Chapitre 11 - Le petit-déjeuner

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 La lumière la réveilla en sursaut. Elle cligna des yeux, regardant avec surprise la chambre dans laquelle elle se trouvait. Elle était bien trop grande pour qu'il s'agisse de son studio. Elle se redressa, confuse, et se frotta les yeux.

« Bonjour mademoiselle, la salua une voix féminine. Bien dormi ? »

Elle posa un regard mal réveillé sur la femme qui se tenait devant elle. Elle portait une tenue de domestique, mais sa robe était différente des autres. Alors que la plupart portaient des robes bleues, la sienne était couleur lilas.

« Je m'appelle Martha, se présenta-t-elle. Je suis la gouvernante de cette demeure. Monsieur James m'a envoyée vous réveiller. »

Liana resta silencieuse. Elle jeta un nouveau regard à travers la pièce, réalisant avec stupeur qu'elle était toujours dans son rêve. Martha ne lui laissa pas davantage le temps de réfléchir et insista :

« Si je puis me permettre mademoiselle, le petit-déjeuner sera bientôt servi. Nous avons tout juste le temps de vous habiller. »

Sur ses mots, elle fit signe à deux domestiques d'entrer. Liana sortit de son lit, légèrement inquiète à l'idée d'être habillée par quelqu'un. Martha lui avait préparé une tenue et la lui tendit. Liana se réfugia derrière le paravent et se changea rapidement, mal à l'aise.

La tenue préparée par Martha se composait d'une robe couleur pêche, au tissu doux. Le jupon était ample et fluide, accompagnant chaque mouvement de Liana. Martha ajouta un châle d'un blanc délicat pour parfaire la tenue et couvrir les bras de Liana, puis elle l'invita à s'installer devant la coiffeuse.

Cette expérience était toute nouvelle pour la jeune fille. C'était la première fois qu'on l'aidait à s'habiller, et sa gêne avait rapidement laissé place à de l'amusement et à un sentiment d'importance. Pour la première fois, elle avait l'impression de compter pour quelqu'un, et savoir que James l'attendait pour le petit-déjeuner suffisait à la rendre joyeuse.

Elle se laissa coiffer et ne put s'empêcher de complimenter Martha, qui avait réussi à discipliner sa longue chevelure brune en un chignon raffiné. La gouvernante parut sincèrement touchée par ses compliments. Elle maquilla légèrement le visage de Liana et la parfuma, puis elle lui fit signe de se dépêcher car « Monsieur James » l'attendait. Liana la remercia, jeta un dernier regard ravi au miroir et quitta la chambre, le cœur léger.

Elle se rendit dans la même salle où elle avait dîné la veille et y retrouva son futur époux, le nez plongé dans un journal. Lorsqu'il l'entendit arriver, il releva la tête et une brève étincelle illumina son regard. La jeune fille le remarqua et elle sentit son cœur s'accélérer. Mais la réserve du jeune homme reprit rapidement le dessus et il lui fit signe de s'installer. Elle ne put retenir une moue, déçue qu'il ne l'ait pas complimentée sur sa tenue. Son expression n'échappa pas à James, mais il ne dit rien.

« Bon appétit. » lui lança-t-elle d'un ton joyeux.

Ils déjeunèrent gaiement. Liana se sentait belle et heureuse, et son enthousiasme était contagieux, si bien que James souriait malgré lui. Néanmoins, son sourire s'évanouit aussitôt lorsqu'un domestique vint remettre un pli à Liana, dont James reconnut l'écriture.

« C'est de la part d'Alan, n'est-ce pas ? demanda-t-il pendant que sa fiancée lisait la lettre.

- Oui, il m'invite à prendre le thé dans les jardins à quinze heures.

- Vous irez ? »

Le ton de sa voix lui déchira le cœur. James la regardait, guettant sa réponse avec inquiétude. Liana répondit, mal à l'aise :

« Je peux difficilement refuser son invitation, il est votre frère. »

James contracta les mâchoires et reporta son attention sur son journal après un bref hochement de tête. Liana comprit qu'elle avait gaffé, et elle s'empressa d'ajouter :

« Pourquoi ne viendriez-vous pas avec nous ? »

À ces mots, il releva la tête et lui jeta un regard inquisiteur. Elle expliqua :

« Je suis votre future fiancée, même s'il s'agit de votre frère je ne voudrais pas faire naître des rumeurs en restant seule avec lui... »

Cette réponse parut le satisfaire. Il replia son journal et répondit d'un ton adouci :

« C'est entendu, je vous rejoindrai pour quinze heures. »

Liana s'accorda un sourire. Elle avait l'impression d'avoir remporté sa première manche ; éviter le triangle amoureux allait peut-être s'avérer plus simple que ce qu'elle pensait.

Pour quelques mots de plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant