Chapitre 45
— T'as de la visite, lève-toi.
J'observe le gardien debout à l'entrée de ma cellule. Pour la première fois, je rechigne à honorer ma visite. Pas étonnant quand on voit dans quel état je suis... Je redoute de savoir qui je vais trouver derrière la vitre, le pire serait de voir mes parents, et qu'eux me voient ainsi. Les bleus ont pris de l'ampleur depuis la veille, mon coquard s'étend sur tout mon œil et ma lèvre a eu le temps de légèrement gonfler durant la nuit. Sans compter mon air fatigué dû à la douleur qui m'a tenue éveillée jusqu'au petit matin.
Je me résous à me lever malgré tout. Je traîne des pieds jusqu'au parloir bondé de détenues et de visiteurs. Je marque quelques secondes d'arrêt à l'entrée, hésitante, je pense même à faire demi-tour. Mais après réflexion, j'esquisse quelques pas vers le box que l'on m'a désigné. De loin, je peux apercevoir mes parents, ils discutent entre eux en attendant ma venue. Je me fige, le cœur battant à tout rompre, je déglutis. Ils sont là tous les deux, et je n'ai pas le courage de leur infliger cette vision. Du moins, pas à mon père.
Je fais demi-tour, sans même qu'ils ne me voient. Le gardien me regarde faire marche arrière, surpris et confus. Heureusement, aujourd'hui ce n'est pas Cox qui supervise le parloir.
— Où est-ce que tu vas détenue ? m'interpelle-t-il en m'attrapant le bras.
— Dites-leurs que je ne veux pas les voir. S'il vous plaît...
Les tremblements dans ma voix me trahissent. Sans poser de questions, l'officier s'exécute et se dirige vers mes parents. J'observe la scène de loin, près de la sortie. Les larmes commencent à m'envahir. Je suis certaine qu'ils protestent. Seulement, j'ai eu le temps de voir ma mère se lever et me chercher du regard. Honteuse, je tourne la tête pour ne pas avoir à l'affronter alors que mes larmes redoublent.
Anna
— Mademoiselle Adams ne souhaite pas vous voir aujourd'hui.
Surprise et sans voix, je dévisage ce gardien qui se trouve derrière la vitre à la place de notre fille. J'ai du mal à imprégner ses paroles contrairement à Tyler qui fulmine à côté de moi et qui a parfaitement eu le temps de traiter l'information.
— Comment ça elle ne veut pas nous voir ?! C'est quoi encore ces conneries putain ?!
Je ne comprends pas, ça ne ressemble pas à Jane. Je commence à m'inquiéter, il doit forcément il y avoir quelque chose pour qu'elle refuse notre visite. Toujours en ignorant son père et le garde contre qui il s'acharne, je la cherche du regard. Je suis certaine qu'elle est là, quelque part, je sens sa présence dans la pièce. Une mère sent ce genre de truc, elle sait aussi quand quelque chose ne va pas avant même de découvrir quoi. C'est instinctif, viscéral... J'ai eu du mal à m'y habituer au début, lorsqu'elle était encore enfant. Mais aujourd'hui j'ai appris à écouter ce sixième sens.
Je l'aperçois enfin, au loin, près de l'entrée. Elle observe la scène, et ce que je crus voir vient de me retourner l'estomac de manière quasiment instantanée. Maintenant, je comprends mieux. Je fais très vite le lien dans ma tête, tout en observant Tyler toujours en train de s'emporter contre le gardien.
— Chéri... Laisse-moi la voir seule, l'interromps-je.
Il repose son attention sur moi. Ma demande le laisse perplexe, il cligne plusieurs fois des yeux avant de serrer la mâchoire.
— Alors c'est moi le problème ?
Je peux sentir l'irritabilité et l'amertume dans sa voix. Toute cette situation nous pousse à bout, et la moindre contrariété peut nous faire vriller. Dont celle-là. Je ne relève pas sa touche de rancœur à mon égard dans ses paroles. Je prends sur moi. Pour Jane, et parce que je n'ai pas envie de me disputer avec lui. Pas maintenant alors qu'on doit rester les plus solides possible.
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Traque Ardente - T3 (Terminée)
Romance|Dark Romance| Vous connaissez l'effet papillon ? Ce murmure de la nature, cette élégie dans le vaste poème de l'univers. Imaginez un papillon fragile, à peine né, déployant délicatement ses ailes diaphanes sous le soleil doré d'un matin paisible...