qui aurais dû mourir là-bas ! continua Margot en balançant son verre à travers la pièce, furieuse.

Kate évita le projectile, qui vint s'écraser lourdement contre le mur, derrière elle, renversant son contenu.

– C'est toi qui aurais dû crever, tu entends ?! vociféra Margot en pleurs.

Puis, elle s'avança vers Kate, qui ne cilla pas et l'empoigna par le col. Dans sa rage, Margot la secoua de toutes ses forces.

– C'est toi qui aurais dû mourir ! Toi et toi seule ! Pas ma petite sœur !

Kate restait immobile, le regard dans le vide. Elle le savait, c'était elle qui aurait dû mourir, elle était la seule fautive, car elle avait été happée par Dereck, qui avait fait chavirer son cœur.

ENTRE TOI, MOI ET EUX...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant