Chapitre 7

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En arrivant au camp, tout le monde leur jeta des regards inquisiteurs. Ils étaient partis pendant 24 h sans dire à qui que ce soit où ils allaient, et ils revenaient rayonnant et le sourire aux lèvres. Ils avaient tous deux quelque chose de changé.

« Se seraient-ils mariés ? », demanda Maitre Pelli à personne en particulier, en voyant la robe blanche d'Idi et son sourire radieux.

Louis qui était à ses côtés, répondit :

« Ils n'auraient pas fait ça sans nous tout de même, nan ? »

Louis devait admettre qu'il aurait été peu vexé si deux des personnes les plus importantes de sa vie l'excluaient d'un moment si important.

« Et pourquoi maintenant ? », ajouta Louis.

Il n'avait pas tort. Boss et Idi étaient ensemble depuis toujours, pourquoi auraient-ils attendu si longtemps avant de se marier ? Et, pourquoi maintenant ? Non, ce n'était pas ça. Quelque chose d'autre avait changé entre eux et cela n'avait rien avoir avec les liens matrimoniaux. Tout le monde mourait d'envie de savoir et donnait leur hypothèse sur la nature de leur courte disparition, mais personne n'osa leur poser la question. Boss n'était pas du genre à répondre de ses actions, après tout, comme son nom l'indiquait, c'était lui le boss et il n'avait de compte à rendre à personne. Ainsi, tout le monde retourna à ses occupations habituelles tout en chuchotant à droite et à gauche ce que Boss et Idi avaient bien pu faire et où ils avaient bien pu aller.

Idi et Boss pouvaient sentir l'agitation soudaine autour d'eux. Boss en particulier semblait redécouvrir le cirque et ses habitants. Il pouvait ressentir les émotions flotter autour de lui, tels des nuages de fumés. Il était encore incapable de les associer aux personnes qui l'entouraient, mais il pouvait entendre le bourdonnement des nombreuses questions que tout le monde se posait. Un soudain mal de tête lui transperça les temps. Il grogna sous la douleur. Tout ça était trop pour lui. Instinctivement, il porta la main à son front et sans qu'il ait eu besoin de dire quoi que ce soit, Idi le guida vers leur roulotte. Idi avait insisté pour qu'ils installent leur caravane à l'extérieur du cirque, éloignée des autres. Il n'avait pas compris pourquoi au début, mais maintenant, il comprenait. Plus il s'éloignait de la foule du cirque, plus son mal de tête diminuait. Arrivé devant la roulotte, le bourdonnement incessant s'était arrêté et il pouvait de nouveau réfléchir.

« Tu t'y habitueras vite », lui dit Idi.

Ce qu'il ressentait ne devait être rien comparé à ce qu'elle devait endurer en permanence, et pourtant il avait du mal à imaginer qu'il pourrait jamais s'habituer à ce flot incessant de sensations et de bruit. Tout autour de lui vibrait et résonnait en un écho insupportable.

Idi monta les trois marches de la roulotte avant de s'arrêter pour l'embrasser. Immédiatement, tout devint silencieux. Il soupira de soulagement. Satisfaite d'elle, elle le tira vers l'intérieur, impatiente. Il eut à peine le temps de fermer la porte derrière lui, qu'Idi se jeta sur lui. Son dos heurta violemment la porte, et il rit avant de lui rendre son baisé passionné. Il la porta dans ses bras comme si elle n'était pas plus lourde qu'une plume. Il la soulevait avec une facilité déconcertante. 

Elle l'embrassa avec fougue et son sang s'échauffa immédiatement. Il pouvait sentir sa poitrine parfaite sur son torse et ne rêvait que de lui arracher sa robe pour pouvoir caresser chaque centimètre carré de ce corps qui était à lui pour toujours. Il la posa sur le lit avec impatiente. Elle se tortilla pour enlever sa robe avant de la jeter au sol. Il fit de même et se débarrassa également de ses vêtements avant de venir la rejoindre, impatient de la sentir sous lui. Tout était différent. Sa peau, auparavant gelée et dure, était maintenant chaude et douce. Chacun de ses frémissements résonnait dans tout son corps. La sensation était incroyable. Il redoubla d'ardeur et Idi se mit à gémir comme jamais auparavant. Son contact était aussi différent pour elle. Rapidement, ils ne firent plus qu'un et le monde s'arrêta autour d'eux. 

L'aube commençait à pointer et malgré leur voyage de la veille, sa mort, sa renaissance, et les heures passées enfermées dans leur roulotte, Boss n'arrivait toujours pas à dormir. Il se sentait un nouvel homme, plein d'énergie. Chose qu'Idi appréciait énormément. Elle était blottie contre lui, profondément endormie, une jambe enroulée autour de lui. Il ne s'était jamais senti autant en paix et satisfait, et pourtant, il n'avait pas fermé l'œil de la nuit. 

Son esprit tournait à trois mille à l'heure, ressassant chaque instant de sa vie. Depuis sa mère qui l'avait abandonné alors qu'il parlait à peine, à la première fois qu'il se battit pour survivre, et aux nombreux combats que sa famille d'adoption le forcèrent à endurer alors qu'il n'était encore qu'un enfant. Il repensait au moment où il en avait eu assez et avait décidé de s'enfuir, malgré la peur d'être retrouvés par ses tortionnaires. 

Malgré sa promesse de ne jamais plus se battre, c'est exactement pour cela qu'il fut accueilli au cirque Rossolini. Il avait un talent naturel pour le combat et il était devenu un champion à un très jeune âge, mais contrairement à son ancienne famille, le vieux Jonny Rossolini, ne l'avait jamais traité comme un chien enragé. Il lui avait appris que le combat était un art et un sport, que seuls quelques hommes pouvaient exercer. Il s'était entrainé tous les jours, du levé jusqu'au couché du soleil, et il se couchait en gardant les lessons de Jonny Rossolini à l'esprit. Que penserait-il de lui en le voyant maintenant ? Plus puissant que jamais et avec tout ce qu'il avait jamais désiré. 

En regardant Idi dormir dans ses bras, il se remémora la première fois qu'il l'avait vu arriver au cirque. Il était au milieu d'un combat avec le champion local, et il avait bien faillie se faire mettre K.O. quand il vit Idi passer à côté du ring. Sa démarche sensuelle et le sourire amusé qu'elle lui jeta l'avait distrait, permettant à son adversaire de lui coller une droite à lui déloger une molaire. Il aurait perdu le match s'il n'avait pas eu la tête aussi dur. 

Ce moment d'inattention lui avait valu les remontrances du vieux Jonny qui avait toujours beaucoup en jeux dans chacun de ses combats. Boss rapportait gros au cirque et même s'il ne voyait jamais la couleur de l'argent qu'on récoltait sur son dos, il s'en fichait, bien trop content d'avoir, pour la première fois, un foyer et une famille. Son rôle était de faire le show en prolongeant les combats le plus longtemps possible pour finir sur une victoire violente. Plus il faisait monter l'anticipation de sa défaite, plus ils amassaient d'argent. 

Ce soir en revanche, il ne fit pas comme d'habitude. Il s'était dépêché de terminer le match, mettant son adversaire hors d'état de nuire en seulement deux coups, et sous les cris d'exclamation de la foule, il s'était rapidement éclipsé. Il ignora les cris indignés du vieux Jonny pour partir à la suite de la jeune femme. Il n'avait pas pris le temps d'essuyer ni le sang, ni la sueur sur son visage. Il la chercha dans tout le cirque, mais elle était introuvable parmi la foule. Paniqué, il était allé dans les quartiers des artistes. Aucun spectateur n'était autorisé à s'y aventurer, mais qu'elle que chose lui disait que leurs règles et interdictions ne s'appliquaient pas à cette mystérieuse beauté. Il n'avait pas eu tort. Il la trouva devant la cage des lions. Il poussa un cri de terreur quand elle mit la main dans la cage du lion, invitant la bête féroce à s'avancer vers elle.


Le Cirque RossoliniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant