Chapitre 2 - Le bal

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  Liana n'osait pas bouger. Personne ne semblait l'avoir remarquée. Les convives continuaient à danser et à bavarder comme si de rien n'était. Les femmes portaient de longues robes colorées et arboraient des coiffures sophistiquées, tandis que les hommes étaient vêtus de costumes sombres et élégants. Ils se mouvaient sur un sol aux dalles polies. D'imposants miroirs, des tableaux et de lourds chandeliers tapissaient les murs tandis que des lustres brillants comme des diamants pendaient au plafond. Sur les tables aux coins de la salle, des plats étaient élégamment disposés, au milieu de fleurs fraîchement coupées.

  La jeune fille cligna des yeux. Une fois. Deux fois. Mais la salle de bal et ses danseurs étaient toujours là. Elle passa alors la main dans son dos, cherchant derrière elle la poignée afin de pouvoir ressortir aussi discrètement qu'elle était entrée. Néanmoins, ses doigts ne rencontrèrent qu'une surface lisse.

  Elle se retourna et constata avec horreur qu'il ne s'agissait que d'un simple mur. La porte avait mystérieusement disparue, et avec elle toutes les chances de sortie. Liana sentit son cœur s'accélérer. Elle jeta un nouveau coup d'œil dans la salle où tout le monde continuait à l'ignorer et déglutit péniblement. Puis elle longea le mur en se faisant la plus petite possible et quitta la salle sur la pointe des pieds.

  Elle déboucha dans un imposant couloir, et se jeta derrière une colonne pour ne pas être vue par deux domestiques qui passèrent près d'elle, portant des lourds plateaux chargés de mets divers. Elle les suivit du regard jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans la salle de bal puis elle sortit de sa cachette, avant de se mettre à courir dans la direction opposée afin qu'il y ait le plus de distance possible entre la foule d'inconnus et elle. Elle traversa le couloir, bifurqua à droite, arriva dans un nouveau corridor et se sentit affreusement perdue.

  Des dizaines de portes se trouvaient autour d'elle, mais elle se doutait qu'elles ne menaient pas à la sortie. Elle entreprit de les ouvrir une par une pour s'en assurer, mais il ne s'agissait que de simples chambres ou de petits salons.

  Dans l'une des salles, elle trouva une tenue de domestique posée sur un lit. Elle hésita un instant, puis songea qu'elle passerait plus facilement inaperçue si elle troquait son jeans et son sweat à capuche pour une robe sobre. Elle se changea donc rapidement et ressortit de la chambre, vêtue d'une robe bleu nuit et d'un tablier blanc. Elle avait également attaché ses cheveux en un chignon serré, espérant ainsi se fondre dans le décor. Elle reprit ses recherches tout en tenant son sweat et son jeans sous son bras. Son cœur battait à tout rompre et ses mains tremblaient sous l'effet de l'adrénaline et de l'angoisse qui la tenaillait.

  Soudain, des éclats de voix résonnèrent derrière elle, et elle entendit des pas claquer sur le sol en marbre. Prise de panique, elle ouvrit la porte la plus proche et se glissa à l'intérieur. Elle se retrouva dans un bureau sobrement meublé et décoré avec goût. Elle posa ses vêtements sur une table basse et chercha des yeux une cachette, mais elle entendit les pas se rapprocher dangereusement. N'osant pas bouger de peur d'attirer l'attention, elle colla son oreille contre la porte, priant pour que les visiteurs n'entrent pas dans cette pièce.

  Heureusement, les pas s'éloignèrent. Elle entrouvrit la porte et vit deux silhouettes disparaître au bout du couloir. La jeune fille poussa un long soupir de soulagement. Elle remit de l'ordre dans sa tenue, reprit ses vêtements sous son bras et s'apprêta à quitter le bureau mais quelque chose attira son regard.

  C'était un coffret, posé sur le bureau au milieu de nombreux papiers divers. Elle s'en approcha avec prudence, et sentit un frisson parcourir son dos. Le coffret lui semblait étonnamment familier. Elle fit glisser ses doigts sur le couvercle en métal, puis releva le loquet. Le coffret s'ouvrit avec un léger déclic. À l'intérieur, Liana ne trouva que des lettres rédigées avec soin. Elle les parcourut rapidement, espérant en apprendre plus sur l'endroit où elle se trouvait. Elle vit défiler des noms qui lui étaient inconnus, et renonça rapidement à sa lecture.

  Elle promena ensuite son regard dans la pièce et devina qu'il s'agissait du bureau d'une personne importante. Elle fouilla les papiers, à la recherche d'un indice quelconque qui lui permettrait d'en savoir plus sur sa situation. Elle avait l'impression d'être dans un rêve, pourtant certains détails lui étaient familiers, comme par exemple l'étrange statuette en forme de hibou qui décorait le bureau.

  Absorbée dans ses recherches, elle n'entendit pas la porte s'ouvrir et sursauta en entendant une voix de femme lui demander d'un ton brutal :

  « Mais ! Que faites-vous ici ? »

Pour quelques mots de plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant