Chapitre 10

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– Qu'est-ce que tu attends ?! Kate !! hurla Andrew.

Il voyait une silhouette, dressée entre Kate et lui, mais il n'arrivait pas à voir de qui ou de quoi il s'agissait exactement. La force qu'il devait déployer pour maintenir la porte du garage ouverte le fatiguait énormément.

– Dereck... murmura Kate, en s'approchant du jeune homme, la main tendue.

– Tu veux encore me quitter ? Me laisser seul, comme autrefois ? dit alors Dereck.

– Non... Je ne voulais pas. Je ne voulais pas te quitter...

Le regard vide, comme hypnotisée, la jeune femme s'avançait vers Dereck. Celui-ci la regardait de son regard perçant, dans lequel elle se perdait, en transe.

Les deux amants se retrouvèrent ainsi face à face, et des larmes involontaires montèrent aux yeux de la jeune fille.

– Bon sang, mais réveille-toi ! Kate !! cria Andrew.

Andrew ne pouvait pas bouger : soit il lâchait la porte et il restait enfermé ici, dans cette baraque de fous. Soit, il choisissait de sortir, mais ce serait sans Kate. Ses forces commençaient à l'abandonner dangereusement.

A quelques mètres seulement, Kate était toujours sous l'emprise silencieuse et invisible de Dereck.

– Reste avec moi, Kate, murmura Dereck.

Il prit délicatement le visage de Kate entre ses mains, l'approchant de son propre visage et posa ses lèvres sur les siennes. Kate ferma les yeux, laissant les larmes couler le long de ses joues. Puis, elle passa ses mains dans le dos du jeune homme et l'enlaça et enfin, ils échangèrent un long et doux baiser.

– KATE !! KATE, RÉVEILLE-TOI, BON SANG !

Andrew continuait de l'appeler, mais elle ne bougeait pas et restait ainsi, enlacée à un jeune homme blond. Andrew parvint à distinguer la scène et en resta stupéfait. Tout semblait à la fois vrai et complètement irréel. Bien que ce soit vraiment ce qui se déroulait sous ses yeux, il ne voulait pas y croire.

Reportant ses yeux sur son environnement direct, il distingua également au loin, dans la pénombre du sous-sol, une forme féminine difforme, au visage et au corps tuméfiés, arborant un sourire carnassier et dire :

– Elle va rester ici avec mon fils... hé hé hé...

Secouant la tête, comme pour chasser l'image qu'il avait devant lui et qui, pourtant, ne changeait pas, il cria à l'intention de la jeune femme :

– KATE, JE T'EN PRIE, RESSAISIS-TOI ! IL N'EXISTE PLUS !

Au dernier cri d'Andrew et surtout en entendant ces dernières paroles, Kate se réveilla d'un coup de sa transe et recula d'un bond. La forme, qui se tenait devant elle quelques secondes plus tôt, s'évapora doucement.

Reprenant ses esprits, elle vit Andrew à bout de forces, qui tentait tant bien que mal de maintenir la porte du garage ouverte.

– Dépêche-toi ! Je ne tiens plus !

Kate reprit sa course vers la sortie, le rejoignit et passa in extremis à travers le peu d'espace qu'Andrew avait réussi à ménager, puis il relâcha la porte d'un coup, qui claqua dans un claquement sec et un bruit sinistre.

Une fois dehors, les jeunes gens se courbèrent en deux, les mains posées sur les genoux, tentant désespérément de reprendre leur souffle.

Les enfants avaient déjà traversé la grande cour et atteint le portail. Ils étaient en pleurs, devant des passants qui tentaient de les rassurer.

Kate tenta de se calmer et de reprendre son souffle ; puis elle leva les yeux et croisa le regard d'Andrew. Ce dernier la regardait d'un air furieux, mais à la fois compatissant et inquiet. Il se releva et lui tendit la main.

– Viens, partons d'ici.

Kate le regardait toujours. Elle était perdue au milieu de tout ce qui venait de se passer. Le vent venait jouer dans ses longs cheveux blonds ondulés, venant également balayer les mèches de cheveux châtain du jeune homme qui ne l'avait pas lâchée du regard. Elle se sentait soutenue et rassurée.

Elle accepta volontiers sa main et se releva avec son aide, puis, ensemble, ils se dirigèrent vers le portail ouvert.

Pendant qu'ils se félicitaient de s'en être sortis à si bon compte, ils entendirent une sirène de police au loin qui se rapprochait de la maison de l'horreur. 

ENTRE TOI, MOI ET EUX...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant