J'arrive devant le lycée mais je me fige. William est debout, sur le parvis en béton devant les grilles. Il n'y a personne à part ces deux types qui lui tournent autour. Il me fait penser à une proie prise en chasse. Je ne le vois que de dos mais je suis certain que son visage doit faire mal au cœur.
— Alors, sale homo, t'as encore le courage de venir travailler ? lance le premier, un noiraud rasé, maigre et musclé.
— T'as encore la force de bouger ton cul pour venir ? renchérit en riant le second, un roux grand et rond.
Je sens mon corps se figer en voyant simplement la nuque de William se découvrir. Il baisse la tête. Putain, non, regarde les ! Faut se défendre ! Le noiraud brise leur danse autour du blond et s'approche pour le pousser. William recule de quelques pas et j'entends sa voix, plus faible, dire :
— Laissez-moi juste partir...
— Si facilement ? le roux commence à rire. Non.
Ce dernier s'approche et lui saisit la nuque. Le plus petit le regarde faire avec un sourire amusé, je suppose que William doit les faire rire, il doit avoir une mine effrayée. Le roux force sur sa nuque et le fait tomber à genoux. Le gémissement de douleur du blond m'atteint profondément et je frémis. Je ne sais pas quoi faire.
— Angelo !
William essaye donc de les raisonner. Il préfère les mots. Et ce réflexe m'agace. Il pourrait tout aussi bien se lever et les frapper mais non, il se contente de supplier.
Angelo... Ce rouquin est donc le batard avec qui William était au téléphone et qu'il tentait de raisonner. Visiblement, ça n'a pas marché.
— Non, ne prononce pas mon prénom ! Il ne mérite pas de sortir de la bouche d'un gay !
Le premier coup tombe dans le ventre du blond. Il se penche en avant et dirige sa main devant lui comme pour s'appuyer au sol et reprendre son souffle mais cette fois c'est le noiraud qui s'approche. Il l'empêche de terminer ce geste en marchant sur ses doigts et, tout en gardant son pied dessus, lui relève la tête par les cheveux et lui crache au visage. Je remarque que les épaules de mon ami bougent, il pleure. Et je sens mon cœur se serrer lorsqu'il se prend une gifle à tour de rôle.
William est gay, c'est donc ça son secret. Mais plus encore, ces deux ordures le punissent d'être un peu différent. Mais je ne peux pas intervenir, je ne veux pas le faire. J'ai une autre idée.
— William regarde-moi bordel !
Tandis que le noiraud force sur ses cheveux pour le maintenir redressé, Angelo avance son bassin en avant, pliant son dos vers l'arrière et s'approche comme ça de William qui essaye de lutter. Le roux fait signe au deuxième mec qui retire son pied de la main de mon ami et le fait progresser à genoux jusqu'à ce que son visage soit au niveau du bassin de Angelo.
— Arrêtez ! Putain ça va pas ?!
Je sursaute en entendant la voix féminine criarde se lever de derrière moi. Une porte claque dans mon dos et très vite une femme aux cheveux roses passe en courant pour venir vers le trio. Angelo la toise un instant, méprisant, et s'éloigne de William.
— Lâchez ce garçon ! crie-t-elle.
Elle a fait ce que je voulais faire mais ce que je ne pouvais pas faire. Le noiraud recule visiblement à contre-coeur et libère mon ami qui se relève, chancelant. Je sens mon souffle se couper lorsque je le vois perdre l'équilibre et se faire aider par la rosée.
— Cassez-vous, ordonne-t-elle froidement.
— T'as pas froid aux yeux ma belle, rigole Angelo.
— Cassez-vous !
Cette fois elle crie. Les deux mecs soufflent et partent en se dirigeant dans ma direction et j'en profite pour faire de même. Déjà, je ne veux pas que William sache que j'étais là et que je n'ai rien fait. Ensuite, je ne veux pas que cette femme me prenne pour un enfoiré de spectateur. Et enfin, j'ai une chose à régler avec les deux connards.
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The shadow in our eyes
RomansaAyden, 20 ans, n'a qu'un seul objectif dans la vie : rendre la justice. Sans diplôme de droit, une simple licence en musique, et juste une rage en lui qui le fait détester les injustices. Alors que son destin de criminel dans l'ombre et de musicien...