Chapitre XII:

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point de vue de Loan

Le matin se lève avec une lumière grise et terne, reflétant parfaitement mon état d'esprit. Je me réveille en sursaut, mon cœur battant déjà trop vite. Aujourd'hui, c'est le jour de la présentation avec Mike. Rien que d'y penser, une boule d'angoisse se forme dans mon estomac. Je prends une profonde inspiration, essayant de me convaincre que je peux le faire, mais une petite voix dans ma tête ne cesse de me murmurer que je vais échouer, que je vais craquer.

Je me lève à contrecœur et me traîne jusqu'à la salle de bain. L'eau froide du robinet éclabousse mon visage, mais elle ne parvient pas à dissiper l'étau de panique qui se resserre autour de ma poitrine. Mon reflet dans le miroir me renvoie l'image d'un garçon terrifié, ses yeux cernés et sa mâchoire crispée. Je me force à détourner le regard et à m'habiller rapidement.

Le trajet vers le lycée se fait dans un brouillard d'appréhension. Chaque pas que je fais me rapproche un peu plus de ce moment redouté. Je me demande si les autres peuvent voir ma peur, si elle est écrite en grosses lettres sur mon front. J'essaie de respirer profondément, de me calmer, mais rien n'y fait. Les souvenirs de cette nuit avec Mike reviennent en boucle, m'assaillant sans relâche.

Quand j'arrive enfin au lycée, l'atmosphère familière des couloirs ne m'apporte aucun réconfort. Les élèves se pressent autour de moi, bavardant joyeusement, mais je me sens isolé, coupé du monde. Je repère Mike au bout du couloir, en train de discuter avec ses amis. Il semble détendu, comme si de rien n'était. La vue de son sourire insouciant fait monter la bile dans ma gorge. Comment peut-il agir comme si rien ne s'était passé ?

Je prends une grande inspiration et m'avance vers lui. Je n'ai pas le choix, il faut que je fasse cette présentation, même si cela me coûte. Quand il me voit, son sourire s'élargit, mais il y a une lueur dans ses yeux qui me glace le sang.

- « Salut Loan, prêt pour notre présentation ? » demande-t-il d'une voix trop douce pour être sincère.

Je hoche la tête, incapable de parler. Mes mains tremblent légèrement alors que je sors mes notes de mon sac. Mike me fixe, son regard perçant, et je sens une vague de panique me submerger. Je m'efforce de respirer profondément, de rester calme, mais c'est presque impossible. Chaque seconde passée près de lui est une torture.

Nous nous dirigeons vers la salle de classe. L'enseignant nous accueille avec un sourire, ignorant totalement la tempête qui fait rage en moi.

- « Loan, Mike, vous êtes les prochains. Installez-vous. »

Je m'avance vers le devant de la classe, mes jambes semblant faites de plomb. Je peux sentir tous les regards sur moi, et chaque paire d'yeux me semble un juge impitoyable. Mike commence à parler, sa voix claire et confiante. Il semble parfaitement à l'aise, alors que moi, je lutte pour ne pas m'effondrer. Mon tour arrive, et je sens les mots se bloquer dans ma gorge. Ma voix tremble quand je commence à parler, et je dois m'arrêter plusieurs fois pour reprendre mon souffle.

Les minutes passent, interminables, chaque mot me coûtant un effort immense. Je peux voir les regards perplexes de mes camarades de classe, leur incompréhension face à mon agitation. Je sens les larmes monter, mais je les retiens, refusant de montrer ma faiblesse devant Mike.

Enfin, la présentation se termine. L'enseignant nous félicite, mais ses paroles me semblent lointaines et creuses. Je retourne à ma place, épuisé et tremblant, essayant de ne pas croiser le regard de Mike. La cloche sonne, marquant la fin du cours, et je me précipite hors de la salle, désespéré de trouver un endroit où je pourrai être seul.

Alors que je me précipite pour sortir de cet enfer, une main retient mon poignet.

- « Attends Loan, il faut qu'on parle. »

Rien que de l'entendre prononcer mon prénom, ça me donne envie de vomir. Je fuis son regard, cherchant un échappatoire. Et mes yeux se posent sur les siens : son regards d'ébène rassurant.

Il est là, avec ses amis, en train de ricaner bruyamment. Leur rire me parvient comme une lame froide, me coupant le souffle. Kaiis me voit enfin et son expression change, passant de l'amusement à quelque chose de plus sombre. Il comprend la situation, mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, l'un de ses amis prend la parole :

- « Aaaahhhh... Des tarlouses, haha ! Regarde Kaiis, c'est pas le frère de Owen ? Attends, on va lui montrer ça », dit-il en sortant son téléphone, un sourire narquois aux lèvres.

Un sentiment de honte m'envahit alors, comme une vague écrasante. Comment ai-je pu croire que Kaiis valait mieux que ça ? Comment ai-je pu penser, ne serait-ce qu'un instant, qu'il pouvait être différent ? C'est un crétin homophobe, comme tous les autres. Cette réalisation me frappe durement, et je sens mes jambes trembler sous le poids de la déception et de l'humiliation.

Par peur pour sa réputation, peut-être, Mike me lâche immédiatement, comme si je le brûlais.

- « Quoi ?! Je suis clairement pas PD ! Ça va pas ou quoi ? J'me casse ! » crie-t-il, son visage déformé par la colère et la panique.

Il part raide comme un piquet, ses épaules tendues, tandis que moi, je reste là, figé, incapable de bouger ou de dire quoi que ce soit.

Les amis de Kaiis continuent de rire, leurs voix résonnant dans ma tête comme un écho cruel. Je veux disparaître, m'enfuir loin de ces regards moqueurs, mais mes pieds sont ancrés au sol, comme s'ils refusaient de m'obéir. Je jette un coup d'œil à Kaiis, espérant, contre toute attente, voir une lueur de soutien ou de regret dans ses yeux. Mais il détourne le regard, évitant de me regarder, et cela me brise un peu plus.

Je sens les larmes monter, mais je les retiens, refusant de leur donner ce plaisir. Les moqueries continuent, et chaque mot est une nouvelle blessure.

- « Hey, Kaiis, ton pote là, il a un frère gay maintenant ? », lance l'un d'eux, un sourire mauvais aux lèvres.

Kaiis se contente de hausser les épaules, un sourire forcé étirant ses lèvres, mais je vois bien qu'il est mal à l'aise. Il choisit de ne rien dire, de ne pas me défendre, et cela en dit long sur sa vraie nature.

Le silence s'installe enfin, lourd et oppressant. Les amis de Kaiis se dispersent, mais le poids de leurs rires et de leurs insultes reste suspendu au-dessus de moi. Je me tourne lentement, les jambes flageolantes, et commence à marcher. Chaque pas est un effort immense, chaque mouvement une lutte contre la honte et l'humiliation. Je veux juste trouver un endroit où je pourrais être seul, loin de ces regards et de ces jugements.

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1158 mots !

Encore un chapitre dur à lire et à écrire... Promis, le prochain chapitre est plus joyeux ! Enfin... je vais essayer hehe 

Bref ! n'hésitez pas à me faire par de vos théories pour la suite, de vos avis, et de vos conseils ! 

merci à Lio_st4r qui me poussent à écrire tout les jours <3

très belle journée à vous ! 

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Une dernière cigaretteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant