Chapitre 9

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Les yeux dans le vague, la jeune femme reprit sa voiture et roula de nouveau de longs kilomètres pour digérer tout ce qui venait de se passer. Jade, Margot, Mathias... Elle ne les reverrait plus jamais, alors qu'autrefois, ils étaient inséparables... Ces deux jours avaient été les plus tristes de toute son existence, après celui de la mort de Jade...

Elle roula ainsi de longues heures, sans vraiment savoir où elle allait, prenant une fois à droite, une fois à gauche ; puis soudain, elle se surprit à se retrouver devant une maison, la maison, qui réveilla ses souvenirs enfouis et qu'elle avait eu tant de mal à oublier.

Persuadée que c'était la clé, là où tout avait commencé, elle se dit qu'il fallait absolument qu'elle crève l'abcès et qu'elle aille voir de plus près. Elle sortit donc de sa voiture et alla se poster devant la demeure, la fameuse, celle qui avait changé sa vie à tout jamais.

Elle était vide. Inhabitée. Toujours aussi sinistre, les volets en bois cassés, les murs fissurés. Des herbes folles et des tiges montantes trahissaient l'abandon manifeste. Des longues lianes de lierre avaient fini par envahir les murs de la maison.

Devant le portail, un panneau indiquant « défense d'entrer », marqué en gros, en rouge, et des bandes police jaunes ceignaient le pourtour de la maison. Mais Kate n'entendait pas rebrousser chemin maintenant. Elle était là, pour lui, pour Dereck. C'était ici qu'ils s'étaient rencontrés, c'était donc ici qu'ils allaient se quitter.

Elle soupira pour se donner du courage – quand même – avança d'un pas qu'elle voulait ferme et décidé et passa outre l'interdiction et les bandes police. Elle voulait revoir cette demeure, à l'extérieur comme à l'intérieur, qui l'avait jadis autant emplie de joie que de terreur.

Le jardin immense ne lui fit aucun effet particulier. Le toboggan était toujours là ; il n'avait plus de couleur et les bordures de bois étaient remplies d'échardes, constata-t-elle en s'en approchant. La balançoire était seule ; ne restait que les montants et la corde, car le siège avait disparu. Le panier de basket n'avait plus que son armature également et, plus loin, les cages de foot avaient rouillé, l'une d'elles ayant été mise à terre, par une tempête ou un orage, peut-être...

Puis elle se dirigea vers la porte d'entrée et monta les quelques marches. Arrivée devant, elle hésita quelques secondes, puis la poussa. À sa grande surprise, elle s'ouvrit sans mal et aussitôt, une forte odeur de moisi assaillit ses narines. Elle reprit sa respiration, puis marcha à l'intérieur, doucement, lentement, en regardant tout autour d'elle.

Elle avançait sans peur, la maison ne pouvait plus la hanter comme avant, se dit-elle. Elle n'avait plus son esprit d'enfant et la maison ne pouvait plus jouer avec elle et tromper son imagination. Elle continua d'arpenter les lieux, allant dans le garage, où elle avait cru voir autrefois des squelettes, mais aujourd'hui, il n'y avait plus rien.

À l'époque, la maison avait créé cette illusion de toutes pièces pour les terroriser au moment de leur fuite, mais lorsque les inspecteurs étaient entrés pour vérifier, ils n'avaient rien vu.

Repassant dans le salon, elle monta à l'étage, enlevant les toiles d'araignées qui tombaient devant son visage. Le sol était jonché de débris divers et les lattes de bois vieilli craquaient, risquant à tout moment de s'effondrer. Visiblement, l'endroit était devenu dangereux, mais elle voulut absolument monter jusqu'au troisième étage, là où se trouvaient les chambres.

Un peu essoufflée, autant par la montée que par l'émotion qui lui étreignait le cœur, elle arriva devant celle de Dereck. Le cœur battant, elle resta devant, immobile, hésitante. Elle avait un peu peur de la pousser et de découvrir ce qu'il y avait derrière.

ENTRE TOI, MOI ET EUX...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant