Chapitre 49

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Chapitre 49

« To Build A Home » - The Cinematic Orchestra ft. Patrick Watson (pour l'ensemble du chapitre)

Mes derniers pas jusqu'à cette fameuse salle sont les plus éprouvants. Mon cœur bat la chamade sous ma poitrine. Debout devant cette porte que je reluque avec appréhension, je commence à prendre conscience de ma fin plus qu'imminente.

Je m'arrête à nouveau, le temps d'accepter. Le gardien ne parle plus, par respect. Il me suit pour les formalités, mais contrairement à ce qu'on pourrait croire, sa présence me réconforte quelque peu. Je ne me voyais pas rendre le souffle toute seule de la sorte.

— Quel est votre nom ? demandai-je en brisant le silence.

— Marquez. Julian Marquez, prononcé à l'espagnol, ironise-t-il.

Un rictus étire un coin de ma bouche, celui-ci, je ne l'ai pas forcé.

— Restez comme vous êtes alors, Julian, dis-je en respectant la prononciation. J'aurai aimé connaître plus de gardiens comme vous à Bedford Hills.

Je sens que mes derniers mots l'émeuvent. Son sourire reconnaissant accompagne le signe de tête qu'il m'offre en guise d'acquiescement. Il est sans doute la dernière personne que je risque de voir, en dehors de celui qui va procéder à mon exécution ; je suis sincèrement contente que ce soit un homme bien, et pas une pourriture dans le genre Cox.

Une fois de plus, je peux entendre mon rythme cardiaque résonner jusque dans ma tête.

Boum-boum.

Boum-boum.

Boum-boum.

Le temps semble suspendu. La porte s'ouvre. Je découvre en face de moi, l'homme chargé de procéder à mon exécution, ainsi qu'une table spécialement prévue à cette occasion. Je passe le seuil. Étrangement, je ne suis pas angoissée. J'ai dû m'y faire à l'idée, je crois. Je me raccroche à cette vision pour me donner la force d'avancer, ce dernier élan de courage pour ce dernier saut.

Le bourreau m'observe en train de m'avancer. Il me demande mon prénom pour confirmer mon identité. Focalisée sur lui, je le rejoins près de la table, mais tout cela était sans compter sur des bruits sourds venus nous interrompre. En tournant ma tête vers la provenance du son, j'ai pu constater la présence d'une vitre, derrière laquelle se trouvaient... mes parents.

Je perds soudain mes moyens, à aucun moment je ne m'attendais à ce qu'ils soient là et assistent à ça. Je me retrouve bouleversée, déboussolée, leurs regards effarés posés sur moi me déchirent en mille morceaux. Les larmes reviennent, je m'étais pourtant promis de ne pas pleurer le moment venu, mais ça, c'était avant cet imprévu. Ma détresse est telle que je n'arrive presque plus à respirer à cause des sanglots qui m'étranglent.

Le garde et le bourreau finissent par m'installer sur cette table inclinée à l'horizontale. Je me retrouve à moitié couchée, à moitié debout. Marquez me retire les menottes pour les remplacer par des sangles. Mes bras sont étendus de part et d'autre sur cette table, mes jambes également. Je n'ai dorénavant plus aucune possibilité de mouvement si ce n'est la tête. Malgré mon immobilité d'apparence, mon corps tout entier tremble à cause de mes sanglots étouffés. Je voulais éviter le regard de ceux qui m'ont mis au monde, mais il m'est impossible de les ignorer.

Ma mère est abattue, tellement qu'elle n'a plus la force de protester. Elle pleure, autant que moi. Mon père aussi, mais lui contrairement à elle, trouve le moyen de frapper dans tout ce qu'il trouve, sans doute avec l'espoir d'abattre la cloison qui nous sépare. Celui en charge de mon exécution prépare une seringue contenant la solution létale, il ne leur prête aucune attention. Il la remplit, retire l'air à l'intérieur, puis la repose le temps de m'installer le garrot.

Traque Ardente - T3 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant