Chapitre 11 - mai 2027

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   William reprend son ascension dans l'escalier et mes yeux reprennent leur vue confortable. Ce jogging le met vraiment à son avantage. Nous entrons dans la salle de musique et je sors de ma contemplation. William tire un tabouret du fond de la pièce et le positionne à côté du second, au piano. Je regarde le résultat que donne cette mise en place et remarque que le tabouret ajouté est plus haut que le premier.


— Je vous conseille de prendre le plus haut, je souris.

— Pourquoi ? il me regarde.

— Vous êtes bien plus petit... Sans vouloir vous vexer.


   William ouvre la bouche et tape sur l'assise du tabouret comme s'il essayait, dans un geste désespéré, de le faire rapetiser. Faire ce genre de réflexion ne me ressemble pas mais je dois me rapprocher de lui, alors autant savoir maintenant s'il se laisse faire face à un homme ou non.


— Je ne suis pas si petit que ça, réplique le blondinet.

— Je mesure 1 mètre 87... je fais remarquer. Et vous... 50 centimètres de moins.

— Oh ! il souffle d'indignation. Je mesure plus d'un mètre 70.

— Non vous mentez, je rigole.


   Je le dévisage, certain qu'il me ment. Ce n'est même plus ma technique d'approche que j'exerce maintenant, je suis réellement convaincu qu'il est petit. William hausse une épaule et tire un rideau du mur. Une frise pour mesurer est accrochée au mur, avec des petits traits rouges et un âge qui correspond aux tailles. Mon cadet se colle dos au mur et pose sa tête contre la frise avant de souffler :


— Je vous en prie, venez constater.


   Je m'approche d'un air amusé et me penche pour prendre connaissance de sa taille. En essayant de repérer le nombre indiquant sa hauteur, je respire son parfum. Il sent si bon. Cette odeur m'enivre d'un coup. Il sent le fruit. La fraise, la pomme ou la framboise. Je me suis déjà dit que c'était framboise mais, à présent, je n'en suis plus certain.

   Je mordille ma lèvre et me penche un peu plus vers lui, perdant ainsi ma discrétion. Je ne sais pas s'il l'a remarqué, mais si c'est le cas, il ne fait aucune remarque dessus. Je respire un grand coup. J'avais raison, il sent la framboise, c'est bien ça. William toussote finalement et je prends conscience de mes actes. Je me redresse brusquement, gêné et me concentre enfin sur sa taille. Je louche sur les chiffres et découvre enfin. Je me mets alors à rire en me rendant compte du ridicule de ses propos.


— Pourquoi riez-vous ? me demande-t-il.

— Vous mesurez 1 mètre 71... Effectivement, plus de 70. Mais de peu.


   Il ouvre la bouche et se décolle du mur. Je suis trop occupé à rire pour m'en apercevoir et William se cogne doucement contre mon torse. Par simple réflexe, je pose ma main dans le bas de son dos pour l'empêcher de rebondir contre moi et de tomber en arrière, même si ce scénario ressemble à ceux des films dignes d'un petit budget et qu'il n'y a aucun risque pour que William tombe après s'être cogné si lentement à moi. Mais je l'immobilise tout de même ainsi contre moi, son parfum m'envahit à nouveau. Cette merde est adictive. J'arrête de rire soudainement, retrouvant mes esprits face à cette situation. Le blondinet lève la tête vers moi et je baisse les yeux vers lui.

The shadow in our eyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant