Traque Ardente - T3 (Terminée)

Chapitre 15

Chapitre 15

— Putain... Pourquoi est-ce qu'il ne répond pas cet imbécile ?!

— Qui ça ? demandai-je à la rousse affalée dans le hamac.

— Le crétin qui te sert de parrain ! Ça fait trois fois que j'essaie de le joindre mais il ne décroche pas ! Tu sais s'il vient ce week-end ? Il t'a dit quelque chose ?

Je manque d'avaler mon soda de travers en repensant à ce qui s'est passé la dernière fois que je suis allée lui rendre visite. D'habitude, Sam décroche dans la seconde à Emy, à moins qu'il ne soit vraiment occupé. Ces trois appels manqués me laissent un goût amer.

— Je... O... Oui, oui ! Il vient ce week-end, il m'a appelé pour me le dire.

— T'as de la chance, au moins il te parle à toi...

Je l'observe un instant, bien assise dans mon énorme coussin par terre, après cette éprouvant journée de cours. Ma marraine abandonne son téléphone d'un geste las. Son visage est marqué de contrariété et de déception. Face à cette vision affligeante – et sans m'en rendre compte – ma bouche se met à débiter toute seule cette chose que je m'étais promise de ne pas lui balancer. Mais c'est plus fort que moi...

— Il parle à une femme...

— Quoi ?!

J'ai presque cru qu'elle allait tomber de son perchoir, tant elle s'est redressée rapidement. Elle parvient à retrouver son équilibre sur la toile ballante, avant de me dévisager avec de gros yeux. Je me renferme sur place, j'essaie même de disparaître de là, mais ça ne fonctionne pas. Elle insiste.

— Qu'est-ce que tu as dit ?

— Rien...

— Adams !

À contre cœur, je réitère ce que j'ai lâché il y a quelques secondes sous son regard assassin et persuasif en lui parlant de cette Cassie. Elle ne me répond rien. Sa déception s'agrandit, au même titre que ma culpabilité. Son regard devient triste, mais pour ne pas m'accabler, elle me sourit tendrement.

— Emy...

Je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine. Bon sang, je vais frapper mon parrain...

— Ça va, c'est rien. Et si on allait faire les magasins ? tente d'elle de détourner la conversation.

Ma marraine retrouve un semblant de bonne humeur, mais je sais que ce n'est qu'une façade. Ma poitrine se comprime encore plus en sachant que je devais refuser. J'ai déjà repoussé ma répète hier, si je la repousse encore, Carson va me massacrer. Déjà qu'il est bien obstiné à vouloir m'emmerder depuis le début de l'année...

— Je dois aller m'entraîner...

— On ira ce week-end alors. Allez, file !

Je suis incapable de bouger de là. Je continue de l'observer avec compassion. Je commence à regretter mes paroles en voyant son état. Mais au même moment, mon parrain la rappelle. Je déglutis en redoutant sa réaction. Je peux voir son regard devenir aussi noir que meurtrier, et son ton devenir cinglant lorsqu'elle décroche en mettant le hautparleur.

— Ouais.

— Désolé mon lapin, j'étais sur le terrain ! lance-t-il gaillardement. Je viens de sortir du taff, qu'est-ce qui a ?

Cette fois, je me flagelle mentalement. Putain mais quelle idiote je suis ! Il était simplement au travail, et moi qui pensait qu'il traînait avec cette Cassie... Encore une fois, tu viens de louper une occasion pour la fermer, Jane !