Nous sommes actuellement dans cette salle devenue salle de musique. Je suis assis sur le plancher tandis que William a pris place sur un tabouret, face à son piano. Je regarde chaque instrument et repère les outils de musculation entassés dans un coin. Puis je détaille à nouveau William. C'est vrai qu'il n'est pas musclé mais, après réflexion, ses doigts ne sont pas longs comme ceux des pianistes. Il n'a donc pas l'air d'un expérimenté dans ces deux pratiques. Je demande :
— Et vous jouez chacun de ces instruments ?
— Oh non ! il ricane. Non, moi je sais jouer de la guitare, de la flûte et de la batterie.
— C'est déjà pas mal, je souffle. A qui sont les autres ?
William balaye rapidement la pièce du regard et attrape un saxophone. Le blond en face de moi coince le sifflet entre ses lèvres et souffle dans l'instrument. Un bruit sourd en sort, mais William ne le pousse pas plus.
— Je ne sais pas encore jouer du saxophone, m'explique-t-il. J'apprends seul, sur des livres de musique. Même s'il s'avère que je n'ai aucun talent pour cet instrument, étant donné que je m'y exerce depuis deux ans et que je n'y arrive toujours pas, je ne perds pas espoir. Quant au piano...
Il repose le saxophone et reprend place sur son tabouret avant de poser ses doigts sur des touches de piano. Il les agite sans pour autant enfoncer les touches, ce qui ne provoque logiquement aucun son. J'hésite à lui parler du petit mot trouvé dans ma chambre, ou à prendre place à ses côtés pour réellement jouer. Mais je ne fais rien car je ne me sens pas encore à l'aise. Il brise finalement le silence :
— C'est maman qui m'apprend, quand elle a le temps, il me regarde en souriant. Vous, vous jouez de la musique à ce que j'ai pu comprendre... C'est même pour cela que je vous ai choisi, même si vous deviez vous en douter...
— Oh non, c'était une erreur de faire ça ! je ricane, un peu moqueur. Non, je n'ai aucun talent...
— Je suis certain que c'est faux. C'est évident que c'est faux puisque ce sont vos études.
William s'approche de moi puis s'assoit à côté de moi. Je sens enfin son parfum. Il sent bon la framboise. Je tourne la tête vers lui et cligne des yeux. Je peux deviner les détails de son visage d'ici. Il a des taches de rousseur sur ses pommettes roses. Elles étaient un détail charmant que je n'avais pas remarquées. Il attrape ma main devant mon regard étonné avant de l'inspecter.
— Vous avez des doigts de pianiste pourtant.
Je pouffe de rire et reprends ma main avant de me lever. Il me regarde faire en souriant et je m'approche du piano.
— Puis-je ? je demande.
— Je vous en prie, répond-il dans un hochement de tête.
William se met en tailleur au sol et me regarde avec intention. Je me penche sur le piano mais mes cheveux tombent devant mon front. Je soupire et retire un de mes bracelets pour me façonner un chignon rapide sur le haut de mon crâne. Mes cheveux sont tout de même trop courts pour ce genre de coiffure, je dois être ridicule. Le petit rire moqueur de William me confirme cette idée. Je ricane, pose mes doigts sur les touches en espérant ne pas me tromper. Je joue bien, certes, je suis même en niveau professionnel mais lorsque je joue devant une personne particulièrement, les fausses notes m'échappent.
Je commence à appuyer dessus tandis que mes dents attrapent ma lèvre inférieure, geste que je fais pour me concentrer. La musique commence à s'élever et franchement, ça passe. Je prends finalement le risque de jeter un regard à William. Erreur fatale qui me coûte une mauvaise note. Je grimace en ricanant et m'éloigne du piano en me tournant vers le fils Pekat.
— Je suis impressionné, lance-t-il d'un ton moqueur.
— Ne vous moquez pas de moi, je réplique. Vous ne savez pas en jouer du tout.
— J'ai des bases eh ! William se relève d'un air faussement agacé. Je sais jouer le début de... Mince, comment ça s'appelle ?
— Vous savez le jouer mais vous ne connaissez pas le nom ? je ricane. Chantez-moi ça.
— Euh... C'est avec l'histoire de tabac là.
Je hoche la tête d'un air amusé et m'assois au sol avant de désigner le tabouret. William se lève, prend place et commence à jouer. La petitesse de ses doigts se révèle problématique car il galère à toucher les touches éloignées. C'est assez mignon.
En vrai, l'air est reconnaissable mais je n'ose pas lui dire que les notes ne sont pas les bonnes. J'essaierai de lui donner des leçons de piano, on sait jamais, ça pourrait être utile. Puis je pense que ça peut aussi être agréable à faire.
Alors qu'on discutait un peu de musique, Henry m'appelle depuis le bas. J'avais oublié que j'étais là pour servir, et pas simplement comme invité, ou squatteur. Je laisse donc William et descends assez rapidement, oubliant complètement de lui parler du petit mot.
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The shadow in our eyes
عاطفيةAyden, 20 ans, n'a qu'un seul objectif dans la vie : rendre la justice. Sans diplôme de droit, une simple licence en musique, et juste une rage en lui qui le fait détester les injustices. Alors que son destin de criminel dans l'ombre et de musicien...