Chapitre 17 - La lettre

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Liana relut la lettre pour la cinquième fois. Elle l'avait subtilisée du coffret pendant que James avait le dos tourné. Elle n'avait eu aucune mauvaise intention en l'empruntant, elle voulait juste chercher à en savoir plus sur ce monde dans lequel elle se trouvait et à trouver un moyen d'en repartir.

Et ce qu'elle n'avait pas révélé à James, c'est qu'elle avait vu ce coffret ailleurs que dans la maison du père de l'héroïne : dans le bureau de sa grand-mère, des années plus tôt. Soit c'était un de ces deux coffrets qui s'y trouvait alors, soit il existait trois coffrets identiques.

Mais ce qui laissait la jeune fille encore plus perplexe était la lettre qu'elle tenait entre ses mains. C'était un message court, rédigée d'une main élégante à la plume et à l'encre noire, mais le destinataire intriguait Liana.

Chère Lady Baltimore...

Par un curieux hasard, c'était exactement le nom que portait la grand-mère de Liana, avant qu'elle ne se marie. Il s'agissait sans doute d'une pure coïncidence, mais il était étrange que ce soit justement cette lettre que Liana avait retirée du coffret, qui était lui-même empli de mystère.

La jeune fille fronça les sourcils. Elle avait été très surprise en lisant la lettre hier soir, et elle avait fini par s'endormir, écrasée de fatigue, sans pour autant la lâcher. Le papier était à présent froissé, mais Liana déchiffrait toujours :

Chère Lady Baltimore,

Merci infiniment pour votre présence au bal de printemps, hier soir. J'espère que vous et votre compagnon avez passé une agréable soirée. Notre majordome m'a dit que vous aviez apprécié les roses dorées de notre jardin d'hiver. Si vous le souhaitez, je vous en ferai porter quelques plants à votre propriété. Nous espérons vous revoir à notre réception, le mois prochain. D'ici là, je vous souhaite beaucoup de bonheur à tous les deux.

Votre dévouée,

Lady Catherine, Reine de Zéphyr


« Vous êtes réveillée mademoiselle ? »

Liana sursauta en entendant la gouvernante frapper à sa porte. Elle cacha la lettre sous son oreiller avant de s'écrier :

« Oui oui ! »

La gouvernante entra dans la pièce et fronça les sourcils en voyant le visage pâle de la jeune fille, puis ouvrit les rideaux d'un geste sec. Liana cligna des yeux, éblouie par la lumière. Cette fois-ci, la gouvernante lui avait préparé une robe d'un vert très pâle. Liana l'enfila puis se laissa coiffer en silence.

« James m'attend pour le petit-déjeuner ? demanda-t-elle comme pour se rassurer.

- Monsieur James est à son entraînement ce matin, il est déjà parti depuis un moment. »

Liana sentit la déception monter en elle. La gouvernante le remarqua, et s'empressa d'ajouter :

« Il sera de retour pour midi, mademoiselle, ne vous inquiétez pas. »

Un sourire soulagé se dessina sur les lèvres de la jeune fille. Cependant, il n'y eu pas plus de James au déjeuner qu'au petit-déjeuner. Après avoir appris que son futur fiancé était retenu ailleurs pour traiter les affaires du royaume, Liana avait mangé seule puis s'était réfugiée dans la bibliothèque du premier étage. Elle s'était rendue dans la section botanique et avait feuilleté plusieurs ouvrages sur les fleurs dont elle essayait tant de retenir les noms, mais l'ennui s'était rapidement fait sentir. Contrairement à ce qu'elle pensait, elle s'aperçut que James lui manquait.

Ce constat la surprit. Il s'était montré plutôt froid avec elle, et même parfois blessant. Mais sous son masque impassible, elle l'avait surpris à sourire avec sincérité à plusieurs moments. Au fond, c'était ce qui l'intriguait : elle sentait qu'il se forçait à être froid et distant avec elle, mais elle en ignorait la raison.

Que cache-t-il ?

James était l'exact opposé d'Alan, en qui Liana parvenait à lire comme dans un livre ouvert. Les pensées de la jeune femme dérivèrent vers ses personnages et elle referma son ouvrage en soupirant, constatant qu'elle ne parvenait pas à se concentrer suffisamment pour le lire.

Elle se leva, puis se dirigea vers un autre pan de la bibliothèque où elle trouva des récits d'aventure. Sa curiosité fut immédiatement piquée. Elle s'empara d'un d'entre eux, puis alla s'asseoir à une table avant de se plonger dans sa lecture.

Pour quelques mots de plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant