Liana resta figée sur place. Devant elle se tenait une domestique qui l'observait d'un regard noir. La surprise et la colère se lisaient sur son visage. Elle répéta sa question d'une voix impatiente. Liana ne sut que répondre et se contenta de bredouiller des excuses. La domestique coupa court à ses paroles et l'attrapa par le bras d'un geste ferme.
« Vous n'avez rien à faire ici. Vous devriez être en bas avec les autres ! »
Son ton sonnait comme un reproche, pourtant même si son attitude était sévère, Liana ne ressentait pas d'animosité émanant d'elle. Elle tenait le bras de la jeune fille à la fois avec fermeté et douceur. Liana en fut très surprise, persuadée qu'elle serait punie pour son imprudence. Pourtant, la domestique semblait lui reprocher autre chose. Elle demanda prudemment :
« Pourquoi dois-je aller en bas avec les autres ? »
La domestique lui jeta un regard scandalisé et Liana se mordit aussitôt la lèvre, réalisant qu'elle n'avait pas posé la bonne question.
« Vous n'étiez pas présente lors de la remise des consignes ce matin ? » l'interrogea la domestique d'un ton sévère.
Perdue, Liana se contenta de secouer la tête en silence. Son acolyte lâcha un soupir impatient et expliqua :
« Le prince de Zéphyr vient nous rendre visite aujourd'hui, pour préparer ses fiançailles avec mademoiselle. »
À ces mots, Liana sentit son cœur accélérer et fronça les sourcils.
Non, c'est impossible...
Elle aurait voulu poser davantage de questions mais le ton sec de la domestique l'en dissuada. Elle avait bien trop peur d'attirer ses soupçons et se résolut donc à garder le silence. Les deux femmes traversèrent plusieurs corridors et descendirent quelques escaliers avant d'arriver dans le hall d'entrée. Tous les domestiques s'étaient réunis et formaient une haie d'honneur de chaque côté de l'escalier principal. La femme fit signe à Liana de les rejoindre, et cette dernière s'installa parmi les autres, complètement dépassée par la situation.
Elle était mal à l'aise, et elle sentait la peur lui tordre le ventre. Heureusement, elle portait la même tenue et une coiffure semblable à celle de ses congénères, ce qui lui permettait de se fondre dans la masse. Elle jeta un regard en coin à la jeune femme située près d'elle, et adopta une attitude semblable à la sienne : mains croisées et regard baissée en signe d'humilité. Ainsi, elle ne devrait pas attirer l'attention, du moins elle l'espérait.
De l'agitation se fit entendre à l'entrée, et une voix forte annonça :
« Le prince de Zéphyr. »
Aussitôt, tous les domestiques inclinèrent la tête tandis que trois personnes faisaient leur entrée dans le hall. Du coin de l'œil, Liana dévisagea les nouveaux venus.
Il s'agissait de trois hommes élégamment vêtus. Ils se démarquaient nettement des autres convives qu'elle avait aperçus dans la salle de bal par leur prestance et leur allure altière. L'homme qui se trouvait à gauche et celui au milieu semblaient plutôt jeunes, tandis que celui à droite était plus âgé. On aurait dit un père avec ses deux fils. Leur attitude et leurs tenues trahissaient leur richesse et leur pouvoir. Liana devina facilement qu'il s'agissait de personnalités importantes, et se demanda lequel était le prince en question.
Elle réalisa rapidement qu'il s'agissait de l'homme au centre du groupe, qui était plus grand que les deux autres. Ses yeux noirs comme l'ébène étaient terriblement intimidants, mais il possédait un charisme renversant. Liana eut beaucoup de mal à détourner le regard tant elle était hypnotisée par sa beauté.
Soudain, un homme rond et de petite taille apparut en haut de l'escalier et descendit à la rencontre des invités. Il se frottait les mains et enchaînait les révérences, se montrant le plus affable possible. Sa tenue était toute aussi élégante que celle de ses invités.
« Soyez les bienvenus messieurs, ma fille ne va pas tarder à arriver. »
Liana devina qu'il s'agissait du propriétaire des lieux, dont la fille allait se fiancer avec le prince au regard insondable. Cependant, le père semblait mal à l'aise, et les invités attendaient l'arrivée de la mystérieuse prétendante, qui n'était visible nulle part. Les minutes s'écoulèrent dans une ambiance qui se faisait de plus en plus pesante.
Les domestiques gardaient une attitude réservée, et le père faisait de son mieux pour meubler la conversation, mais un sentiment de gêne emplissait la pièce, et le prince semblait perdre patience. Il coupa court au discours du père et demanda d'une voix sèche :
« Où est votre fille ? »
La sueur perlait sur le front du père, qui bafouilla quelques mots avant de jeter un regard désespéré aux domestiques, espérant qu'ils pourraient le renseigner. Soudain, son visage se figea et il murmura avec stupeur :
« Mais, ma fille ! Tu étais là ? »
Liana sursauta et un frisson glacé parcourut son échine lorsque tous les regards se tournèrent vers elle. Sa gorge devint affreusement sèche. Ne sachant que répondre, elle se força à sourire et à s'excuser d'une toute petite voix en affichant un air contrit :
« Désolée... père... »
Le regard noir que lui jeta le prince lui fit l'effet d'un coup de couteau.
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Pour quelques mots de plus
Fantasia"Nous deux, ce n'était pas écrit..." Après un nouvel échec lors d'un concours d'écriture, Liana, folle de rage, brise le stylo avec lequel elle a écrit son roman. Mais ce geste irréfléchi a de lourdes conséquences : elle se retrouve emportée à l'int...